HomeA la uneABOUBACAR BALIMA, PRESIDENT DU PARTI SOCIALISTE DU BURKINA : « En politique, il ne faut jamais sous estimer qui que ce soit »

ABOUBACAR BALIMA, PRESIDENT DU PARTI SOCIALISTE DU BURKINA : « En politique, il ne faut jamais sous estimer qui que ce soit »


Il est l’un des derniers-nés de la scène politique au Burkina.  Le Parti socialiste du Burkina (PS Burkina), puisque c’est de lui qu’il s’agit, a été créé en septembre 2017 par un groupe de jeunes dont  Aboubacar Balima, membre du Conseil national de la Transition (CNT). La formation,  l’emploi des jeunes, la santé, le droit au logement sont, entre autres,  les domaines dans lesquels le parti compte mettre son énergie s’il accède au pouvoir.  Mais en attendant, ses premiers responsables travaillent à l’implanter dans les villes et campagnes du Burkina.  La situation sécuritaire dans la province du  Soum, l’actualité au sein de l’Union pour le changement et le progrès (UPC), le retour de Blaise Compaoré au bercail sont, entre autres, les sujets sur lesquels  nous nous sommes entretenus, dans le cadre de la rubrique Mardi politique, avec le jeune président Aboubacar Balima, le 9 octobre 2017. Allons à sa rencontre!

 

« Le Pays » : Quels sont les moments forts qui vous ont marqué au  Conseil national de la Transition (CNT) ?

 

C’est naturellement le  jour où tous les membres du Conseil national de la transition (CNT)  ont été convoqués  pour le vote du Code électoral. C’était vraiment des moments inoubliables.  La tension était   vive ce jour là, parce que certains étaient contre le vote de cette loi alors que beaucoup de Burkinabè étaient pour son vote. Nous avons opté pour le choix du peuple, c’est-à-dire celui du vote qui  frappait d’inéligibilité certaines personnalités politiques. C’est ce que nous avons fait et j’étais fier  d’avoir  voté cette loi pour le peuple burkinabè.

 

Etiez- vous  téléguidés ou influencés à  ce moment ?

 

Non.  Nous n’avons pas été  manipulés puisque nous étions des insurgés.  Nous étions venus de l’insurrection populaire et nous n’avions pas d’autre choix que d’aller dans le sens de la volonté du peuple. Nous ne pouvions pas voir nos frères et sœurs perdre la  vie à cause des velléités   de tripatouiller   la Constitution et faire autrement.

 

Quelles sont les raisons   qui ont motivé la création de votre  parti politique ?  

 

Je dois rappeler que j’étais le secrétaire général  d’une organisation de  la société civile, notamment le Brassard noir.  C’est dans cette OSC que j’ai beaucoup appris.  Après réflexion,   nous avons décidé, avec d’autres camarades,  de créer ce parti pour apporter notre contribution au développement  du Burkina.  Nous voulons contribuer  au développement  socioéconomique.  Sur le plan de la démocratie,  nous,  nous pensons qu’il y a des choses à améliorer au Burkina.

 

Parlez –nous  un peu de votre parti politique !

 

