DEPART TEMPORAIRE DES PEACE CORPS : Une mauvaise publicité pour le Burkina
Le 2 septembre dernier, l’organisation américaine Peace Corps annonçait l’évacuation de ses 124 bénévoles du Burkina, dans un communiqué où l’organisation dit attendre « avec impatience un moment où les bénévoles peuvent revenir », tout en soulignant que « la sécurité et la sécurité de leurs bénévoles sont la priorité absolue de l’agence ». Il est à noter que ces bénévoles intervenaient dans des projets de développement économique communautaire, d’éducation et de santé, et que l’organisation a un demi-siècle d’existence au Burkina, demi-siècle qui a vu passer plus de 2000 volontaires au chevet des populations burkinabè. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce départ médiatisé des volontaires américains constitue une mauvaise publicité pour le pays des Hommes intègres. Surtout que les raisons invoquées sont d’ordre sécuritaire et que cela intervient à un moment où le pays est en train de se relever difficilement des récentes attaques qui ont frappé le cœur de la capitale ainsi que certaines positions frontalières où les forces du mal semblent faire dans le harcèlement de nos troupes. Toute chose qui pourrait porter à croire que la situation sécuritaire est des plus critiques. Et bien des Burkinabè sont d’autant plus renforcés dans cette conviction qu’une telle opération est l’œuvre des Américains réputés pour être très prévenants en matière de renseignements. Mais, il y a lieu de croire que ce sont des mesures préventives pour éviter toute surprise désagréable. Car, ne l’oublions pas, ces volontaires qui allaient au contact des populations étaient pour la plupart disséminés sur le terrain, à l’intérieur du pays où les mesures sécuritaires sont loin d’être les mêmes que dans des villes comme Ouagadougou, la capitale. Et quand on sait que les dévots de l’obscurantisme ne reculent devant rien pour semer la mort et la psychose au sein des populations, l’on peut comprendre que ces volontaires puissent être des cibles potentielles un peu trop exposées, d’autant que les terroristes n’ont pas renoncé à leurs vieilles méthodes d’enlèvement d’otages, alors que l’on ne peut pas déployer un agent de sécurité derrière chaque citoyen.
Tout le monde est interpelé
En tout état de cause, il ne fait plus aujourd’hui l’ombre d’un doute que le Burkina, à l’instar d’autres pays de la bande sahélo-saharienne, est dans l’œil du cyclone jihadiste. Cela dit, il est donc nécessaire de prendre la mesure de la menace ainsi que les dispositions idoines pour parer à toute éventualité. Du reste, l’on imagine difficilement qu’en cas de menace imminente avérée, les autorités américaines ne partagent pas l’information avec les autorités burkinabè. Reste maintenant que l’impact psychologique d’un tel départ n’est pas à négliger. Aussi bien sur les populations locales que sur d’éventuels investisseurs étrangers. Dans tous les cas, aucun pays n’est aujourd’hui à l’abri des fous de Dieu. Mais il revient à chaque pays d’organiser la défense de son territoire. Il appartient donc aux Burkinabè, dans leur ensemble, populations et Forces de défense et de sécurité (FDS), main dans la main, de prouver à la face du monde que le Burkina n’est pas moins fréquentable que n’importe quel autre pays de la planète. Soit dit en passant, en cas de coup dur, tout le monde pourrait fuir sauf les Burkinabè. C’est pourquoi, au lieu de vouloir chaque fois compter sur l’extérieur, il nous appartient de créer les conditions d’une vie paisible sur notre propre sol. En cela, tout le monde est interpelé. En premier lieu, les plus hautes autorités du pays, car ce sont elles qui ont la conduite des affaires du pays. Mais, dans la configuration actuelle, l’Etat seul ne peut rien sans le concours des FDS, et ces dernières ne pourront pas non plus grand-chose sans la collaboration des populations. C’est donc ensemble que nous pourrons vaincre l’ennemi commun. Cependant, tant que nous serons dans la réaction, l’adversaire risque d’avoir toujours une longueur d’avance sur nous, d’où la nécessité de reprendre l’initiative des actions sur le terrain. D’autant plus que tout porte à croire que des actions comme les opérations Panga et Bayard menées il y a de cela quelques mois dans les forêts de Ferro et de Foulsaré, à la frontière malienne, ont eu un impact certain qui a contraint l’ennemi à battre peu ou prou en retraite. Ce qui avait permis à nos FDS de connaître un certain répit. Il est donc peut-être temps de passer à l’offensive. Il y va de l’avenir de la nation.
« Le Pays »