1er MEETING DE RENTREE POLITIQUE DU MPP AU CENTRE-OUEST : Une mobilisation monstre à Koudougou
Le 1er meeting de rentrée politique du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a eu lieu le 18 octobre 2014 à Koudougou, sous le thème : « Tous ensemble pour l’alternance démocratique en 2015 avec le MPP ». Pour l’occasion, c’est une foule immense venue de divers horizons qui a pris d’assaut la Place de la Nation de Koudougou, pour ne pas se faire conter l’événement. Comme il fallait s’y attendre, les leaders du « parti du Soleil levant », Simon Compaoré, Salif Diallo, Roch Marc Christian Kaboré ainsi que le Larlé Naaba étaient présents et ont réaffirmé leur refus du référendum, de la mise en place du Sénat et la modification de l’article 37.
Pour une mobilisation, c’en était une car la Place de la Nation de Koudougou, choisie pour abriter le 1er meeting de la rentrée politique du MPP, a tout simplement refusé du monde. Debout ou souvent assis à même le sol, les militants et sympathisants venus de la région du Centre-Ouest (Boulkièmdé, Ziro et Sissili) et bien d’autres localités, ont bravé le soleil pour écouter le message du trio Roch Marc Christian, président du parti, Salif Diallo, 1er vice-président, et Simon Compaoré, 2e vice-président, qui ont fait leur entrée triomphale sur le coup de 15h 45. Une arrivée qui a plongé toute l’assistance dans une effervescence totale, si bien que l’on se croirait à la célébration d’une victoire électorale. La mobilisation était impressionnante et les différents intervenants n’ont pas été avares en propos. « Aujourd’hui, 18 octobre 2014, est un grand jour pour Koudougou. Avec ce que vous venez de voir, il n’y a plus de doute ; la cité du Cavalier Rouge est prête pour le changement et l’alternance en 2015 », a indiqué la secrétaire provinciale du MPP/Boulkièmdé, Assétou Fofana.
Quant à Ambroise Bienvenu Bakyono, représentant des jeunes, il a remercié tous ceux qui ont effectué le déplacement sur la terre du père de l’indépendance, Maurice Yaméogo. Pour lui, bien de vaillants fils de la région du Centre-Ouest ont été « assassinés » parce qu’ayant, à un moment donné de leur vie, décidé de dire « non » et mené le combat pour la démocratie, la justice et l’équité sociale, lequel combat est mené, a-t-il dit, actuellement par le MPP. Pour lui, si le peuple accepte la mise en place du Sénat, le référendum et la modification de l’article 37, ces hommes « assassinés » seraient morts pour rien. C’est pourquoi le porte-parole des jeunes a invité « les Burkinabè à faire barrage à la manipulation et à se tenir prêts pour lancer le contre-référendum ».
Et Simon Compaoré de renchérir : « dès l’annonce du référendum, peu importe l’heure, n’attendez pas un mot d’ordre pour le contre- carrer». Tout comme les jeunes, les femmes et les anciens du Centre-Ouest ont réaffirmé leur soutien indéfectible au MPP, respectivement par la voix de Yolande Traoré et de Marcelin Yaméogo. «Le MPP peut compter sur les femmes. Il est dans le cœur de milliers de femmes », a rassuré la représente des femmes et les anciens de demander que le MPP prenne vite le pouvoir avant qu’ils ne meurent.
Un mausolée en mémoire des anciens chefs d’Etat
Tour à tour, les leaders du parti ont réaffirmé leur opposition au référendum, à la mise en place du Sénat et à la modification de l’article 37, en présence du représentant du Chef de file de l’opposition politique (CFOP), Norbert Tiendrebéogo. Pour le Larlé Naaba Tigré, il n’y a pas de raison qu’après 27 ans, Blaise Compaoré demande encore un « lenga ». Tout en rappelant le mérite de Maurice Yaméogo dans l’histoire du pays, le Larlé Naaba a demandé au MPP qu’une fois au pouvoir, il fasse ériger un Mausolée en mémoire de tous les anciens présidents. Il a invité la population de la région à s’engager dans le parti et à éviter les guerres intestines, les manipulations et à promouvoir la cohésion dans les structures de base.
Pour Salif Diallo, il n’y a pas de raison qu’une seule personne brime la volonté de 17 millions d’habitants. « Ceux qui veulent organiser le référendum contre la volonté majoritaire sont ceux qui veulent nuire à la paix. Nous invitons donc le président, qui a la clé de la paix, à ne pas convoquer de référendum », a-t-il lancé.
Quant au président du MPP, Roch Marc Christian Kaboré, visiblement très ému par la mobilisation, il a laissé entendre que tous ceux qui avaient prédit l’échec du meeting et soutenu que le MPP ne mobiliserait pas grand-monde dans le Boulkièmdé devraient avoir honte. Pour lui, « la région a eu de valeureux fils qui se sont battus jusqu’à donner leur vie, mais aussi des fils qui font la honte de la région ». Aux militants et sympathisants du parti, il a lancé qu’il n’y aura ni référendum, ni Sénat, ni modification de l’article 37 et que tous doivent être engagés dans le combat, quoi qu’il advienne, en apportant « la réplique qu’il faut à ce pouvoir de la IVe République, pour une alternance démocratique en 2015. » Concernant l’échec du dialogue initié par le chef de l’Etat, le président du MPP a fait savoir que s’il a « accouché d’une petite souris, c’est parce qu’il n’était pas honnête ». « On avait simplement besoin d’utiliser l’Opposition comme un faire-valoir pour après dire qu’on a discuté, que ça n’a pas marché, et donc qu’on va aller au référendum. Nous n’avons pas accepté de tomber dans ce piège, dans ce marché de dupes, dans cette parodie de dialogue », a-t-il dit.
