3 JOURS DE DEUIL EN MEMOIRE DES SOLDATS NIGERIENS TUES : Tant que Boko Haram ne sera pas vaincue…
Le Niger vient de décréter 3 jours de deuil national en mémoire de ses 46 soldats et 28 civils tués par Boko Haram, le 25 avril dernier. Quoi de plus normal pour une nation qui se veut reconnaissante à ses fils tombés sur le champ d’honneur? Mais tant que la secte islamiste ne sera pas vaincue, le Niger ne sera pas à l’abri d’une autre hécatombe. Cela est d’autant plus vrai que Boko Haram semble avoir repris du poil de la bête. En effet, la bête immonde, comme à son habitude, a su frapper là où on l’attendait le moins ; surtout que récemment, certains avaient vite fait de célébrer sa mort. Elle a certes, perdu 156 hommes au cours des combats, mais elle aura causé au Niger la plus lourde perte qu’il n’a jamais enregistrée depuis son engagement aux côtés de la coalition. Car, selon le ministre de l’intérieur nigérien, le bilan fut extrêmement lourd, 46 soldats et 28 civils tués et 32 autres portés disparus. En s’attaquant à une base militaire sur l’île de Karamga sur les rives du lac Tchad, Boko Haram prouve à tout point de vue que loin d’être vaincue, elle dispose toujours d’une puissance de feu redoutable. Du reste, elle aura réussi à créer davantage la psychose chez les populations qui ne savent plus désormais à quel soldat se vouer. Car il faut craindre désormais que fortes de cette expérience douloureuse, les troupes nigériennes n’emboîtent le pas aux soldats nigérians en se laissant gagner par la peur. Ce qui serait mortel, d’autant que la lutte contre Boko Haram ne fait que commencer. Rien qu’à en juger par le nombre de combattants islamistes (des sources avancent le chiffre de 2000) qui ont attaqué l’île de Karamga, on peut se laisser convaincre que même défaite, Boko Haram a eu le temps de se réorganiser. Ce qui laisse croire que le mouvement bénéficie d’appuis moraux et financiers, d’où la nécessité de ne pas baisser la garde. Il faut redoubler d’ardeur si l’on veut venir à bout de cette hydre hideuse qui a fait le choix de semer la mort et la désolation et cela, au nom d’une idéologie aux fondements et valeurs ténébreux.
La situation de flottement que vit actuellement le Nigeria, n’est pas de nature à arranger les choses
C’est pourquoi, plutôt que de rester sur la défensive, il y a lieu de passer à l’offensive pour neutraliser toutes les poches de résistance sans doute encore nombreuses. Cela est d’autant plus indispensable que le silence de Boko Haram est très redoutable en ce qu’il annonce toujours des lendemains macabres. A la moindre faille de l’adversaire, c’est le chaos. De toute évidence, le seul avantage que les forces de la coalition ont sur Boko Haram, c’est l’aviation. C’est grâce à elle d’ailleurs que les troupes nigériennes sont parvenues à reconquérir l’île, entre-temps abandonnée aux islamistes. C’est dire que le jour où Boko Haram comptera dans ses moyens logistiques, des hélicoptères ou des avions de guerre, la bataille sera, à l’évidence, très rude. Et ce n’est pas absurde de le penser, quand on sait que la secte bénéficie de soutiens multiformes de la part de pays insoupçonnés. En plus, la situation de flottement que vit actuellement le Nigeria, n’est pas de nature à arranger les choses. Puisque, depuis sa défaite à la présidentielle du 28 mars dernier, le président Goodluck Jonathan semble plus préoccupé à faire ses valises au palais d’Abuja qu’à s’intéresser à la question de Boko Haram qui lui a tant donné le tournis. C’est à se demander si l’homme n’est pas pressé de refiler la patate chaude à son successeur ; tant il en a vu des vertes et des pas mûres dans la lutte contre ce monstre de Boko Haram.
Boundi OUOBA