VOL D’ARGENT AU MINISTERE  DE L’INTERIEUR EN AFRIQUE DU SUD : Le pays de Madiba plus que jamais république bananière  

 

Le pouvoir de Jacob Zuma aurait aimé se passer d’une telle mauvaise publicité, surtout après la célébration du 104^e anniversaire de l’ANC. Mais voilà, le mal est déjà fait. L’eau versée ne saurait encore être ramassée, comme on le dit chez nous. A la faveur d’un procès qui s’est ouvert le lundi dernier devant le tribunal de Pretoria pour une affaire de vol au ministère de l’Intérieur d’Afrique du Sud, la nation arc-en-ciel devrait, une fois de plus, fuir le regard goguenard du monde. En effet, deux employés, l’un chauffeur à la Direction de la sûreté de l’Etat, l’autre, agent de sécurité, pour certainement sabler le champagne à l’occasion des fêtes de fin d’année, ont subtilisé la somme de 3,5 millions d’euros d’un coffre-fort du ministère de l’Intérieur, celui-là même qui se veut le garant de la sécurité des Sud-africains. Les suspects ont été identifiés grâce aux enregistrements des caméras de sécurité à l’intérieur du bâtiment. Cette affaire de vol avait été soigneusement tenue secrète par le pouvoir et la police. Pour quelles raisons ? Dieu seul sait. En tous les cas, une telle omerta n’est pas de nature à honorer ce pays déjà fortement secoué par des scandales de corruption et autres indélicatesses au sommet de l’Exécutif.  Dans tous les cas, l’on peut comprendre tout le malaise qui a habité les autorités sud-africaines et particulièrement Jacob Zuma à la cote de popularité déjà au plus bas.   Un vol dans un service de l’Etat censé assurer la sécurité des citoyens, c’est la totale ! L’argent ne serait donc plus en sécurité là-même où la sécurité devrait être la première règle ! Quelle ironie ! Cela dit, comment les deux hommes ont-ils eu accès au coffre-fort ? Que faisaient 3,5 millions d’euros, de l’argent public en liquide (des devises en dollars et en euros) dans ce ministère? Si les deux présumés sont appelés à répondre des faits de vol, Jacob Zuma et son pouvoir devraient répondre à ces interrogations de ses concitoyens.

Le président Zuma a fait perdre à l’Afrique du Sud l’âme de Nelson Mandela

Car, autant l’acte posé par les voleurs est grave, autant l’existence d’une telle somme dans un coffre-fort d’un ministère ainsi que la facilité avec laquelle le vol a été commis, constituent des manquements graves dans un Etat dit de droit comme l’Afrique du Sud. Mais faut-il s’étonner qu’un tel acte, la marque de fabrique des Etats « voyous », soit posé au pays de Madiba ? En réalité, plus rien ne devrait étonner dans ce pays. Le président Zuma, de par ses frasques et autres écarts de conduite, a rendu la république d’Afrique du Sud vulgaire. C’est peu dire que cette affaire pose en toile de fond  le problème de gouvernance qui gangrène le pays depuis l’arrivée au pouvoir de Jacob Zuma. De la réfection onéreuse de sa villa à son augmentation de salaire en passant par ses choix managériaux contestés, le président Zuma a fait perdre à l’Afrique du Sud l’esprit de Nelson Mandela. Pretoria n’est plus aujourd’hui que la capitale d’une république plus que jamais bananière.

Michel NANA