HomeA la uneENQUETE SUR LES VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS D L’HOMME AU BURUNDI : De quelles preuves l’ONU a-t-elle encore besoin ?

ENQUETE SUR LES VIOLATIONS MASSIVES DES DROITS D L’HOMME AU BURUNDI : De quelles preuves l’ONU a-t-elle encore besoin ?


Trois experts indépendants agissant pour le compte de l’Organisation des Nations unies (ONU), ont entamé une énième mission au Burundi, le 13 juin 2016. Ils sont présents sur le sol burundais dans le cadre de l’enquête onusienne sur les violations massives des droits de l’Homme au Burundi. Il est notoire que depuis un certain temps, le pays a basculé dans des violences et que plusieurs personnes ont été tuées. Certains Burundais n’ont eu la vie sauve qu’en prenant la route de l’exil. Ces violences, pour l’essentiel, ont éclaté depuis que Pierre Nkurunziza s’est mis dans la tête de briguer un mandat de plus à l’issue de son dernier mandat constitutionnel. Ce qui a conduit à une violation de la Constitution de son pays et de l’esprit de l’Accord d’Arusha qui avait permis de ramener la paix dans le pays.

Tout se passe comme si on a laissé faire pour venir maintenant compter les cadavres

Les experts indépendants viennent superviser le travail d’enquête mené par six personnes depuis le début du mois de mai 2016. On peut déjà relever que pour une enquête décidée par une résolution du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, en date du 17 décembre 2015, ce n’est pas tôt. Non seulement, au moment où cette résolution était prise, les violences battaient leur plein, mais aussi, il s’est écoulé depuis lors, un temps extrêmement long pour que quiconque vit dans l’angoisse des attaques, soit à la merci de violences inouïes. Tout se passe comme si on a laissé faire pour venir maintenant compter les cadavres. Cela mérite d’être relevé, étant donné que même si les résultats de ces enquêtes venaient à situer les responsabilités, on mettrait le même temps, sinon plus,  pour espérer un début de solution, alors que, pour les populations civiles innocentes, les tueurs continuent de rôder à tous les coins de rue. Cela dit, il faut ajouter que la crainte que la montagne accouche d’une souris est bien réelle. En effet, on peut douter de la capacité de cette enquête à faire la lumière sur ces violations massives de droits de l’Homme. Du reste, de quelles preuves l’ONU a-t-elle encore besoin ? Il est évident que l’acteur principal de cette tragédie n’est personne d’autre que Pierre Nkurunziza. Toutes ces violences trouvent leur origine et leurs adjuvants dans son entêtement à prolonger indûment son bail à la tête de l’Etat. C’est celui par qui le malheur s’est encore abattu sur les pauvres populations burundaises. Les opposants au 3e mandat qui ont fini par prendre les armes, en sont arrivés là, du fait de la folie « pouvoiriste » de Nkurunziza. Chercher les auteurs des violations massives des droits de l’Homme au Burundi est, pour le principe, une bonne chose. Mais le risque est grand que cela débouche sur une sorte de démission de la communauté internationale face au dictateur. En tout cas, l’établissement d’un rapport édulcoré pour contenter le dictateur, n’est pas à exclure. Comment en effet s’assurer que les témoins accepteront de parler, qu’ils seront à même de donner des informations fiables et exhaustives, s’ils sentent leur sécurité menacée ? Même la solution qui consisterait à les entendre hors du Burundi, ne garantit pas leur sécurité. Le Rwanda peut être disposé, dans une certaine mesure, à sécuriser les témoins avant et après leur audition, au regard de la froideur des relations entre Kigali et Bujumbura. Mais on voit mal des Burundais dont le témoignage mécontenterait Nkurunziza, accabler ce dernier sur le sol d’autres dictateurs. Pour tout dire, la République démocratique du Congo et l’Ouganda ne sont pas des lieux sûrs pour ces témoins. C’est dire toute la psychose qui peut habiter les candidats au témoignage. Tant et si bien qu’il n’est pas évident qu’on aura tous les témoignages dont on a besoin, pour avancer dans ces enquêtes. Il est difficile d’avoir des preuves si les faits accablent le régime en place. On l’a vu au Kenya où la Cour pénale internationale (CPI) à échoué à obtenir la coopération du pays, pour trouver des preuves de l’implication du président et du vice-président actuels du Kenya, Uhuru Kenyatta et William Ruto, dans les violences postélectorales de 2007 et 2008. Ce qui leur a permis de bénéficier d’un non-lieu. La destruction méthodique de preuves, la subornation, l’intimidation de témoins sont des armes presqu’imparables contre ce genre d’enquêtes.

Les Nations unies pourraient perdre leur crédit dans le dossier burundais

En décidant de tourner autour du pot alors qu’elle connaît la source des problèmes dont ceux relatifs aux violations massives des droits de l’Homme au Burundi, la communauté internationale joue avec le feu. Elle est en train de préparer le terrain à une certaine légitimation du pouvoir dictatorial de Nkurunziza, en prenant le risque de mener une enquête sur des choses évidentes. En tout état de cause, en s’éloignant du nœud du véritable problème qui est le mandat de trop de Nkurunziza, les Nations unies pourraient perdre leur crédit dans ce dossier burundais. Il faut croiser les doigts pour que l’objectif caché ne soit pas de travailler à aider le satrape à se « blanchir ». Il pourra ensuite pavoiser en arguant qu’il n’y a aucune preuve contre lui, en dépit des faits pour le moins accablants. La communauté internationale ne peut pas se permettre une telle hypocrisie. Ce serait une catastrophe et un précédent des plus malheureux et dangereux. Il appartient donc à l’ONU de travailler à convaincre qu’elle s’est donné, contrairement à ce que l’on peut craindre, tous les moyens d’éviter que cette enquête ne conforte le dictateur.  A elle de prouver qu’elle a tiré réellement leçon de ce qui s’est passé avec la CPI au Kenya, en prenant toutes dispositions utiles en vue de surmonter les entraves, les refus de coopérer et autres blocages dans le cadre de cette enquête. C’est le moins que l’on puisse attendre de cette vieille dame nommée ONU.

« Le Pays » 


Comments
  • cet éditorial est rempli de faux accusations et de mauvaises idées comme qoui le Président Pierre NKURUNZIZA du Burundi élu démocratiquememet ( en juillet 2015) et conformément à la constitution de la République du Burundi ( Article 96) , est lui la base de tout mal!! Au lieu de pointer du doigt les malfaiteurs et les faux politiciens , certains de l’opposition qui veulent le pouvoir sans passer par le chémin des électionss!!!!!!!

    23 juin 2016

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