TRANSITION POLITIQUE AU BURKINA : Les erreurs à éviter
Dans un communiqué rendu public, le 20 février dernier, il ressort que les événements des 23 et 24 janvier derniers qui ont marqué la fin du régime de Roch Marc Christian Kaboré, ont provoqué la mort de deux personnes et fait une douzaine de blessés par « l’effet de projectiles perdus ». Pourtant, dès l’annonce de sa prise du pouvoir, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), comme s’il voulait s’attirer la sympathie de l’opinion, s’était empressé d’affirmer que les événements s’étaient déroulés « sans effusion de sang ». Déclaration que certains observateurs avisés avaient du reste, mise en doute mais à qui la suite des événements semble avoir donné raison. Il y a bel et bien eu mort d’hommes lors du coup d’Etat contre Roch Kaboré. Tout en saluant la décision prise par les membres du MPSR, de prendre en charge les blessés et de soutenir moralement toutes les familles des victimes, je tiens à rappeler que rien, rien, je dis bien, ne peut remplacer la vie d’une personne tuée, aux yeux de ses proches. Même pas l’argent qui passe pour être devenu le dieu terrestre. L’idéal aurait voulu qu’en pareille occurrence, puisqu’il s’agit de cas de pertes en vies humaines, qu’une enquête judiciaire soit ouverte et que les responsabilités soient situées. Mais là, il ne faut pas rêver puisque nous sommes dans un Etat d’exception où le rapport de forces est en faveur des maîtres des lieux qui orientent et qui décident de tout. C’est de bonne guerre. Car, vouloir confier le dossier à la Justice serait ni plus ni moins qu’une manière de se faire hara kiri.
Il faut éviter le jeu du clair-obscur
Cela dit, les familles des victimes n’auront d’autre choix que de se contenter des soutiens que Damiba et ses frères d’armes voudront leur apporter. Car, comme on le sait, la loi du plus fort est toujours la plus forte. C’est dur à accepter mais c’est ainsi que va la vie. Toutefois, tout en éprouvant, à l’instar de bien de mes compatriotes, de la sympathie pour le MPSR, je voudrais saisir l’occasion, pour lui prodiguer quelques conseils. Je ne suis pas un donneur de leçons. Loin s’en faut ! D’ailleurs, quelle leçon puis-je donner à quelqu’un au regard de mon statut de fou que bien des gens méprisent et conspuent à longueur de journée et de nuit ? Bref, la première des choses que je demande au MPSR, c’est de faire de la transparence son credo et de la vérité son leitmotiv. Il faut éviter le jeu du clair-obscur. Car, comme on le sait, le Burkina Faso est un pays de savane où le paysan de Nampoanli dans le Gulmu, connaît pratiquement ce que fait son homologue de Kankalaba dans les Cascades. On ne peut plus rien cacher, surtout à l’ère des réseaux sociaux où le monde en lui-même est devenu un village planétaire. Le peuple n’aime que la vérité. Il n’aime pas les dirigeants qui les tournent en bourrique. Le deuxième conseil que je tenais à donner au MPSR, c’est d’éviter de faire comme les hommes politiques pour qui 2×2 ne font pas forcément 4. Le résultat, pour ces derniers, varie en fonction de leurs intérêts à eux. Il faut éviter tout calcul et aller à l’essentiel qui est de sauver notre patrie en péril. C’est ce qu’attendent bien des Burkinabè qui n’ont pas hésité à applaudir le coup d’Etat du 24 janvier dernier. Le MPSR est donc prévenu. Il a obligation de résultats pour autant qu’il ne veuille pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Car, si au bout de 6 à 12 mois, les lignes ne bougent pas sur le front, je serai moi-même en première ligne pour appeler tous les fous du Burkina et leurs sympathisants à marquer notre déception.
« Le Fou »