MALI : Une terre sans répit
Le Mali n’en finit pas de faire parler de lui et de la manière la moins souhaitable. Pas plus tard que lundi dernier, un camion du Comité international de la Croix-Rouge a été victime d’une attaque terroriste dans la périphérie de Gao. Cet attentat qui a coûté la vie au conducteur et blessé un humanitaire, a été revendiqué par le MUJAO (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) qui, on se rappelle, avait occupé le Nord-Mali en 2012. Ce n’est pas la première fois que ce mouvement s’attaque à des symboles aussi forts. Il a déjà perpétré des attentats contre des Casques bleus au Mali. En vérité, il est en passe de devenir le mouton noir des forces de sécurité et de défense déployées au Nord- Mali. La ville de Gao est sécurisée par les forces internationales et maliennes mais en dépit de cela, le MUJAO parvient toujours à créer une brèche dans le mur de sécurité bâti par ces dernières. Toute chose qui montre sa capacité de nuisance et sa force de frappe. En tout cas, cet attentat est un mauvais signe pour la paix dans le septentrion malien. Il démontre tout le fanatisme et la barbarie de ces fous d’Allah. Passe encore que le MUJAO s’attaque aux forces qui l’empêchent de reprendre le contrôle de Gao. A la guerre comme à la guerre ! Mais on ne peut comprendre qu’il s’attaque à des humanitaires aux mains nues, qui agissent en toute neutralité et impartialité. On peut être sûr qu’avec ces attentats répétitifs, la marche vers la paix sera encore plus pénible et plus longue. Le Mali est en train de devenir, si ce n’est déjà le cas, un véritable chaudron. Nul ne peut dire avec certitude quand le pays de Soundjata Kéita renouera définitivement avec la paix. Le bout du tunnel est encore loin. Le Mali est aujourd’hui une terre sans répit, car les djihadistes de tous poils le rendent difficilement gouvernable.
Si ce n’est pas un attentat terroriste qui se produit, c’est l’opposition qui rame à contre courant de l’accord d’Alger
Et ce n’est pas le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) qui dira le contraire. Lui dont le mandat n’est pas des plus paisibles. En effet, son quinquennat est plus consacré à la recherche de la paix qu’au développement économique et social de son pays. On se demande même si certains Maliens n’ont pas commencé à regretter l’ère ATT. Car, faut-il le souligner, c’est seulement à partir du second mandat de celui-ci que l’invasion djihadistes a débuté de façon aussi tonitruante et a été accélérée avec le coup d’Etat d’Amadou Sanogo. En tout cas, l’histoire retiendra que c’est après le coup de force contre le président Amadou Toumani Touré que les choses sont allées de mal en pis. Certes, sous le règne de ATT, le problème touareg était déjà sur la table, mais les actes terroristes n’avaient pas pignon sur rue comme aujourd’hui. Il est vrai que le Mali d’hier n’est pas comparable au Mali du XXIe siècle où les nouvelles technologies de l’information et de la communication rendent l’exercice du pouvoir d’Etat plus difficile. Elles ont certes des avantages, mais elles ont aussi des inconvénients. Si le djihadisme s’est, de nos jours, internationalisé, c’est bien en partie grâce aux NTIC. En tout état de cause, le Mali d’aujourd’hui est plus à déplorer que le Mali d’hier. Et cela est d’autant plus vrai que ce pays n’en finit pas de se démener comme un beau diable. Si ce n’est pas un attentat terroriste qui se produit, c’est l’opposition qui rame à contre courant de l’accord d’Alger. En effet, l’opposition malienne estime qu’en paraphant l’accord d’Alger, Bamako a fait trop de concessions. Or, la question est de savoir ce que deviendra le Mali si l’accord d’Alger n’est pas appliqué. Tous ou presque, savent que même si l’accord d’Alger comporte des insuffisances, il vaut mille fois mieux qu’une reprise des hostilités. Pour l’affaire relative au financement réel ou supposé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy par Kadhafi, et pour laquelle il a été entendu comme témoin, on pourrait dire que ce long feuilleton juridico-politique français révèle la face sombre de certains hommes politiques qui fréquentent les palais présidentiels africains. L’audition d’ATT par la Division des investigations criminelles (DIC), depuis son pays d’exil, est la preuve que tous les collaborateurs de nos chefs d’Etat ne sont pas toujours des saints. Certes, dans cette affaire, ATT ne risque rien car il a été auditionné comme simple témoin, mais l’acte en lui-même pourrait porter préjudice à son image. Du reste, l’insistance de la DCI porte à croire que le Malien Amadou Cheikh Bani Kanté, qui coordonnait le Fonds d’investissement libyen (LAP) au Mali, n’est pas étranger au financement de la campagne de Sarkozy par la Libye via le LAP. Et si tel est le cas, il faut le déplorer car il se posera un problème de morale. On ne pourrait concevoir qu’un homme qualifié d’infréquentable comme Kadhafi, puisse financer la campagne d’un homme qui a dirigé la France, pays des droits de l’Homme, pendant cinq ans.
Dabadi ZOUMBARA