TENTATIVE DE COUP D’ETAT DEJOUEE AU MALI : La France a bon dos
« Le sorcier a peur du couteau », a-t-on coutume de dire. Cet adage, bien connu de notre terroir, s’applique bien au président malien de la transition, Assimi Goïta. En effet, voilà un officier supérieur qui est arrivé au pouvoir par la force des armes et qui, en si peu de temps, semble avoir développé une paranoïa à nulle autre pareille. A tord ou à raison, il accuse les autres de vouloir attenter à sa vie pour s’emparer du pouvoir et ce, en intelligence avec une puissance étrangère. Morceau choisi : « Un groupuscule d’officiers et de sous-officiers anti-progressistes, soutenus par un Etat occidental », ont tenté un coup de force dans la nuit du 11 au 12 mai dernier, selon un communiqué rendu public par les autorités de Bamako. En moins donc d’un an, c’est la deuxième « tentative de déstabilisation » des institutions de la République qui vient d’être déjouée au Mali. La première, on se rappelle, était l’œuvre d’un instituteur, dit-on, qui, le jour même de la Tabaski, avait voulu faire d’Assimi Goïta, un mouton de sacrifice alors que ce dernier était allé prier à la grande mosquée de Bamako. Arrêté et jeté en prison, l’accusé y rendra l’âme quelques jours plus tard. Cette fois-ci, même si elle n’est pas nommément citée, point n’est besoin d’avoir le troisième œil du sorcier bambara pour savoir que c’est Paris qui est visée lorsque Bamako parle « d’Etat Occidental » qui soutient les officiers et sous- officiers putschistes. Certes, on ne peut pas absoudre la France à bons comptes surtout quand on sait que la position de ses dirigeants évolue toujours en fonction de leurs intérêts. Mais force est de reconnaître que les autorités maliennes en font un peu trop.
Cette tentative présumée de coup d’Etat est la preuve qu’il couve un malaise au sein de l’armée
Car, conscientes que le sentiment anti-français fait aujourd’hui recette sur le continent, et comme si elles étaient à la recherche d’un dérivatif face à leur incapacité à ramener la paix au Mali, elles passent le temps à jeter la pierre à la France. Malheureusement, cette dernière aussi semble prêter le flanc puisqu’en plus du mauvais rôle qu’elle a joué en contribuant à défaire des régimes dans certaines de ses anciennes colonies, elle donne toujours l’impression de vouloir tout régenter, oubliant que ce qui était faisable il y a trente ans en arrière, ne l’est plus aujourd’hui. En outre, le Mali n’est pas la seule ex-colonie où la France est malmenée. Paris est tout aussi conspuée à Ndjamena, Bangui, Ouagadougou, etc. L’Hexagone doit se livrer humblement à une sérieuse introspection pour que soit rectifié ce qui doit l’être. Cela dit, et pour revenir au cas du Mali, il sied de relever que cette tentative présumée de coup d’Etat est la preuve qu’il couve un malaise au sein de l’armée et que contrairement à ce qu’ils veulent faire croire, Goïta et compagnie ne sont pas aussi populaires que cela. A moins que cette manœuvre ne participe d’une stratégie visant à opérer une purge au sein de l’armée aux fins de mettre au pas tous ces officiers et sous-officiers qui ne sont pas en phase avec la manière dont le Mali, désormais isolé diplomatiquement, est dirigé. A preuve, une dizaine d’officiers et de sous-officiers sont déjà aux arrêts tandis que de nombreux autres sont activement recherchés. Mais, il faut le dire, tout cela n’augure rien de bon pour le Mali qui, par ces temps qui courent, a besoin d’une cohésion au sein de la troupe pour faire face aux terroristes qui n’ont de cesse de semer la mort et la désolation dans le pays.
Boundi OUOBA