8-MARS


Dans quelques heures, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays du monde entier, magnifiera la femme. Ce sera à l’occasion du 8-Mars que l’on appelle Journée internationale de la femme. Le jeu en vaut la chandelle. Car, la femme, faut-il le rappeler, est notre mère, notre sœur, notre épouse,  et j’en oublie. Pour toutes ces raisons, elle mérite beaucoup d’égards, surtout dans ce monde caractérisé par des inégalités criantes. C’est pourquoi, moi, je souhaite que l’on change notre manière de célébrer la femme. Je veux qu’au-delà du folklore, l’on songe à trouver des solutions aux problèmes réels des femmes. Et ces problèmes sont connus. Il s’agit de l’accès aux terres qui demeure  une équation d’autant que dans la plupart des communautés, il est connu que la femme ne dispose pas de terre. C’est un cliché qui date de Mathusalem et qui résiste au temps pour la bonne raison qu’il sert la cause des hommes. Pour moi, l’hypocrisie a assez duré et il est maintenant temps, si l’on veut changer les choses, que l’on place la femme au cœur de nos préoccupations pour en faire l’égal de l’homme, avec les mêmes droits et devoirs. Je le dis parce que moi  fou, j’ai un peu plus de quarante ans et j’ai vu passer beaucoup de 8-Mars mais je ne sens pas que grand chose a changé  dans le quotidien des femmes. Faites un tour en milieu rural et vous risquerez de verser des larmes. Vous y verrez des femmes, pieds nus, bébés au flanc, transportant des fagots de bois, pendant que d’autres, dans les mêmes circonstances, parcourent des dizaines de kilomètres pour chercher de l’eau. J’oublie volontiers les cas de femmes qui perdent la vie en voulant donner la vie et ce, parce qu’elles n’ont pas le minimum pour se faire suivre pendant la grossesse, dans un centre de santé.

 

 

Je souhaite une rupture avec le passé

 

 

Certes, je reconnais que par endroits, beaucoup d’efforts ont été faits pour améliorer les conditions de vie et de travail de la femme. Mais j’avoue qu’il reste encore beaucoup de défis à relever, surtout que pour ne rien arranger, l’insécurité s’est invitée à la danse. Conséquence, on voit des femmes dont les époux ont été tués par des terroristes et qui sont obligées de se prostituer pour pouvoir nourrir la kyrielle d’enfants qu’elles ont sous la main. Ceux qui en doutent, peuvent s’en convaincre en faisant un tour à Kaya, Kongoussi, Fada, etc. En tout cas, ne réduisons pas le 8-Mars à une fête dans des salons feutrés de Ouaga ou Bobo. Pensons à toutes ces femmes qui, ce jour-là, n’auront même pas à manger  ni à boire. Sans oublier celles-là qui, ce jour-là, seront, pour une raison ou pour une autre, violentées par leurs époux respectifs. Ce n’est pas moi qui le dis. Les faits parlent d’eux-mêmes. C’est pourquoi je souhaite une rupture avec le passé. Je veux que les 8-Mars se suivent mais ne se ressemblent plus. C’est en cela que je rends un hommage appuyé à ce groupe de femmes qui ont choisi de célébrer autrement le 8-Mars et ce, en marquant leur solidarité aux femmes qui sont en situation de précarité. C’est tout à leur honneur et la Nation tout entière le leur revaudra. Bonne fête de 8-Mars à toutes les femmes du Burkina et du monde entier.

 

« Le Fou »  


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