TABASKI 2023 : Les Burkinabè à l’épreuve de la crise sécuritaire et de la vie chère
Le 28 juin 2023, les fidèles musulmans du Burkina célèbrent la fête de l’Aïd el Kébir. Une fête qui se tient dans un contexte particulier, comme depuis bientôt huit ans au pays des Hommes intègres entré dans l’œil du cyclone des terroristes. Un contexte pour le moins difficile, qui a vu se greffer à la crise sécuritaire, une crise humanitaire sans précédent, avec son lot de déplacés internes qui n’auront certainement pas l’esprit à la fête. Comme tous ces Burkinabè vivant dans des zones à forts défis sécuritaires où les populations continuent de subir la pression des forces du mal en manquant parfois presque de tout. Quant aux autres, qui ont la chance de vivre dans des localités peu ou prou plus sécurisées, la morosité économique n’est pas loin de doucher les envies festives de bien des citoyens pour qui le prix du mouton reste encore largement prohibitif ; tant il coûte par endroits les yeux de la tête. Et c’est peu dire qu’en raison de la loi de l’offre et de la demande, la rareté de l’ovin en raison de la crise sécuritaire, risque d’en rajouter à son prix déjà rédhibitoire qui a toujours fait l’objet de négociations serrées entre vendeurs et acheteurs.
Une fois de plus, la paix sera au cœur des prières des Burkinabè
Et la Tabaski 2023 ne déroge pas à la règle. Toujours est-il que ceux qui ne pourront pas s’offrir le précieux animal, pourront toujours trouver dans le poisson ou les gallinacés, des alternatives beaucoup plus à la portée de leur bourse pour donner de la couleur à cette fête du sacrifice du mouton. Mais au-delà de l’acquisition de la bête sacrificielle, il y a des raisons de croire que ce contexte difficile qui appelle à la résilience des populations, n’entamera en rien la ferveur religieuse des Burkinabè à l’occasion de la célébration de la plus grande fête musulmane qui voit, bon an mal an, des milliers de fidèles musulmans converger le jour-J, vers les lieux de prière. Et comme il est de coutume au Burkina Faso depuis quelques années, nul doute que les autres confessions religieuses ne manqueront pas de témoigner de leur solidarité dans la prière et dans la foi, en marquant de leur présence, leur soutien à la communauté musulmane dans la commémoration du sacrifice d’Abraham. Un exemple de tolérance religieuse qui dure maintenant depuis quelques années et qui, au-delà de la symbolique, est symptomatique de cette volonté des Burkinabè de renforcer la cohésion sociale, surtout en ces moments particuliers où au-delà des exactions contre les populations, l’ennemi tente, par tous les moyens, de semer la zizanie et de créer des tensions communautaires là où il a échoué à opposer les religions les unes aux autres. Toute chose qui contribue à mettre à rude épreuve le vivre-ensemble des populations. C’est dire si une fois de plus, la paix sera au cœur des prières des Burkinabè qui sont durement éprouvés par huit ans de crise sécuritaire et qui subissent aussi les contre-coups de la guerre en Ukraine.
A défaut de faire dans la sobriété, il importe de rester mesuré de sorte à ce que le festif ne prenne pas le pas sur le spirituel
Un conflit aux conséquences incalculables et qui a rendu la vie encore plus chère par l’inflation des prix de produits de première nécessité, au moment où le pouvoir d’achat des populations ne cesse de baisser drastiquement. Autant de faits qui portent à croire que la Tabaski 2023 ne sera pas particulièrement festive au Burkina Faso où au-delà des prières, les populations sont aussi appelées à la solidarité avec les couches les plus vulnérables parmi lesquelles se comptent les déplacés internes. Nul doute que les Burkinabè sauront, comme de coutume, laisser parler leur cœur dans cet élan de partage qui caractérise les fêtes religieuses sous nos cieux, en espérant voir s’éclairer l’horizon d’une situation sécuritaire qui reste largement encore un gros défi pour le pays. Ce sera aussi l’occasion de prier pour les Forces de défense et de sécurité (FDS) et leurs supplétifs que sont les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) engagés dans un combat sans merci contre les forces du mal. Mais il faudra aussi redoubler de vigilance contre les délinquants et autres malfrats qui n’ont pas de scrupules à faire des malheureux et qui ne manquent jamais ce genre d’occasions pour faire parler d’eux. En tout état de cause, tout le mal qu’on souhaite aux Burkinabè en général et aux fidèles musulmans en particulier, c’est de passer une bonne fête de Tabaski. Et à défaut de faire dans la sobriété, il importe de rester mesuré de sorte à ce que le festif ne prenne pas le pas sur le spirituel. C’est aussi cela l’une des valeurs de la foi.
« Le Pays »