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CONDAMNATION DU JOURNALISTE KHALED EN ALGERIE


Le journaliste Khaled Drareni a été condamné hier, à trois ans de prison ferme par la Justice algérienne. Tombée comme un couperet sur la tête du pauvre journaliste, cette sanction suscite des vagues d’indignations aussi bien en Algérie que dans le reste du monde.  Et cela n’est guère étonnant. Car, même si la Justice s’en défend, elle peine à convaincre les Algériens de la solidité du dossier. En tout cas, pour ses avocats, le dossier est vide. Tout laisse penser que le seul crime de Khaled Drareni est d’avoir couvert une manifestation du Hirak le 7 mars 2020, ce soulèvement populaire qui trouble le sommeil des nouvelles autorités algériennes.  A défaut donc de trouver un antidote à ce mouvement qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an, le pouvoir n’a trouvé mieux à faire que de s’abattre sur ce pauvre journaliste qui ne demande qu’à faire son travail. En l’accusant « d’incitation à un attroupement non armé » et d’ « atteinte à l’unité nationale », le pouvoir algérien achève de convaincre que l’objectif est de museler la presse. Mais Tebboune se trompe d’adversaire. Ce n’est pas en s’attaquant à la presse qu’il réussira à  redorer son image.  Comme le dit un adage, « ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre ». Il se trompe d’autant plus lourdement que cette condamnation ne dissuadera pas outre mesure les journalistes. Loin s’en faut, elle risque même de sonner la mobilisation. Pour preuve, des voix et pas des moindres, notamment celle du secrétaire général de l’ONG Reporters sans frontières, s’élèvent pour condamner cette privation de liberté et exiger la libération du journaliste. C’est dire si au lieu de faire taire la presse, la Justice lui aura plutôt donné du grain à moudre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette condamnation du responsable du site Casbah Tribune et correspondant de la chaîne de télévision TV5 MONDE et de l’ONG Reporters sans frontières, est, à tout point de vue, une mauvaise publicité pour le pouvoir algérien.

 

La place d’un journaliste n’est pas en prison

 

On est d’autant plus fondé à le penser que cette condamnation du journaliste, est révélatrice de la nature du régime de Tebboune. Disons le tout net, il n’y a que les régimes prédateurs des droits humains qui font de la condamnation de journalistes leur sport favori. Et Dieu seul sait combien de journalistes, et autres défenseurs des droits humains ont été jetés en prison en Algérie depuis l’accession de Tebboune au pouvoir, pour avoir simplement fait leur travail. Cela dit, le successeur de Bouteflika doit comprendre que la place d’un journaliste n’est pas en prison. Il doit aussi se convaincre que ce n’est pas en emprisonnant à tour de bras qu’il parviendra à mettre fin à la grogne populaire sans qu’il n’ait instauré un régime plus démocratique.  Si des Algériens ont accepté de payer le sacrifice suprême, ce n’est pas pour être encore sous la tyrannie d’un régime. Cela dit, Tebboune gagnerait à revoir sa copie. Et plus tôt il le fera, mieux cela vaudra. Car, tout porte à croire que les Algériens qui sont vent debout depuis plus d’un an contre l’ancien système, ne baisseront pas les bras tant que celui-ci ne sera pas déraciné. Le changement est irréversible et Tebboune aurait tort de croire qu’il peut gouverner par la  terreur.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 

 

 

 

 


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