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PRESIDENTIELLE EN MAURITANIENNE


Demain, 22 juin 2019, les Mauritaniens et les Mauritaniennes sont invités aux urnes pour choisir la personne qui doit succéder au président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz. Dans les starting-blocks, on dénombre six candidats dont Mohamed Ghazouani considéré comme le dauphin d’Abdel Aziz. L’on peut d’emblée relever et saluer deux choses. La première est liée au caractère civilisé qui a caractérisé le déroulement de la campagne électorale. En effet, durant cette période, tous les candidats et leurs partisans ont fait preuve de retenue et de responsabilités aussi bien dans leurs propos que dans leurs faits et gestes. Cela, sous nos cieux, est assez rare pour être relevé et salué à sa juste valeur. Cette sagesse qui a entouré les joutes électorales, peut permettre d’être optimiste quant à la suite des événements. En tout cas, c’est tout le mal que l’on souhaite à la Mauritanie. Car, la politique, par essence, est l’antidote de la violence. Pour ne l’avoir pas compris, bien des politiciens d’Afrique ont transformé leurs pays respectifs en champ de ruines et de larmes. L’autre chose qu’il faut relever et saluer à sa juste valeur, est la suivante : le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, a surpris agréablement les démocrates d’Afrique et d’ailleurs pour n’avoir pas modifié la Constitution pour s’accrocher à son fauteuil. Ce faisant, il donne une grande leçon de modestie à tous ces présidents africains en exercice qui croient, dur comme fer, être sortis de la cuisse de Jupiter et que de ce fait, les dieux les ont choisis pour présider aux destinées de leur pays ad vitam aeternam. Certains d’entre eux ont été ramenés, à leur corps défendant, à leur dimension de mortels par la rue. Mais d’autres, malheureusement, sont encore en activité. Chapeau bas donc à Mohamed Ould Abdel Aziz pour avoir permis que son pays connaisse une alternance au sommet de l’Etat ! Et nul ne doit lui jeter la pierre d’avoir scotché une personnalité issue de son écurie politique pour briguer la présidence de la République. Bien des présidents déchus auraient eu cette intelligence qu’ils auraient certainement évité des fins de règne humiliantes.

Les urnes ont parfois livré des verdicts en porte-à-faux avec les pronostics

Cela dit, l’on peut se poser la question de savoir lequel des six candidats a plus de chances de succéder à Mohamed Abdel Aziz au soir du 22 juin. Sans être versé dans l’art de la divination et sans avoir un penchant pour un candidat, l’on peut pronostiquer pour le candidat du pouvoir, c’est-à-dire Mohamed Ghazouani. En effet, celui-ci peut bénéficier de l’aura d’Abdel Aziz. Ce dernier, on le sait, a su soustraire la Mauritanie de la tourmente terroriste qui agite pratiquement l’ensemble des pays du Sahel africain. Les électeurs peuvent donc être tentés, réflexe sécuritaire oblige, de porter leur choix sur son dauphin. A cela, il faut ajouter que le président sortant lui-même ne s’est pas gêné de battre campagne pour lui. « Je vous demande de voter Mohamed Ghazouani, le 22 juin. En le faisant, vous nous permettez de poursuivre l’œuvre de construction nationale que nous avons commencée ensemble pour apporter des solutions à vos problèmes ». Ces propos sont d’Abdel Aziz et ils ont été tenus dans le cadre de la campagne. L’autre avantage qui plaide pour le candidat du pouvoir, est le bilan économique de son mentor. En effet, dans un rapport publié le 23 mai dernier, la Banque mondiale a salué le rétablissement de la stabilité macroéconomique avec une augmentation du taux de croissance de 3 à 3,6% entre 2017 et 2018. Tous ces faits parlent pour le dauphin d’Abdel Aziz mais de là à conclure que le scrutin de demain est sans suspense, il y a un pas qu’il faut se garder de franchir. Et c’est là toute la beauté de la démocratie. Car les urnes ont parfois livré des verdicts en porte-à-faux avec les pronostics. De ce point de vue, l’on peut s’attendre à ce qu’un candidat, fût-il celui du pouvoir, morde la poussière dans un scrutin. Ce scénario a été vu au Bénin sous Yayi Boni et tout récemment en République démocratique du Congo (RDC) sous Joseph Kabila. En tout cas, toute l’Afrique croise les doigts pour que le scrutin de demain brille par la transparence et l’équité. Elle prie également pour que la Mauritanie, au lendemain du scrutin, n’inscrive pas son nom sur la liste honnie des pays africains qui ont connu des après-élections chaotiques au point que les populations en sont arrivées à être dégoûtées de la chose politique.

Pousdem PICKOU


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