HomeA la uneNAISSANCE D’UN MOUVEMENT ARME PEUL : Un nouveau front pour Bamako

NAISSANCE D’UN MOUVEMENT ARME PEUL : Un nouveau front pour Bamako


 

Il faut faire preuve d’excès d’optimisme pour ne pas voir  le navire malien balloté par de violents vents contraires d’une tempête qui n’a que trop duré. En effet, alors qu’au Nord-Mali la paix, en dépit de l’accord sur la mise en place des autorités intérimaires, tarde toujours à s’installer, le  centre du pays entre à son tour dans l’œil du cyclone avec la naissance d’un nouveau mouvement armé d’obédience peule, « l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice ». Même si ce cadet des groupes armés qui infestent les rives du Djoliba se défend de toute velléité indépendantiste et affirme sa  démarcation d’avec  la nébuleuse djihadiste, deux fléaux  qui ont installé le pays de « Kankélétigui» dans la tourmente, il n’en demeure pas moins que Bamako doit froncer  sérieusement les sourcils. D’abord, parce que le Secrétaire général du mouvement, Omar al-Janah,  un jeune enseignant de 27 ans,  place dans sa ligne de mire l’armée malienne qu’il accuse d’exactions contre les civils peuls et se dit être à la tête  d’une légion de 7 000 combattants pour mener à bien son combat. C’est donc, si l’on ne veut jouer au Saint Thomas, potentiellement, un nouveau front qui s’ouvre pour une armée malienne déjà enlisée dans les dunes de sables du septentrion et qui a été quelque peu contrainte d’avaler son orgueil pour se mettre sous le couvert de l’armée française et de la MINUSMA. Ensuite, parce que le  berceau du nouveau-né est déjà l’épicentre d’un autre mouvement dissident, le Mouvement de libération du Macina de Amadou Kouffa. Il faut craindre la jonction des deux mouvements qui partagent à la fois la même base identitaire et le même ennemi. De toute évidence donc, quelle que soit la justesse de la cause défendue, ce nouveau mouvement ne peut apporter que plus de problèmes que de solutions à l’imbroglio malien.  Il vient ajouter du feu au feu, transformant ainsi la noblesse d’un combat identitaire en un acte bien répréhensible. En mettant en avant l’argument de la force, le jeune Oumar al-Janah et son mouvement décident de ramer à contre-courant de l’élan du peuple malien en direction de la paix dont il a perdu le goût depuis bientôt une décennie. En se mettant ainsi en marge de la marche de la nation, « l’Alliance pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice » pose là un acte d’apatridie qui devrait mettre mal à l’aise de nombreux intellectuels peuls.  Car, en plus de susciter des risques de stigmatisation dans un contexte sous- régional où la coexistence sociale est déjà mise à rude épreuve entre les agriculteurs sédentaires et les éleveurs nomades essentiellement peuls,  le mouvement instrumentalise l’ethnie qui,  comme base de revendications politiques,  aboutit toujours à des drames comme on en a vu ailleurs sur le continent ou même sous d’autres cieux plus lointains. Ce n’est donc qu’un malheureux paravent derrière lequel se cachent des politiciens en panne d’inspiration.

L’Etat malien devrait se donner les moyens de s’imposer à tous

Au-delà du Mali, il faut craindre l’effet de contagion du mouvement qui pourrait déstabiliser toute l’Afrique occidentale car des contreforts du Fouta Djalon en Guinée aux confins des monts Cameroun, vivent d’importantes communautés peules qui peuvent au même prétexte lever l’étendard de la révolte contre leurs nations. Et les nombreux conflits communautaires comme on en voit au Burkina, en Côte d’Ivoire ou encore au Nigeria, peuvent fournir la mèche à une conflagration régionale. Mais peut-être que tout ceci n’est que prévisions trop alarmistes pour un mouvement né sur fond de simples calculs politiques. En effet, au moment où entre en phase d’opérationnalisation au Mali le processus Démobilisation-Désarmement-Réinsertion (DDR), « l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice », pour intégrer le processus, se donne le statut de groupe armé. Et là, elle n’aurait fait qu’emprunter le large boulevard entrouvert par les groupes armés du Nord-Mali qui n’ont aujourd’hui droit au chapitre qu’en tirant leur légitimité de leur statut de groupes armés. Du reste, c’est à son armée que le Mali a le plus mal et quoi de plus normal que par opportunisme politique, Al-Janah y embraye fort.  Et peut-être même que dans une perspective plus lointaine,  le mouvement cherche à créer la chienlit au Centre du pays pour obliger Bamako à y dupliquer le schéma des autorités intérimaires où il y aura plus d’autonomie et plus de place pour les fils de la région. Et c’est en cela qu’il faut croire Oumar al-Janah quand il affirme avoir avec lui des leaders politiques. Quoi qu’il en soit, l’émergence de ces nouveaux groupes avec ses risques de débordement vient rappeler au Mali et à la communauté internationale  la trop longue durée d’une crise qui est entrée en phase de métastase. Il est tout à fait déplorable que les fils du Mali qui, du fait de leur histoire commune dans les grands empires multi ethniques  qui se sont succédé sur cette aire géographique, ne puissent communiquer autrement que par le langage des armes. En tout état de cause, l’Etat malien qui, seul, a le monopole et la légitimité de la force, devrait en tirer toutes les conséquences et se donner les moyens de s’imposer à tous.

SAHO


Comments
  • Vive la france! Elle continue son diviser pour regner!

    21 juin 2016
  • Euuh!! Mr Saho, pour ecrir un “article media” il faut savoir respecter les consignes ( temps du texte, personne, l’époque etc. ), et surtout il faut également éviter les anachronismes, les jeux de mots inutils… sinon ca devient lourd et ennuiant…
    Merci pour l’article…

    20 juillet 2016

Leave A Comment