REVISION DU CODE ELECTORAL : L’opposition pour le retrait de l’avant-projet de texte
Les partis politiques burkinabè affiliés au Chef de file de l’Opposition politique (CFOP) ont animé une conférence de presse le 8 juin 2017, à Ouagadougou. Ils exigent du gouvernement, le retrait du projet de loi portant sur le Code électoral et la lumière sur l’agression de l’un des leur, à savoir Eddie Komboïgo.
L’Opposition politique burkinabè est contre le contenu et la méthode utilisée dans le processus de révision du Code électoral par le gouvernement. Elle l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse qu’elle a animée le 8 juin dernier à son siège, sis au quartier Zone du Bois à Ouagadougou. Elle exige le retrait de cet avant-projet. « L’Opposition exige du gouvernement qu’il retire purement et simplement son projet de loi et revienne à l’esprit de sa lettre du 7 décembre 2016 », a indiqué Zéphirin Diabré, Chef de file de l’Opposition politique burkinabè. En effet, a-t-il expliqué, par lettre en date du 7 décembre 2016, le ministre d’Etat, Simon Compaoré, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure de l’époque, avait soumis à l’Opposition politique un questionnaire portant sur des aspects très précis du Code électoral, dans le cadre d’une démarche de relecture dudit Code et ce, en prélude à une rencontre inclusive de discussion. Malheureusement, c’est avec une grande surprise, que ses camarades et lui ont reçu un projet de loi initié par le gouvernement. Pour lui, cette manière de faire est un mépris de l’Opposition politique et cache une intention malsaine. Il n’est pas opportun, a-t-il estimé, puisque le Burkina s’achemine vers l’adoption d’une nouvelle Constitution qui balise certains aspects du Code électoral. A son avis, ce projet de loi met en cause plusieurs acquis démocratiques obtenus de haute lutte.
« Se mobiliser contre la forfaiture qui se prépare »
Il s’agit, entre autres, selon lui, de la suppression de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans son format actuel et de transférer ses prérogatives à l’Administration publique, du vote des Burkinabè de l’étranger et de l’établissement et la révision des listes électorales. A titre d’exemple, soutient-il, on a supprimé la carte consulaire pour autoriser l’acte de naissance et les jugements supplétifs. « Tout le monde sait qu’il s’agit là de documents éminemment reproductibles à grande échelle par les maires MPP, donc source potentielle de fraude ». Au regard de ce qui est avancé comme argument, ils ont conclu qu’il faut attendre l’adoption de la nouvelle Constitution avant d’ouvrir le débat sur un nouveau Code électoral, en s’appuyant sur les dispositions de cette nouvelle Constitution. Et s’il le faut, les imperfections que comporte le Code électoral actuel pourraient être toilettées par une simple révision, en attendant l’adoption de cette nouvelle Constitution. En plus de la question du Code électoral, la sécurité des membres de l’Opposition politique a été soulevée par le CFOP. « L’Opposition politique exige toute la lumière sur ces agissements et tiendra le gouvernement responsable de toute atteinte à l’intégrité physique d’un opposant », a prévenu Zéphirin Diabré pour qui l’affaire du Code électoral est la preuve que le pouvoir du MPP ne veut pas gérer le Burkina selon les acquis de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014. Son point de vue est partagé par Gilbert Noël Ouédraogo pour qui le Code électoral, tel que proposé, est un recul démocratique. « S’il y avait lieu de relire le Code électoral, on pouvait procéder à cette relecture de manière consensuelle, de manière à intégrer des éléments qui permettent d’améliorer le déroulement du scrutin et d’assurer la sincérité du scrutin. Pour l’Opposition, la CENI doit être maintenue parce qu’elle est le fruit d’un consensus national qui a été obtenu avec toute la classe politique burkinabè et la société civile. Et cela ne peut pas être remis en cause », a expliqué Gilbert Noël Ouédraogo. L’opposition entend s’opposer, si besoin en était, au vote de ce projet de loi. « L’Opposition en appelle à tous les démocrates, aux organisations de la société civile, aux organisations syndicales, pour qu’ils se mobilisent contre la forfaiture qui se prépare », a lancé Zéphirin Diabré.
A noter qu’une minute de silence a été observée à la mémoire de Dr Valère Dieudonné Somé, défunt président de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS) et ancien compagnon du capitaine Thomas Sankara, décédé le 30 mai dernier.
Issa SIGUIRE