BURKINA – SUISSE : Des jeunes parlent aux jeunes
Une délégation de quatre jeunes burkinabè conduite par le ministre de la Jeunesse, Smaïla Ouédraogo, a séjourné à Berne du 9 au 15 novembre 2017, à l’invitation du Parlement de la jeunesse suisse. Une occasion d’échanges directs entre jeunes, d’apprendre les uns des autres pour le rayonnement de la démocratie. La délégation burkinabè a pu ainsi assister à une session du Parlement de la jeunesse suisse devant laquelle le ministre Smaïla Ouédraogo a prononcé un discours, en présence de la présidente de la Confédération suisse, Doris Leuthard.
Les jeunes se sont parlé sans intermédiaire et de leur propre avis, cette visite a permis un échange constructif, afin de favoriser la citoyenneté des jeunes en Suisse et au Burkina Faso.
Selon le communiqué qui a sanctionné les échanges, les jeunes Suisses ont profité de cette opportunité pour mieux connaître le fonctionnement d’une autre organisation de jeunes et pour favoriser l’échange interculturel. « Cette visite est une formidable occasion pour nous et pour les participants de la session des jeunes », a notamment indiqué Corinne Schwegler, chargée de projet. « Les jeunes, a-t-elle affirmé, ont pu parler et apprendre à se connaître. Chacun repartira ainsi avec une expérience enrichissante ».
Pour le ministre Smaïla Ouédraogo, les jeunes du Burkina ont beaucoup à apprendre de l’expérience suisse parce que « si on veut que l’Etat de droit ait de l’avenir dans notre pays, il faut initier les jeunes déjà au processus de la démocratie, pour qu’ils comprennent davantage et prennent les devants de cette lutte pour la démocratie ».
« Nous voyons déjà qu’en Suisse, ils ont ce qu’ils appellent le Parlement de la jeunesse. Il a existé chez nous, le Parlement des enfants. Ce sont des choses qu’il nous faut réveiller mais déjà, on peut assimiler un peu le Conseil national de la jeunesse que nous avons chez nous au Parlement de la jeunesse suisse. Nous entendons dynamiser ce Conseil national de la jeunesse lors des états généraux prochains, pour faire en sorte qu’il soit représenté depuis la commune jusqu’au niveau national. Le Conseil national de la jeunesse est une faîtière de l’ensemble des structures, de toutes les associations œuvrant en faveur de la jeunesse. Je pense que nous pouvons, comme nous l’avons évoqué avec la présidente de la Confédération suisse, développer un partenariat qui permet aux jeunes Suisses d’apporter leur expertise en matière de démocratie. Je pense que le modèle suisse est un modèle de démocratie dont nous pouvons tirer ce qui peut s’adapter à nos réalités, afin d’approfondir notre processus démocratique », a-t-il expliqué.
Dans son discours devant le Parlement de la jeunesse suisse, Smaïla Ouédraogo a, du reste, relevé son ambition de jeter les bases d’une collaboration plus formelle et plus fructueuse entre les jeunes Burkinabè et leurs homologues suisses, pour « renforcer les capacités de nos jeunes et mieux les outiller pour une contribution plus efficiente à l’approfondissement de la démocratie dans notre pays ».
« Il ne suffit pas de permettre à la jeunesse d’accéder à la science, il faut lui permettre également d’apprendre à se gouverner, à se conduire et à être consciente et responsable de l’avenir. En d’autres termes, il nous faut libérer notre génie créateur pour construire une jeunesse politiquement consciente, techniquement compétente et surtout, socialement en phase avec nos valeurs, notre culture et les mutations de notre époque, car la vérité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui », a-t-il, par ailleurs, relevé.
Dépositaire de l’avenir
La présidente de la Confédération suisse, Doris Leuthard, qui a loué l’amitié et le partenariat entre les deux pays, a félicité le gouvernement burkinabè qui, malgré « une situation difficile, fait des efforts pour donner une perspective aux jeunes ». Cette jeunesse qui, a-t-elle affirmé, est « dépositaire de l’avenir ».
Même si les préoccupations peuvent être différentes, niveau de développement oblige, les jeunes des deux pays ont trouvé des sujets de discussion communs, comme la prise en compte des handicapés dans l’offre de services ou le libre échange. « Ce sont des problèmes qui se posent aussi chez nous, même si ce n’est pas avec la même acuité. Mais les jeunes se rendent compte déjà que ce sont des problèmes qu’il va falloir affronter à un moment donné chez nous aussi. Les jeunes ont également participé à des sessions sur le libre échange, ce qui est une question très actuelle. Nous sommes convaincus que l’Afrique, en tant qu’espace économique, sera plus viable si les échanges entre les pays deviennent plus importants. C’est plus facile et plus rentable de commercer avec ses voisins qu’avec ceux qui sont à des milliers de kilomètres. Sans poser la problématique de la même manière, je pense que chez nous également, il y a ce besoin de comprendre davantage et de travailler à ce que le libre échange soit une réalité. Donc, c’est une expérience qui pourra modifier un peu la vision de nos jeunes sur certaines questions », a affirmé Smaïla Ouédraogo.
Pour pérenniser les acquis de ce voyage d’études, il faut nécessairement que le partenariat qui est ainsi noué entre la jeunesse des deux pays, soit maintenu et renforcé. Le ministre burkinabè de la Jeunesse s’est dit « convaincu que ce partenariat pourra offrir de belles perspectives, aussi bien aux Suisses qui vont découvrir d’autres univers, qu’aux Burkinabè qui pourront aussi renforcer davantage leur conviction pour la démocratie, afin que notre pays puisse résolument s’engager sur la voie de l’Etat de droit et de la démocratie ».
Le Conseil fédéral de la jeunesse suisse estime de son côté que « la visite de la délégation burkinabè est un succès pour chacun. Elle souligne l’importance de la session des jeunes comme projet phare pour la participation des jeunes et a permis de renforcer la concertation, la co-construction et la codécision (citoyenneté) des jeunes, tant en Suisse qu’au Burkina Faso ».
Les jeunes Suisses ont été invités par leurs partenaires burkinabè à prendre part au Salon international de la jeunesse d’Afrique et de la diaspora, qui se tiendra à Ouagadougou en novembre 2018.
Mathieu BONKOUNGOU
Ambassade Mission permanente du Burkina à Genève