Cher neveu,

Les évènements se sont accélérés ces derniers jours, ici, au Faso. En effet, c’est la confusion totale qui régnait depuis la nuit du 23 janvier dernier. Tout a commencé par une mutinerie dans plusieurs casernes de la capitale et dans d’autres villes. Des tirs bien nourris ont été entendus dans des casernes à Ouaga et  à Kaya. Ce qui s’apparentait à une mutinerie, s’est vite transformé en un coup d’Etat. En effet, tôt dans la matinée du 24 janvier, on apprendra que le désormais ex-président, Roch Marc Christian Kaboré, a été arrêté par de jeunes officiers. Mais les nuages vont se dissiper  lorsque dans l’après-midi, un mouvement dénommé Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), dirigé par le lieutenant-colonel Sandaogo Paul Henri Damiba, annonce avoir pris le pouvoir, à la Télévision nationale. Dans la foulée, ces jeunes officiers annoncent la suspension de la Constitution, la dissolution de l’Assemblée nationale et du gouvernement, la fermeture des frontières terrestres et aériennes et l’instauration d’un couvre-feu de 21h à 5 h du matin sur toute l’étendue du territoire national. Aussi, ils se sont engagés « à proposer dans un délai raisonnable (…), un calendrier de retour à un ordre constitutionnel accepté de tous ». Cher neveu, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, présenté comme le nouvel homme fort du pays,  a été nommé commandant de la 3e Région militaire qui couvre Ouagadougou, Koudougou, Fada N’Gourma et Manga, après le drame d’Inata. Il est auteur du livre : «Armées ouest-africaines et terrorisme, réponses incertaines ? ».  Dans une déclaration, le parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), a condamné  une « tentative avortée d’assassinat du président démocratiquement élu, Roch Marc Christian Kaboré », avant d’inviter  ses militants et les patriotes épris de justice et de paix,  à « rejeter ce coup de force rétrograde et à se mobiliser immédiatement sur toute l’étendue du territoire pour faire échec à cette forfaiture ». Mais l’appel du MPP se semble pas, pour l’instant en tout cas, avoir été entendu puisqu’aucune manifestation de rejet du coup d’Etat n’a été constatée. En tout cas, pas au moment où je t’écrivais cette missive. Au contraire, des centaines de jeunes se sont réunis à la place de la Nation, les 24 et 25 janvier, pour apporter leur soutien à la junte.

 

Des condamnations tous azimuts

Comme il fallait s’y attendre, on a assisté à des condamnations tous azimuts, de la part notamment  d’institutions telles la CEDEAO, l’Union africaine. Le président français, Emmanuel Macron, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le président gabonais, Omar Bongo, entre autres, ont condamné ce coup de force.   Comme tu peux le constater, à la crise sécuritaire que traverse notre pays, est venue se greffer cet énième coup d’Etat. Qu’en sera-t-il dans les heures ou mois à venir? Bien malin qui saurait répondre. Car, dans ce contexte aussi intenable qu’est le nôtre, on ignore de quoi demain sera fait. Plaise à Dieu qu’il continue d’étendre sa main sur notre cher Faso. Les Burkinabè sont à bout de souffle et si ces militaires estiment qu’ils peuvent mettre fin à nos souffrances, à  commencer par la lutte contre le terrorisme, ce serait tant mieux. En tout cas, pour l’heure, nous attendons de connaitre leur feuille de route et de les voir à l’œuvre  sur le terrain. Prions surtout qu’ils ne soient pas simplement venus pour beurrer leurs épinards ou restaurer un quelconque ordre ancien.

Cela dit, nous attendons les poulains de Kamou Malo, qualifiés pour les quarts de finale de la CAN Cameroun 2021. Les Etalons qui sont venus à bout des Panthères du Gabon, le 23 janvier dernier, par une séance de tirs au but, devront encore mouiller le maillot face aux Tunisiens, le 29 janvier prochain. C’est tout ce que nous leur souhaitons, par ces temps qui courent. Une victoire le 29 janvier, nous fera oublier pendant quelques instants, ce que nous traversons comme épreuves. Dieu bénisse nos Etalons ainsi que le Burkina Faso !

C’est sur cette note que je te dis au revoir. A bientôt!

                                                                                  Ton oncle

 


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