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2ND TOUR DE LA PRESIDENTIELLE AU NIGER : Les jeux restent ouverts


Les deux candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle au Niger, Mohamed Bazoum du parti au pouvoir et Mahamane Ousmane de l’opposition, retourneront aux urnes le 21 février prochain, pour un ultime face-à-face qui ouvrira la voie à la passation pacifique et démocratique du pouvoir entre le vainqueur de ce duel et le président sortant, Mahamoudou Issoufou. Le coup d’envoi de la campagne électorale pour ce second tour, a été donné le 31 janvier dernier, par la Commission électorale nationale indépendante, et le moins qu’on puisse dire, c’est que les jeux restent ouverts, bien que le candidat Mohamed Bazoum soit à un battement de cœur de la victoire, au regard des résultats du premier tour qui le placent largement en tête (39% des voix contre 17% pour son challenger).

Pour autant, cet écart abyssal ne lui garantit pas une victoire sans bavure le 21 février prochain, surtout si les principaux candidats défaits au premier tour comme Séni Oumarou, Albadé Abouba et Ibrahim Yacouba font bloc derrière Mahamane Ousmane, dans un pays où la variable identitaire prime sur les programmes politiques dans le choix des électeurs. Certes, comparaison n’est pas raison, mais il faut rappeler qu’en Guinée-Conakry, Alpha Condé avait étonnamment refait son retard du premier tour de la présidentielle de 2010 face à Cellou Dalein Diallo grâce au jeu des alliances et du vote ethnique, et avait au finish coiffé ce dernier au poteau avec un score de 52% des voix. On comprend donc l’optimisme quasi surréaliste de Mahamane Ousmane qui rêve de reconquérir par les urnes le pouvoir qu’il avait perdu par les armes en 1996, avec le soutien de la coalition créée en prélude au ‘’match retour’’ du 21 février prochain, et dans laquelle il souhaiterait voir, en plus de Hama Amadou et de Séni Djibo, d’autres grosses légumes de la politique nigérienne.

L’enjeu est de taille et ce, malgré les risques sécuritaires et sanitaires du moment

Dans le camp d’en face, celui de Mohamed Bazoum, on ne dort pas non plus sur ses lauriers, et des négociations auraient commencé en coulisses dès la proclamation des résultats du premier tour afin d’obtenir des ralliements même opportunistes d’adversaires politiques, qui lui permettront de transformer l’essai dans exactement trois semaines. On verra dans les jours à venir qui des deux candidats l’emportera dans ce marchandage forcément assorti de promesses alléchantes, et si ce ‘’mercato électoral’’ sera in fine décisif, dans un pays où les leaders politiques sont connus pour être les plus versatiles du monde et où les consignes de vote n’ont pas toujours été respectées. En attendant, place aux propos lénifiants et aux phrases assassines, pour vanter les mérites de son programme et démolir celui de l’autre, au cours de rassemblements géants à Niamey et dans les zones encore sous le contrôle de l’Etat. Il n’y a pas de doute que cette campagne du second tour, va charrier davantage de monde sur les places publiques car l’enjeu est de taille et ce, malgré les risques sécuritaires et sanitaires du moment. Et justement par rapport au défi sécuritaire, chacun des deux candidats a déclaré que s’il venait à être élu, les terroristes et leurs complices se casseraient les dents face à l’armée nigérienne qui sera dotée de moyens conséquents pour libérer le pays.

Dans un Niger aujourd’hui au bord du collapse, il en faut plus pour rassurer les citoyens, surtout dans les lointaines zones rurales de l’Est et de l’Ouest, abandonnées depuis longtemps aux marchands de mort et d’illusions. Beaucoup de Nigériens de la région de Tillabéry ont affirmé, d’ores et déjà, qu’ils n’iraient pas à l’abattoir, entendez aux urnes, le 21 février prochain, si des mesures sécuritaires suffisantes et rassurantes n’étaient pas prises avant les votes. Le souvenir du massacre de plus d’une centaine de civils dans la même région, hante encore les esprits, et le risque d’attaques de même ampleur n’est pas totalement à écarter, que ce soit dans cette région frontalière du Mali et du Burkina, ou dans celle de Diffa à l’Est sous la férule des terroristes de Boko Haram depuis une bonne dizaine d’années. Et pour ne rien arranger, aussi bien pour le Niger que pour le futur président de la République, les chiffres relatifs au coronavirus ne font que croître de façon exponentielle, alors que dans le même temps, les recettes publiques qui devaient servir à faire face à ces défis multiples, se tarissent considérablement. La présente campagne électorale risque malheureusement d’être un facteur aggravant de ces différentes crises, et quel que soit celui qui sera élu au soir du 21 février, le redressement de la situation sera titanesque, pour ne pas dire un travail d’Hercule qu’Hercule lui-même n’avait peut-être pas eu le courage de faire.

 

Hamadou GADIAGA

 

 


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