Il a terminé en remerciant les militants et sympathisants qui ont fait le déplacement et les a invités sur d’autres chantiers pour le combat pour l’alternance au Burkina Faso. Selon le président du MPP, le parti envisage maintenant d’aller vers l’Est.
Modeste BATIONO et Colette DRABO
ENCADRE
Quelques réactions après la cérémonie
Simon Compaoré, 2e vice-président du MPP
« C’est un meeting qu’on avait prévu et cela a été une réussite car ayant mobilisé des milliers de femmes et d’hommes. Nous avons voulu nous adresser à la population du Centre-Ouest ; nous avons donné un rendez-vous et il a été respecté. Nous tenons à saluer la mobilisation et le déplacement des populations du Boulkièmdé, du Ziro, de la Sissili… Comme vous voyez, il y a une accélération de l’histoire au niveau de la situation nationale et il n’est pas exclu que notre programme soit modifié en fonction de cette évolution. Dans tous les cas, sachez que nous sommes prêts, de jour comme de nuit, et nous sommes venus le dire à nos militants, nos sympathisants pour qu’à tout moment, nous soyons prêts pour le combat. Une chose est sûre, il n’y aura pas de référendum et nous mettrons tout en œuvre pour que cette forfaiture n’ait pas lieu dans notre pays. Que la Loi fondamentale soit respectée et que le peuple burkinabè puisse continuer de jouir de la liberté que Dieu lui a donnée ».
Seydou Zagré, coordonnateur général du comité d’organisation du meeting
« Nous remercions la direction politique du parti qui nous a fait confiance pour abriter le 1er meeting de la rentrée politique du MPP à Koudougou. Au regard du succès du meeting, nous pensons que, comme dans les autres provinces, les populations du Centre-Ouest se sont mobilisées pour l’alternance en 2015 au Burkina Faso ».
Dr Emile Paré, secrétaire à la formation politique et civique du MPP
« Je crois que l’opinion nationale et celle internationale vont apprécier ce meeting. D’après ce que j’ai appris sur place, c’est la première fois, depuis 20 ans, 30 ans, qu’un meeting mobilise tant de monde dans le Boulkièmdé. Comme l’ont dit certaines personnes, même les meetings antérieurs du CDP, ceux organisés par Blaise Compaoré, n’ont jamais mobilisé à ce point. Nous ne sommes pas encore en campagne présidentielle, nous sommes dans une situation de pré-campagne et si vous regardez la mobilisation, il va sans dire que le peuple a choisi le thème central de l’alternance en 2015… Je crois que les différents messages véhiculés par les deux vice-présidents, le Larlé Naaba et le président du parti sont clairs. Cette rentrée politique marque la marche historique vers Kosyam. Nous allons marcher vers Kosyam à partir du Boulkièmdé et le choix de cette localité n’est pas gratuit. Le Boulkièmdé est une terre historique de lutte. Il y a eu des lutteurs professionnels, des combattants de la liberté comme Norbert Zongo. Je crois que nous sommes venus prendre cet engagement pour que sa mort serve effectivement à quelque chose…. Nous sommes très étonnés que Hermann Yaméogo, qui n’a jamais participé à une campagne présidentielle, qui n’a jamais affronté Blaise Compaoré à une élection présidentielle, soit celui-là même qui demande au chef de l’Etat de décréter l’état d’urgence. Je crois que ce qu’il gagnerait à dire à Blaise Compaoré, c’est de voir la mobilisation de ce soir et lui demander simplement de laisser la Constitution en l’état… Notre jeunesse a parcouru les secteurs de Koudougou et de Réo, les villages environnants pour la mobilisation, … elle qui est au cœur de notre lutte. Vous avez vu qu’on a remis au président Roch les armes de combat. Vous avez vu qu’il y a des flèches. J’ai toujours dit que le MPP a plusieurs flèches dans son carquois mais il a deux flèches empoisonnées : la jeunesse et les femmes. Nous en avons d’autres non empoisonnées, les anciens, qui vont nous conseiller… La jeunesse est debout, les femmes aussi et les vieux sont assis, en train de nous indiquer la direction de la lutte… La victoire est évidente en 2015. Nous sommes clairs ; si Blaise Compaoré lance le référendum, nous lancerons immédiatement le contre-référendum. Et le peuple va choisir. Si c’est par la rue que l’alternance va se faire, nous allons nous assumer. Si Baise Compaoré nous impose la rue, nous n’allons pas attendre les urnes de 2015, le peuple va s’assumer par la rue. Cela est démocratique et est inscrit dans la Constitution… »
Propos recueillis par CD et MB