Notre parti, le Parti socialiste du Burkina Faso,  est allié au Parti socialiste international.  Nous sommes de la sociale démocratie, comme d’autres  partis  politiques au Burkina d’ailleurs. Ce qui veut dire que notre parti travaillera à promouvoir la sociale démocratie au Burkina. Nous allons travailler dans la solidarité, à  la création d’emplois pour les jeunes et les femmes. Nous  allons travailler à développer l’agriculture  au Burkina, c’est-à-dire faire en sorte  que ce secteur soit  capable de nourrir tous les Burkinabè.  Pour arriver à cette  autosuffisance alimentaire que nous prônons,  il faut aller vers l’utilisation de matériels  modernes  tels que les tracteurs, les retenues  d’eau. C’est ce à quoi nous allons nous atteler.  Nous pensons aussi qu’il faut construire des écoles professionnelles, techniques et polytechniques,  de sorte que  les apprenants  soient capables de faire des choses de leurs doigts.   Nous pensons également qu’il faut faire la promotion de nos cadres  à l’étranger, notamment dans les instances internationales.  Le nombre de Burkinabè qui travaillent dans les institutions internationales est insignifiant.  Si nous construisons de bonnes  écoles et revoyons le processus de formation de nos cadres en les  mettant en contact avec les grandes  écoles à travers le monde entier,  nous pourrons avoir plus de cadres qui représenteront valablement le Burkina au plan international.  Je prends l’exemple de ce qui vient de se passer au niveau de la FIFA, dans le cadre des éliminatoires  de la Coupe du monde Russie 2018.  Peut être  que Fatma Samoura,   secrétaire générale de la FIFA et sénégalaise d’origine,  a  joué un rôle. Si le Burkina avait un cadre au niveau de la FIFA,  peut-être que les choses se seraient passées autrement.  C’est dire que nous devons travailler à construire de grandes écoles. En clair, il y a beaucoup à faire au Burkina.

 

Etes- vous  de la  majorité présidentielle ou de l’opposition ?

 

Cette question n’est pas à l’ordre du jour parce que nous venons de créer le parti. C’est un bébé qui est né  et qui doit apprendre à marcher. Nous allons  travailler à avoir l’expérience avec les hommes politiques déjà sur le terrain. Nous avons besoin de travailler à avoir une base solide sur le terrain. C’est-à-dire que dans un futur proche, nous allons implanter des sections  dans toutes les régions du Burkina. Ce travail n’est pas facile, mais nous allons le faire. Sinon, notre priorité n’est pas d’aller à la majorité ou à l’opposition. Notre priorité, c’est l’implantation du parti à travers tout le pays.

 

Quel commentaire faites-vous de la gestion du pouvoir du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) ?

 

Le MPP qui est le parti au pouvoir fait ce qu’il peut pour faire avancer les choses dans le bon sens,  même si je dois avouer qu’il  y a des lacunes.   La gestion du pouvoir n’est pas aussi simple dans un  contexte comme celui  du Burkina.  Il faut déjà se féliciter de ce qui a été fait, au niveau des infrastructures  qui sont en train d’être réalisées. Je pense que si le parti au pouvoir continue dans ce sens, le peuple burkinabè pourra bien  le juger en 2020. Ce n’est pas à moi de le  juger, mais au  peuple burkinabè tout entier de le faire.  Mais, il doit travailler à réunir tous les Burkinabè, dans la cohésion sociale. Il doit également  travailler à trouver des emplois  pour les jeunes,  mettre en place un système productif qui va permettre à ceux qui vont venir après  2020 de continuer la route du développement.

 

 Des  voix s’élèvent de plus en plus pour réclamer le retour de l’ancien président Blaise Compaoré. Quel  est votre point de vue sur la question ?

 

A mon humble avis, l’ex- président Blaise Compaoré est Burkinabè comme tous les  autres.  S’il estime que, pour l’amour de son pays, il veut  rentrer, il peut revenir. Mais, à ce moment,  la Justice doit faire son travail. Si quelqu’un est suspecté dans une affaire de quelque nature que ce soit, la Justice  a le droit  de l’entendre,  de l’inculper ou de le condamner s’il le faut. Pour moi, le retour de Blaise Compaoré n’est pas un problème.  S’il s’est retrouvé en Côte d’Ivoire, ce n’est pas pour rien. C’est à cause de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Dans ces tristes évènements qu’a connus notre pays,  nous avons perdu des frères et des sœurs. Chacun doit garder cela à l’esprit.

 

 Quel commentaire faites-vous de la situation qui prévaut en ce moment  à l’Union pour le progrès et le changement (UPC) ? 

