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BURUNDI : Ces rapports qui n’arrêtent pas la tuerie


Au moment où le correspondant de RFI et de l’Agence France-Presse au Burundi, Esdras Ndikumana, recevait le prix de la presse diplomatique francophone, (première du genre pour un journaliste africain), pour son courage et sa compétence dans l’exercice d’une profession rendue encore plus difficile par la situation sociopolitique explosive de son pays, le Conseil de sécurité de l’ONU recevait, de son côté, le 6 janvier dernier,  un mémo des plus alarmistes sur la situation sociopolitique et économique du Burundi, qui va de mal en pis. Face au tableau particulièrement sombre peint par le chef des opérations de paix, l’ONU craint désormais le pire dans ce pays. Mais avant l’écrit de Hervé Ladsous, l’on se rappelle que l’ONG Human Rights Watch avait déjà, en août 2015, produit un rapport accablant pour attirer l’attention de l’opinion sur les violations flagrantes des droits de l’Homme et l’usage excessif de la force contre les populations, par le pouvoir de Bujumbura et ses affidés de la milice des Imbonerakure. Au cours de la même année, d’autres organisations du même genre comme la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et la ligue ITEKA, entre autres, s’inquiétaient de « l’enlisement du dialogue politique sur fond de répression accrue » et exhortait la communauté internationale  à prendre des mesures d’urgence face à l’accroissement des assassinats ciblés, des exécutions sommaires et extrajudiciaires, et des arrestations et détentions arbitraires. L’Union africaine (UA), de son côté, n’a pas manqué de faire son propre état des lieux de la situation sociopolitique délétère au Burundi, tout comme l’Union européenne et le pays de l’Oncle Sam qui ont brandi des menaces contre le boucher de Bujumbura. Mais tous ces rapports n’ont pas réussi à arrêter Pierre Nkurunziza dans sa folie meurtrière dirigée contre ses compatriotes opposés à son troisième mandat. Pire, ces rapports se suivent et se ressemblent, mais jusque-là, il n’y a pas d’action énergique sur le terrain à même de mettre fin aux dérives maniaques d’un président sanguinaire qui a décidé de soumettre son peuple au canon et à la baïonnette.

La communauté internationale aurait tort de croire que le Burundi n’est pas encore dans la situation du pire

Si fait que l’on a quelque part le sentiment que tous ces rapports ne servent à rien, sinon qu’à meurtrir davantage le cœur des démocrates sincères du continent qui assistent, impuissants, à la confiscation du pouvoir et de la liberté de tout un peuple par un individu. Ce sont donc des rapports qui tuent, non seulement parce qu’au même moment le sang continue de couler au Burundi, mais aussi parce qu’il est incompréhensible qu’un seul individu comme Nkurunziza puisse dicter, de la sorte, sa loi au monde entier, en prenant tout un peuple en otage. Tout comme il est navrant de constater que la communauté internationale, principalement l’UA et l’ONU, sont jusque-là incapables d’administrer la bonne thérapie au grand malade burundais. Même l’Union européenne et la puissance colonisatrice, la Belgique, qui étaient montées sur leurs grands chevaux et avaient suscité des espoirs chez les démocrates du continent, sont devenues aphones. Pourtant, tout le monde connaît la cause du mal. Et le pire, c’est que l’on ne sent personne engagé sur le terrain aux côtés du peuple burundais. Tout le monde se comporte en spectateur impuissant de la crise. Combien de rapports ou de morts faudrait-il encore pour décider la Communauté internationale à agir efficacement ?  Ou bien attend-elle que le malade burundais soit grabataire avant de prescrire le grand remède ? A cette allure, il ne lui resterait plus qu’à l’euthanasier, avant que les rapports ne fassent leur effet. En tout cas, la communauté internationale aurait tort de croire que le Burundi n’est pas encore dans la situation du pire. Car, de la demi-douzaine de tués et la septantaine de blessés au départ, au millier de morts qu’il avoisine aujourd’hui, le Burundi est bel et bien déjà aux portes de la guerre civile et du génocide. Tout cela, à cause de l’entêtement d’un seul individu. Si l’on n’y prend garde, au rythme où s’accumulent les rapports et les macchabées, il n’y aura plus de vie à sauver au Burundi au moment où la communauté internationale se décidera à sortir de sa léthargie. D’autant plus que les populations commencent à manquer  de nourriture et de médicaments.  De là à penser que ces rapports sont utilisés par ces institutions internationales juste pour endormir les consciences et se donner à elles-mêmes bonne conscience, l’on est tenté de vite franchir le pas. A ces institutions donc de prouver le contraire. En tout cas, l’ONU, l’UA et toutes les grandes puissances qui peuvent infléchir le cours de l’histoire au Burundi, ne pourront pas dire qu’elles n’auront pas été averties. Elles sont donc bien payées pour savoir la conduite à tenir, si tant est qu’elles veuillent vraiment porter assistance au peuple burundais en danger. En tout état de cause, l’histoire retiendra le rôle et la part de responsabilité de chacun dans le dénouement du drame burundais.

Outélé KEITA


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