POUR LE RETOUR DES REFUGIES IVOIRIENS : La Côte d’Ivoire a-t-elle le choix ?
Cinq ans après la crise postélectorale qui aura coûté la vie à plus de 3000 personnes en Côte d’Ivoire, des milliers d’Ivoiriens sont toujours en exil dans plusieurs pays, surtout voisins. Une situation qui préoccupe le régime d’Alassane Dramane Ouattara (ADO) au point qu’il a dépêché au Liberia sa ministre de la Solidarité, de la cohésion sociale et de l’indemnisation des victimes, pour sensibiliser et encourager ses compatriotes réfugiés dans ce pays à rentrer au bercail. Et tout porte à croire que Pr Mariétou Koné, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’a pas prêché dans le vide. En effet, elle a réussi à repartir au pays avec 350 Ivoiriens. Certes, ce nombre peut être considéré comme une goutte d’eau dans une mer quand on sait que le Liberia abrite sur son sol, plus de 20 000 réfugiés ivoiriens. Mais, la décision de ces réfugiés de rentrer en Eburnie est hautement symbolique et encourageante. C’est une preuve manifeste de leur volonté d’adhérer à l’initiative des autorités de leur pays d’origine. Et il faut souhaiter que leur attitude fasse des émules auprès d’autres réfugiés ivoiriens auxquels d’autres pays ont offert gîte et couvert. En tout cas, il y va de la bonne marche de la réconciliation sur les bords de la lagune Ebrié. Du reste, ADO n’avait-il pas affirmé haut et fort, lors de son investiture pour son deuxième mandat, que la réconciliation nationale était au centre de ses priorités? C’est peu dire que le retour des exilés ivoiriens au pays pourrait donner un coup d’accélérateur au train de la réconciliation.
Il appartient aux autorités ivoiriennes de donner des gages suffisants aux exilés
Cela dit, cette tournée de la ministre en charge de la Solidarité, est à tout point de vue, opportune. Non seulement elle rassure les réfugiés ivoiriens que leurs autorités sont disposées à les accueillir, mais elle redore aussi, un tant soit peu, le blason du pouvoir d’ADO. Car, pour un pays soucieux de son image, c’est une honte que de voir ses fils et filles errer comme des âmes en peine dans d’autres pays. De toute façon, la Côte d’Ivoire n’a pas trop le choix que d’œuvrer au retour de ses exilés. En effet, le Haut commissariat pour les réfugiés, qui s’investit corps et âme pour leur offrir de quoi s’abriter et se nourrir, commence à manquer de ressources pour continuer à les assister. Pour autant, cette campagne de sensibilisation démarrée tambour battant, produira-t-elle les fruits escomptés? Attendons de voir. Une chose est en tout cas certaine : on ne peut obliger un refugié à rejoindre son pays. Il le fera de plein gré si les conditions sont réunies. En effet, en plus de protéger les hommes de son camp, le pouvoir en place avait accordé l’impunité à certains repentis du Front populaire ivoirien et jeté d’autres en prison, après le retour massif de dignitaires de la galaxie Gbagbo, parmi lesquels Affi Nguessan. Cette justice sélective pourrait pousser certains à réfléchir par deux fois avant de prendre le chemin du retour. En tout état de cause, il appartient aux autorités ivoiriennes de donner des gages suffisants aux exilés, qu’une fois rentrés au pays, ils bénéficieront d’un traitement équitable et de moyens conséquents pour leur installation.
Dabadi ZOUMBARA