 

 J’ai suivi l’actualité comme tout le monde.  Effectivement, 13 députés de l’UPC ont  démissionné de leur  groupe parlementaire initial pour  en créer un autre.  S’ils ont démissionné, je me dis qu’ils ont des raisons personnelles.    Mais, ils restent membres du parti dont ils sont issus.  Comme  c’est un grand parti, un parti bien structuré, ils pourront faire des concessions avec leurs autres camarades pour voir ensemble ce qui a marché et ce qui ne marche pas.  En politique, on peut être de l’opposition aujourd’hui et  de la majorité quelque temps plus tard.   Vu la  déclaration du président du groupe parlementaire, ils vont certainement s’expliquer  pour trouver les voies et moyens de repartir sur de bonnes bases.

 

Croyez-vous  à la sincérité des déclarations des  députés frondeurs ?

 

Ce n’est pas à moi de certifier la sincérité  ou la véracité de leurs propos.  Mais tout ce que je peux dire, c’est qu’ils  peuvent discuter et trouver un terrain d’entente.

 

Selon vous, est-il possible qu’avec cette nouvelle donne,  Zéphirin Diabré soit déchu de son statut de chef de file de l’Opposition ?

 

Non, je ne crois pas. Je crois  que c’est vraiment un problème pour le parti, parce  que 13 de ses députés  ont  démissionné  du groupe parlementaire. Mais comme ils l’ont dit eux-mêmes, ils ne démissionnent pas du parti. Donc, Zéphirin Diabré reste président du parti avec le nombre intact de ses députés.  Mais je crois que le dialogue est toujours possible.  C’est à lui de faire des concessions  afin que ces députés reviennent à la maison.  Le linge sale se lave en famille, comme on le dit si bien chez nous. Ils pourront se rencontrer, discuter et faire des compromis utiles pour le parti.  Il n’est pas opportun pour un parti politique de laisser partir 13 députés.

 

 Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) se prépare pour reconquérir le pouvoir en 2020.  Croyez-vous qu’il a toujours des chances ?

 

En politique, il ne faut jamais sous estimer  qui que ce soit.  En politique, celui qui est à l’opposition peut arriver à la présidence. On peut également  être à la présidence aujourd’hui et se retrouver à l’opposition demain.  Je pense que le CDP a le droit de se battre pour revenir au pouvoir.  La conquête du pouvoir est une compétition et c’est aux Burkinabè de  décider du sort de chaque parti politique.

 

Comment réagissez-vous à la situation sécuritaire dans la province du Soum ?

 

La question de la sécurité est une question très importante.  Un pays ne peut se développer s’il n’y a pas de sécurité.  Certains investisseurs ont peur de venir au Burkina, à cause des problèmes de sécurité. Les citoyens sont également inquiets face à cette situation.  Mais, nous devons reconnaître que les choses ne sont pas faciles. Nos forces de l’ordre travaillent jour et nuit pour la sécurité des Burkinabè. Il faut les féliciter pour cela.  Nous sommes conscients que c’est  ensemble, c’est-à-dire avec la collaboration de la population que nous pourrons venir à bout de ces bandits de grands chemins.   Je pense sincèrement que nous devons tous accompagner les Forces de défense  et de sécurité à lutter contre les terroristes.

 

Que pensez-vous de  l’interdiction du meeting du Cadre d’expression démocratique  (CED) de Pascal Zaïda initialement prévu pour le 7 octobre 2017 ?

 

J’ignore les raisons de  l’interdiction du meeting de Pascal Zaïda.   Pour la stabilité, la paix et la cohésion du pays, il faut que chacun y mette du sien.  J’ai lu ses propos rapportés  par les médias, au moment où il appelait certains citoyens à prendre part audit meeting.  Nous sommes  dans un contexte  politique où nous avons des frustrés,   des mécontents.  Tout peut donc  arriver si le meeting a lieu.  Le moment  n’est pas très opportun pour des rencontres de ce genre.  Il faut travailler à la cohésion, parce que nous n’avons pas besoin que le pays prenne feu.  Nous n’avons pas besoin que le Burkina tombe dans le chaos.   Nous avons du mal à relever l’économie du pays. Il faut accompagner les initiatives gouvernementales au lieu de les déstabiliser.

 

Interview réalisée par Issa SIGUIRE

 

Légende

 

1- Aboubacar Balima, président du Parti socialiste du Burkina

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


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