6E SOMMET DE LA TICAD AU KENYA : L’Afrique doit en tirer le meilleur profit
Trente (30) milliards de dollars, soit 27 milliards d’euros d’investissements, de 2016 à 2018 en Afrique ! C’est sur cette note de satisfaction que s’est refermée la 6e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) qui, pour la première fois, s’est tenue sur le continent noir, plus précisément à Nairobi au Kenya. Alors, pourquoi le choix du Kenya pour accueillir un tel événement, se demanderont sans doute certains ? En tout cas, ce n’est pas un fait du hasard. D’autant plus que la coopération est étroite entre le Kenya et le Japon qui s’échangent matières premières contre biens de haute technologie. Et ce n’est pas tout. Car, c’est au Kenya que s’est ouverte la plus grande usine d’assemblage de motos Honda en Afrique, sans oublier les nombreuses agences japonaises du commerce et de la coopération qui y ont installé leur quartier général. Pour toutes ces raisons, Nairobi vaut bien un fleuron pour Tokyo qui, on le sait, cherche à consolider sa position sur le marché africain, en démarquant son offre de celle de son puissant voisin chinois. En clair, la TICAD n’est rien d’autre que le symétrique du sommet Chine/Afrique calqué sur le modèle France/Afrique, Etats-Unis/Afrique, Inde/Afrique, et on en oublie. On peut donc comparer l’Afrique à une jeune fille dont le charme fait courir de nombreux prétendants, mais qui, toute prudence gardée, doit savoir en tirer le meilleur profit au risque de se laisser abuser pour ensuite être jetée comme une peau de banane. Car, il faut avoir le courage de le dire. Ce ne sont pas tant les beaux yeux de l’Afrique qui font courir Occidentaux et Orientaux, que les immenses ressources dont elle regorge ; d’où la question suivante : en un peu moins d’un quart de siècle de coopération, qu’a pu apporter à l’Afrique l’empire du Soleil-Levant ? Certes, de nombreuses avancées ont été enregistrées, mais il faut avouer qu’il reste encore beaucoup à faire, notamment l’accès à l’électricité et le développement d’une couverture santé universelle presque devenus une arlésienne, du fait de la mal gouvernance.
Il faudra que le gouvernement japonais se montre de plus en plus regardant sur l’aide qu’il accorde au continent
C’est pourquoi il faut se féliciter des trois principaux objectifs choisis par la TICAD VI, à savoir l’industrialisation avec la diversification de l’économie africaine, l’amélioration des soins de santé d’un continent régulièrement touché par des épidémies et la stabilité de l’Afrique minée par de nombreuses crises socio-politiques. Sur ce dernier point précis, le gouvernement nippon aurait dû assortir son aide du respect des Constitutions sur le continent, quand on sait qu’ils sont nombreux, ces dirigeants africains qui, parce qu’ils veulent mourir au pouvoir, dressent le bûcher contre leurs peuples respectifs. Conséquences : la paix et la stabilité qui servent de ciment à tout développement, sont constamment compromises, provoquant un chaos généralisé sur fond de violence et de terreur. Le cas le plus édifiant est la République démocratique du Congo (RDC) où le président Joseph Kabila, en fin de mandat, est en train d’user de tous les artifices pour s’accrocher au pouvoir, toutes choses qui augurent de lendemains incertains pour son pays. On peut multiplier les exemples, tant ils sont légion sur le continent noir où, pour des dictateurs bien nés, la valeur se compare au nombre d’années passées au pouvoir. Ceci pouvant expliquer cela, il faudra donc que le gouvernement japonais se montre de plus en plus regardant sur l’aide qu’il accorde au continent. Car, on ne le sait que trop bien. Ils sont nombreux, ces chefs d’Etat du continent qui sont « nés après la honte », si fait qu’ils ne la connaissent pas. Pendant que leurs peuples crèvent de faim, certains préfèreront détourner les fonds alloués pour l’amélioration du vécu de leurs concitoyens, pour se construire des châteaux à Tokyo, au nez et à la barbe des autorités japonaises. Il faut donc ouvrir l’œil et le bon.
Boundi OUOBA