TABASKI 2024 SUR FOND DE MOROSITE ECONOMIQUE AU BURKINA FASO : La solidarité à l’épreuve de la galère
Le 16 juin prochain, les Burkinabè célèbrent l’Aïd el Kébir ou Tabaski encore appelée « fête du mouton ». Et ce, en commémoration du sacrifice d’Abraham qui n’a pas refusé à Dieu, son fils qu’il s’apprêtait à immoler quand il fut arrêté dans son geste par l’ange qui lui offrit un bélier à sacrifier à la place de l’enfant. Sur le plan religieux, la fête de l’Aïd el Kébir est donc une célébration majeure en ce qu’elle est un moment fort de la foi musulmane. C’est aussi un acte de foi qui exprime la soumission à Dieu et dont s’apprêtent à renouveler le serment, les fidèles musulmans du Burkina qui ne manqueront pas de doléances au Créateur. Et dans ce contexte de crise sécuritaire que traverse le pays des Hommes intègres depuis bientôt une décennie, nul doute que l’essentiel des prières des Burkinabè porteront sur le retour de la paix au Faso. C’est donc une foule des grands jours qui affluera sans surprise vers les différents lieux de prière à travers tout le pays. Autant dire que comme chaque année, c’est dans la ferveur religieuse que sera célébrée cette fête de la Tabaski au Burkina Faso.
La nécessité de penser à des mesures d’accompagnement
Une ferveur religieuse qui verra, comme cela se passe depuis quelques années maintenant, des croyants d’autres confessions religieuses se joindre aux fidèles musulmans pour louer Allah dans un esprit qui veut aller au-delà de la simple tolérance religieuse pour embrasser le caractère d’un dialogue interreligieux. Et cela est d’autant plus à encourager qu’au-delà de la religion, c’est un acte qui participe au renforcement de la cohésion sociale dont les Burkinabè ont tant besoin. Et ce dans un contexte où le vivre-ensemble est mis à rude épreuve par les assauts répétés des forces du mal qui ne manquent pas d’ingéniosité dans la perfidie pour essayer de dresser les Burkinabè les uns contre les autres. Cela dit, comme toutes les fêtes religieuses, cette Tabaski 2024 ne sera pas que prières. Elle se veut aussi un moment par excellence de solidarité et de partage qui verra la fête se poursuivre dans les familles. Et si l’envie de partager n’a jamais manqué chez les Burkinabè qui prennent plaisir à accueillir de nombreux invités en pareilles circonstances, cette année, la fête intervient dans un contexte de morosité économique qui amène bien des chefs de famille à s’arracher les cheveux pour s’offrir le mouton du sacrifice. Et point n’est besoin de rappeler qu’en raison de la crise sécuritaire qui a inversé la loi de l’offre et de la demande de la bête, les prix ont connu une flambée qui n’est pas près de retomber de sitôt. Il en est de même pour les gallinacées dont le poids et la minceur sont proportionnellement inverses à leurs prix qui atteignent des sommets jamais égalés au Burkina Faso. Même le poisson sur lequel de nombreux ménages se rabattaient pour donner du piquant à la fête, a connu une hausse des prix en cette veille de Tabaski. Si l’on ajoute à cela la flambée des prix des produits et autres denrées alimentaires qui se raréfient sur le marché, on n’a pas besoin d’une boule de cristal pour deviner que c’est une période de vaches maigres que vivent la majorité des Burkinabè en cette veille de Tabaski 2024.
Les déplacés internes ne manqueront pas de la solidarité de leurs compatriotes
C’est dire combien la vie devient de plus en plus difficile au Faso et au-delà de la Tabaski, on se demande quand est-ce que le citoyen lambda sera soulagé ? Une interrogation d’autant plus fondée que quand les prix montent, c’est presque toujours pour ne plus redescendre. C’est dire aussi la nécessité de penser à des mesures d’accompagnement visant à la mitigation des souffrances des populations. Toujours est-il qu’en tombant en milieu de mois, au moment où les poches sont littéralement trouées, cette fête n’est pas pour arranger les affaires des travailleurs dont on sait que le salaire est généralement calculé en avance, au centime près. Mais cela ne saurait gâcher la fête tant les Burkinabè ont plus d’une fois prouvé qu’ils sont un peuple résilient. Et si l’envie de partager ne leur a jamais manqué, nul doute que les Hommes intègres feront comme ils savent si bien le faire, avec les moyens du bord en s’appuyant sur les valeurs de la sagesse africaine selon lesquelles « quand il y en a pour un, il y en a pour deux ». Et il y a fort à parier que les déplacés internes qui comptent parmi les plus démunis, ne manqueront pas, une nouvelle fois, de la solidarité de leurs compatriotes. C’est aussi cela les bienfaits de toutes ces fêtes religieuses qui sont autant de moments d’arrêt dans la vie d’une nation, qui ont le don de rapprocher les hommes à la fois de Dieu et de leurs semblables.
« Le Pays »