SERIE DE SCANDALES DU PRESIDENT SUD AFRICAIN : Qui pour arrêter Jacob Zuma dans ses frasques ?
La Cour constitutionnelle a rendu hier, 31 mars 2016, son verdict sur le scandale Nkandla. Elle rend le président Jacob Zuma coupable du viol de la Constitution et le condamne au remboursement des deniers publics indûment utilisés pour financer la rénovation de sa résidence privée. Mais en plus de devoir casser la tirelire au profit du Trésor public, Zuma voit planer au-dessus de sa tête, comme une épée de Damoclès, une menace de destitution. Tout comme son prédécesseur Thabo Mbeki, l’homme encourt le risque d’une fin de carrière politique en débâcle, puisque ce verdict qui devrait faire les choux gras de l’opposition, permet d’enclencher sa procédure de destitution. Le scénario d’un découronnement de Zuma, quoique peu probable, ne serait que justice car « l’homme au harem » a éclaboussé tout son magistère de frasques. Nonobstant le fait de confondre le Trésor public avec sa poche, en y puisant pour ses travaux d’aménagements personnels ou en revalorisant son salaire, l’homme gère les affaires de l’Etat comme une case paternelle. On se souvient encore du limogeage arbitraire du ministre des finances, Nhlanhla Nene, qui avait été à l’origine de l’effondrement de la bourse sud-africaine ou encore du scandale du « Guptagate » du nom de cette famille proche du président qui avait utilisé un aéroport militaire pour un mariage. Et quid de ses histoires de fesses ? En se comportant de la sorte, Zuma donne la preuve qu’il est un véritable accident dans l’histoire sud-africaine.
Il est grand temps que l’ANC entame sa mue pour assurer le passage de témoin
Car, il a vendangé tout l’héritage politique et moral de Nelson Mandela dont il ne peut chausser les bottes. William Gumede ne pensait pas si bien dire en écrivant ceci : « Souvent, dans l’histoire, les dirigeants d’anciens mouvements de libération nationale se sont perçus comme étant au-dessus des lois, mais aussi des contraintes d’une attitude morale et personnelle à la fois bonne et responsable. Mandela, quand il était président de l’Afrique du Sud, a été ce dirigeant rare qui n’a pas permis au pouvoir d’Etat, nouvellement acquis, de corrompre ses règles de conduite morales et personnelles. » Mais pouvait-il en être autrement pour Zuma qui a fait ses armes dans le maquis et qui considère l’Afrique du Sud comme un butin de guerre arraché de haute lutte ? L’ANC, à défaut de se désolidariser de Zuma, ne devrait pas faire barrage à sa procédure de destitution. Ainsi, le parti resterait fidèle à son idéal originel de lutte contre l’injustice et replacerait l’Afrique du Sud dans la bonne trajectoire, celle de la vraie démocratie et du leadership continental. Il réhabiliterait surtout la mémoire de Nelson Mandela. Il est d’ailleurs grand temps que l’ANC entame sa mue pour assurer le passage de témoin entre les dirigeants actuels, qui, même tirant leur légitimité de la lutte contre l’apartheid, se montrent plus préoccupés à défendre leurs acquis que tout autre chose et une nouvelle génération de leaders plus préoccupés par la réhabilitation de l’image de l’Afrique du Sud. A défaut de réussir cette transition, c’est le risque d’une « gondwanisation » qu’encourt le pays et finalement, ce sont les « Blancs » sud-africains qui devraient rire sous cape.
SAHO