ATTAQUE CONTRE DES DJIHADISTES DANS LE SUD MALIEN : L’opération Seno commence à porter fruits
L’insécurité est en passe de gagner tout le territoire malien, notamment le Centre et le Sud. En effet, dans ces zones, sévissent, d’une part, Amadou Koufa du Front de libération du Macina, en particulier dans les régions de Mopti et de Ségou, et d’autre part, Khaled Ibn al-Walid, la cellule combattante, issue d’Ansar Dine, active dans les environs de Sikasso. Cette nouvelle situation sécuritaire indique, de façon pressante, que Bamako est à portée de main des combattants d’Amadou Koufa, de Khaled Ibn al-Walid et même des djihadistes du Nord-Mali qui n’hésitent pas à exploiter les failles sécuritaires des forces armées maliennes pour mener des opérations terroristes. En tout cas, plusieurs fois, les djihadistes ont montré qu’ils en ont les moyens et les capacités. Le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), du haut des collines de Koulouba, a pris la mesure de la situation et semble s’être donné les moyens pour lutter contre l’insécurité. D’où cette vaste opération baptisée Seno, qui signifie en langue peulh, sable, terre ou terroir. Pendant au moins trois mois, les troupes maliennes vont se concentrer plus précisément en pays dogon présenté comme le cœur du circuit touristique du pays. Pour la force composée de soldats de l’armée, d’éléments de la gendarmerie et de la garde nationale, la mission est de « contenir », de « stopper » et de « neutraliser » les groupes armés qui ont trouvé refuge dans la zone. Dans cette opération, l’armée malienne aura besoin de capacités guerrières à toute épreuve pour vaincre ceux qui troublent le sommeil de la population des zones suscitées.
La battue des taillis, des bois et autres lieux de caches djihadistes commence à compter ses premiers gibiers.
D’ailleurs, il ressort que c’est la plus importante opération militaire après l’intervention française de 2013. Cette forte mobilisation des forces sera-elle à la hauteur du péril? On attend de voir. En tout état de cause, il faut saluer cette intention ou initiative du pouvoir de Bamako car, à terme et c’est le souhait de tous, elle peut et doit permettre d’une part de sécuriser une population qui vit dans la psychose, et de l’autre, d’endiguer les facilités avec lesquelles les combattants arrivent à opérer dans les zones concernées. Seulement, cette opération de « sécurisation » peut, en même temps, produire l’effet contraire ou amplifier une situation déjà critique, si toutes les précautions ne sont pas prises. Premièrement, il est connu de tous que le type de guerre servie par les djihadistes est asymétrique. Les combattants n’agissent pas en bandes armées, et ne disposent pas de troupes organisées pour mener une guerre frontale contre l’armée malienne. De plus, les combattants djihadistes ne portent pas de signe distinctif. Ils vivent plutôt avec la population. Alors, comment les démasquer ou les débusquer ? Les “barbus” et autres délinquants combattants ne vont-ils pas prendre des dispositions pour mieux camoufler leurs caches d’armes ? Toujours est-il que dans des opérations du genre où les exactions ne manquent pas et où les amalgames sont monnaie courante, les forces maliennes doivent remplir efficacement leur mission en ayant à l’esprit le respect des droits de l’Homme. Par ailleurs, l’opération de sécurisation doit être menée tout en évitant de trop dégarnir le Nord car il y a effectivement le risque que la concentration des forces maliennes dans les zones ciblées, ouvre des brèches pour des actions terroristes dans le septentrion. Autre chose à ne pas négliger : l’insécurité dans le Centre et le Sud a atteint les confins du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. Le Niger, lui, étant depuis le départ, sur la ligne de front. La vaste opération de sécurisation devrait être menée de façon conjointe avec les forces de ces différents pays voisins aux fins d’éviter que ces derniers ne servent de bases de repli aux éléments de Koufa et de Walid. D’où la nécessité d’une synergie d’action. C’est dire que cette opération est en réalité un vrai défi que s’est lancé Bamako. Saura-t-elle le relever ? Toute la question est là. Mais déjà, la battue des taillis, des bois et autres lieux de caches djihadistes commence à compter ses premiers gibiers. 12 présumés islamistes ont été arrêtés par les forces maliennes dans la zone de Mopti. Deux d’entre eux sont fortement soupçonnés d’avoir posé des mines en septembre dernier, tuant des soldats maliens. Certains avaient par devers eux des armes de guerre. L’un dans l’autre, on peut dire que l’opération Seno est en marche.
Michel NANA