VERS UN TROISIÈME MANDAT EN RDC : Félix Tshisékedi prépare-t-il les esprits ?
L’idée fait déjà son chemin en République démocratique du Congo (RDC). Et tout porte à croire qu’elle prendra forme dans les semaines ou mois à venir. Il s’agit, en effet, du projet de révision de la Constitution qui s’est invité au débat lors de la mini-tournée européenne du président Félix Tshisékedi. Tout en se montrant ouvert au débat, ce dernier est allé plus loin en déclarant : « Je mettrai en place une commission qui réfléchira sereinement sur comment nous doter d’une Constitution digne de notre pays ». Dont acte ! Car, tout paraît, pour le moins clair. Le président Félix Tshisékedi, à l’instar d’autres présidents africains, veut modifier la Constitution de son pays aux fins de s’octroyer un nouveau bail à la tête de la RDC, et ce, à l’issue de son deuxième mandat constitutionnel en cours. Pour ce faire, il tâte le terrain et prépare les esprits, conscient que le projet est risqué. Car, comme on le sait, les révisions constitutionnelles en Afrique sont à l’origine de tensions sociopolitiques qui mettent souvent à rude épreuve la paix et la concorde nationales. Si fait que bien des régimes ont fini par être emportés par la rue. En fait, faut-il le rappeler. Un changement de Constitution n’a rien de mauvais en soi en ce sens qu’il peut contribuer au renforcement de la démocratie, de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit. Par contre, ce qu’il faut déplorer et dénoncer, c’est l’intention cachée des chefs d’Etat africains à vouloir s’ouvrir un boulevard pour régner ad vitam aetermam.
Le président Félix Tshisékedi est en train de réunir les ingrédients d’une crise politique
Si fait que révision constitutionnelle en Afrique, rime désormais avec nouveau mandat. D’Abidjan à Conakry en passant par Lomé, la recette est la même. On ruse avec le peuple. Et c’est, sans doute, à ce jeu dangereux que veut jouer Félix Tshisékedi qui, naguère, se présentait comme un démocrate bon tient. On se rappelle, du reste, qu’il faisait partie de ceux qui, à l’époque, avaient croisé le fer parce que farouchement opposés à une nouvelle candidature à présidentielle de Joseph Kabila en 2018. En tout cas, alors que la RDC fait face à une grave crise sécuritaire, le président Félix Tshisékedi, plutôt que de travailler à y trouver une solution urgente et durable pour alléger les souffrances des populations, est en train de réunir les ingrédients d’une crise politique aux éventuelles répercussions incommensurables. Dès lors, on comprend pourquoi il travaille à faire taire une voie très critique comme celle de l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambomgo qui, du fait de ses prises de position, fait désormais l’objet de poursuites judiciaires. Mais en le faisant, il oublie volontiers que ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’il fera retomber la fièvre. Bien au contraire, le mal reste entier si l’on n’y apporte pas la thérapie qui sied. En tout cas, pour autant qu’il souhaite entrer dans l’Histoire par la grande porte, Félix Tshisékedi ferait mieux, à l’issue de ses deux mandats constitutionnels, de faire valoir ses droits à la retraite.
Boundi OUOBA