CONTROLE DES PRIX A TOUGAN:Des commerces fermés
Une mission de la Direction régionale de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat (DRICA) des Hauts-Bassins était à Tougan, le 24 juillet 2014. Objectif : contrôler les prix des produits de grande consommation pendant le mois de carême musulman. Mais ce contrôle tournera court puisqu’à peine ont-ils commencé leur travail que tous les autres commerçants, alertés, ont fermé leurs portes.
C’est un marché désert que nous avons trouvé dans la matinée du jeudi 24 juillet 2014 à Tougan. En effet, les contrôleurs de prix qui sont arrivés dans la matinée, ont vu leur mission achevée plus tôt que prévue puisqu’ils n’ont pu contrôler que 5 boutiques en tout dans toute la ville. En effet, dès qu’ils ont commencé à contrôler les prix des produits, les commerçants ayant été alertés ont tout simplement fermé boutiques et autres commerces. Un tour au marché nous a permis de constater qu’il était désert, vidé de ses occupants habituels. Approchés, les commerçants ont confié qu’ils ont été surpris par l’impressionnant dispositif sécuritaire composé de 4 véhicules de gendarmes casqués et armés, venus encercler le marché. Ne comprenant rien, ils ont préféré fermer les commerces et prendre la poudre d’escampette. Constatant la situation, la mission est retournée à sa base, à la compagnie de la gendarmerie, où elle a été rejointe par le président des commerçants, Mahamadi Sana. Après quelques échanges, ce dernier a tenté de convaincre ses camarades en leur signifiant que les contrôleurs étaient là pour un contrôle des produits de grande consommation tels que le riz, le sucre, l’huile, le lait, et que la présence de la gendarmerie visait à assurer la sécurité des contrôleurs et celle des commerçants. Mais ils étaient nombreux les commerçants sceptiques qui ne croyaient plus aux propos de leur président. En outre, la pluie s’est invitée dans la danse, une aubaine pour bien d’entre eux de ne pas rouvrir leurs boutiques. Approché, le chef de mission Kassoum Pagbelem a confié : « (…). Ici à Tougan, le travail n’a pas été fait. En gros, sur une vingtaine de boutiques qu’on pouvait contrôler, nous n’avons eu que 5. Dès les premières boutiques, la population a été alertée. Nous ignorons leurs raisons. Nous avons constaté que c’est une obstruction à nos activités. Peut-être que nous sommes en déphasage avec leurs mentalités. Ce qui explique que nous n’avons pas atteint nos objectifs. Le cas de Tougan est particulier ». Dans la soirée, alors que beaucoup de commerces étaient toujours fermés, les commerçants ont tenu une rencontre au sein même du marché. A l’unanimité, ils ont reconnu que le contrôle des prix est normal et légitime car eux-mêmes, avant d’être des commerçants, sont des consommateurs. Tout en déplorant néanmoins la manière de faire des contrôleurs, ils ont constitué une délégation pour prendre langue, très prochainement, avec le premier responsable de la province.
BANGREYEMBA (Correspondant)