HomeBaromètreRAPPORT DU MBDHP SUR L’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 : 34 personnes tuées, plus de 400 blessés

RAPPORT DU MBDHP SUR L’INSURRECTION POPULAIRE DES 30 ET 31 OCTOBRE 2014 : 34 personnes tuées, plus de 400 blessés


La situation des droits humains au Burkina depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a fait l’objet d’un rapport spécial élaboré par le Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP). Le lancement officiel de ce rapport a eu lieu le mardi 26 mai 2015 au siège du mouvement.

 

L’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 a engendré des morts. Au total, la Coordination des associations pour l’assistance et le secours populaire (CAASP) dont est membre le Mouvement burkinabè des droits humains et des peuples (MBDHP), a dénombré 34 personnes tuées sur l’ensemble du territoire national dont 21 à Ouagadougou, 7 à Sebba, 3 à Ouahigouya, 2 à Bobo-Dioulasso et 1 à Léo. C’est ce qui ressort du rapport spécial du MBDHP sur la situation des droits humains au Burkina depuis cette insurrection populaire et dont le lancement officiel a eu lieu le 26 mai dernier à Ouagadougou. Ce rapport révèle que de ces 34 victimes ; 19 ont été tuées par balles, au moins 6 sont mortes calcinées . Malheureusement, l’absence d’enquêtes ne permet pas d’établir les circonstances exactes de ces morts et de situer les responsabilités. En plus des morts, le CAASP dénombre 400 blessés et une bonne partie de ceux-ci a été victime de tirs à balles réelles. On note aussi dans ce rapport qu’à Ouagadougou, les tirs à balles réelles ont eu lieu le 30 octobre 2014 autour de la maison de François Compaoré, frère cadet de Blaise Compaoré, et lors de la marche sur le palais présidentiel à Kossyam ainsi que le 2 novembre 2014 à la RTB. Bon nombre de blessés l’ont été lors des pillages survenus en marge de l’insurrection populaire. Les forces armées burkinabè, principalement des éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), comme le traduit le présent rapport, ont fait un usage excessif de leurs armes durant l’insurrection populaire et dans ses recommandations, le MBDHP exige d’ailleurs la dissolution de ce régiment. Il faut également relever que plusieurs autres personnes ont subi des brûlures plus ou moins graves lors des incendies des maisons de dignitaires du régime déchu et qui sont dans la même situation que les blessés par rapport à leurs prises en charge.

Le rapport dit que contrairement au discours officiel, la prise en charge des blessés de l’insurrection populaire n’a pas été adéquate. Pour la plupart, les blessés ont été livrés à eux-mêmes pour les premiers soins avant de se faire par la suite rembourser les frais engagés pour les plus chanceux. Certains blessés par contre n’ont reçu aucun remboursement. Il y a aussi le fait qu’au regard du délabrement du système national de santé, l’Etat a failli à son obligation d’assistance et de secours aux blessés dès la survenue des évènements. On peut relever que le Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO) a récolté à la date du 12 février 2015, la somme de 74 515 780 F CFA au titre de dons de personnes physiques ou morales. Cette somme, selon le rapport, a servi à la prise en charge des malades traités dans cet hôpital ainsi qu’à l’inhumation des martyrs de l’insurrection. A la même date du 12 février 2015, la direction de l’hôpital disposait toujours d’un reliquat de 20 966 099 F CFA. Par rapport aux atteintes au droit du travail, on note que plusieurs entreprises ont été attaquées et pillées pendant l’insurrection et la conséquence, c’est que de nombreux travailleurs se sont retrouvés au chômage. Selon l’Unité d’action syndicale (UAS), près de 5 000 travailleurs sont touchés par ces pertes d’emplois du fait de l’insurrection. Au-delà de son aspect narratif, le président du MBDHP, Chrysogone Zougmoré indique que ce rapport se veut une lecture critique du déroulement des évènements des 30 et 31 octobre 2014 et fait savoir qu’il se termine par des recommandations adressées aux autorités. Il y a la question de l’impunité parce qu’on n’est pas arrivé à ce jour à identifier ou comme le président Chrysogone Zougmoré le dit, on ne veut pas identifier ceux-là qui ont donné l’ordre de tirer sur les manifestants. L’accent a été également mis sur le fait que la justice doit être libérée de toute entrave possible pour faire normalement son travail. Ce rapport va servir d’outil d’information et de sensibilisation des populations afin qu’elles continuent de prendre en mains leurs destins. Il faut souligner que ce rapport a été édité grâce à la contribution financière de DIAKONIA.

Antoine BATTIONO

 

 

 


Comments
  • Avec autant de morts et de blessés, la CEDEAO demande de laisser les responsables de ces tueries participer aux élections à venir. Quelle négation de la réalité! Autant qu’ils sont tous les Chefs d’Etats de la CEDEAO ont leur part de responsabilité dans ces tueries.

    28 mai 2015

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