LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES : Le MPFG pour l’implication des Hommes de médias
Les Violences faites à l’égard des femmes et des filles (VEFF) sont monnaie courante au Burkina. Afin de susciter l’adhésion des Hommes de médias dans la lutte contre ces pratiques, le ministère de la Promotion de la Femme et du Genre (MPFG) a initié une caravane de presse qui a sillonné six régions du pays, du 15 au 20 juin 2015. A Ouagadougou, Ziniaré, Dori, Koudougou, Dédougou et Bobo-Dioulasso, Journalistes et communicateurs ont été édifiés sur l’état des lieux des VEFF des régions concernées ; cela, dans le but de stimuler la production journalistique pour sensibiliser les populations sur le sujet.
« J’ai été mordue par ma belle-sœur et j’ai failli perdre mon doigt. En complicité avec mon frère, ils ont mis tout en œuvre pour me chasser de la cour familiale », a témoigné en substance, une victime de violence à l’égard des femmes et des filles (VEFF), à Ziniaré, dans le Plateau central, le 16 juin dernier. C’était à l’occasion de la caravane de presse initiée par le ministère de la Promotion de la Femme et du Genre, dont le top de départ avait été donné la veille, à Ouagadougou, par le secrétaire général dudit ministère, Nathalie Sandwidi. Cela, afin de permettre aux Hommes de médias de mesurer l’ampleur des VEFF et de susciter leur adhésion dans la lutte contre celles-ci, à travers des productions journalistiques. Au programme de la caravane, des ciné-débats animés par la troupe théâtrale « La parole », après une présentation sur l’état des lieux des VEFF, donnée par les directeurs régionaux (DR) de la Promotion de la Femme et du Genre de chacune des régions parcourues par les journalistes et communicateurs. Ce sont donc dans les régions du Centre, du Plateau Central, du Centre Ouest, du Sahel, de la Boucle du Mouhoun et des Hauts-Bassins, que l’état des VEFF a été fait. Bien que les VEFF soient une violation des droits de l’Homme, et que plusieurs actions sont entreprises pour les combattre, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ont la peau dure. En effet, elles sont nombreuses, les femmes qui continuent d’en subir diverses formes : coups et blessures, viols conjugaux, violences morales, économiques, etc. En témoignent les chiffres recueillis dans les différentes régions.
Dans celle du Centre par exemple, a confié la DR Fatimata Soré/ Zongo, 1753 cas de VEFF, notamment des refus de paternité et des viols conjugaux, ont été recensés par les services de l’action sociale, courant de l’année 2013-2014. Dans la région du Plateau Central par contre, à en croire le DR Léopold Sampebdo, ce sont les grossesses non-désirées, celles précoces et l’exclusion sociale qui sont récurrentes. Quant à la région du Sahel, a confié le DR Hama Ly, les unions entre mineurs ou impliquant des mineurs, avec toutes les conséquences qui en découlent, sont les fléaux de sa zone.
6 régions, un point commun : le manque de données
Selon les responsables du ministère en charge de la lutte contre les VEFF, toutes les études font ressortir que le domicile est le lieu de prédilection de celles-ci, avant la rue, le milieu professionnel et scolaire.
Des 6 régions parcourues par la caravane, un point commun se dégage : la difficulté de trouver des données fiables, les femmes préférant pour la plupart, subir en silence les violences à leur égard. Les causes trouvent, le plus souvent, leur source dans les pesanteurs socio-culturelles, qui perpétuent les stéréotypes sexistes au détriment des femmes.
En effet, des enquêtes de la GTZ (Gesellschaft für technische Zusammenarbeit) ont révélé que plus de 50% des femmes trouvent normal d’être battues par leurs conjoints. Lorsque l’autorité de celui-ci est contestée ou remise en cause, ce qui explique, en partie, le refus des victimes de porter plainte. Et même lorsque des plaintes sont déposées, a ajouté la DR du Centre-Ouest, Alimata Sodoré/Ouédraogo, il est rare qu’elles aboutissent, les victimes et leurs parents étant enclins à gérer les choses en famille. « En 2013, dans le village de Léna, 27 filles dans une même classe de 6e sont tombées enceintes. Les auteurs étaient pour la plupart les enseignants. Finalement, le problème s’est résolu à l’amiable en passant par les familles et les ministères», a rappelé à titre d’exemple Emmanuel Ouédraogo, DR des Hauts-Bassins.
Pour lutter efficacement contre les VEFF, la sensibilisation est indispensable, selon les responsables du ministère de la Promotion de la Femme et du Genre, d’où la nécessité d’associer les Hommes de médias à cette lutte. Cette lutte passe aussi, selon la DR de la Boucle du Mouhoun, Marie Elisabeth Kadéba Guigma, par l’autonomisation économique de la femme, la scolarisation et le maintien de la jeune fille dans le cursus scolaire.
Quant au volet répressif que certains estiment peu productif dans la lutte contre les VEFF, le premier responsable en charge de la Promotion de la Femme et du Genre travaille à l’adoption par le Conseil national de transition d’un projet de loi.
Thierry Sami SOU
Les types de VEFF
Il existe 6 types de VEFF. Ce sont les violences physiques ou corporelles, qui sont des atteintes à l’intégrité physique de la femme et les violences morales ou psychologiques qui sont des comportements et attitudes qui constituent des atteintes à la personnalité de la femme, à son image, à son estime propre et à son équilibre intérieur. Il y a également les violences sexuelles, les violences économiques, celles culturelles et les violences politiques.
L’époux et d’une manière générale le partenaire sexuel ou intime est cité par plus de 60% des femmes comme auteur principal des VEFF.
Source : dossier de presse