SANCTION DE MAGISTRATS POUR MANQUEMENTS A L’ETHIQUE ET A LA DEONTOLOGIE : C’est bon mais ce n’est pas arrivé
J’ai appris, il y a de cela quelques jours, que le conseil de discipline mis en place par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a rendu son verdict sur l’affaire des magistrats accusés de manquements graves à l’éthique et à la déontologie. Il ressort que certains magistrats ont été blâmés, d’autres rétrogradés et deux autres mis hors de cause. Quatre autres dossiers sont en suspens, en attendant la décision du Conseil constitutionnel saisi de recours en inconstitutionnalité. Avant tout propos, je rends un hommage appuyé au CSM qui a tenu parole. Il avait promis des sanctions à l’encontre des magistrats indélicats et c’est désormais chose faite. Je parie que s’il continue sur cette lancée, le monde de la Justice se trouvera débarrassé de ses brebis galeuses. Il s’agit là d’une oeuvre de salubrité publique qui mérite d’être inscrite dans la durée. Car, la Justice est un domaine si sensible que les corrompus n’y ont pas leur place. J’ai même envie de dire que ceux-là qui ont été sanctionnés, doivent s’estimer heureux. Car, sous d’autres cieux, ils auraient été tout simplement radiés du corps, parce qu’indignes du titre de magistrats. On l’a vu récemment au Congo Brazzaville où, pour des faits de corruption ou d’abus de pouvoir, sept juges ont été révoqués sans autre forme de procès. Cela dit, je souhaite que les sanctions qui viennent d’être prononcées à l’encontre de quelques magistrats, servent de leçon aux autres pour que plus jamais, de graves manquements à l’éthique et à la déontologie ne soient constatés au sein de l’appareil judiciaire.
Nous pouvons ensemble soigner l’image de la Justice
C’est pourquoi d’ailleurs j’en viens à regretter le fait que le CSM ne soit pas allé jusqu’au bout de sa logique en rendant publique la liste des magistrats incriminés. Cela aurait permis de savoir qui est qui. Je ne comprends pas pourquoi donc le CSM travaille à protéger des gens qui avaient décidé de s’asseoir sur leur conscience professionnelle. Ce n’est pas normal. Peu avant, le conseil de discipline du ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure (MATDSI), alors dirigé par Simon Compaoré, avait pris des sanctions à l’égard de travailleurs indélicats dudit département. Si ma mémoire est bonne, les noms avaient été communiqués à l’opinion qui sait désormais à quoi s’en tenir. J’exhorte donc le CSM à en faire autant. C’est à ce prix que nous pourrons ensemble soigner l’image de la Justice qui, il faut le rappeler, jouit d’une très mauvaise réputation auprès des justiciables que nous sommes. On ne peut donc pas vouloir d’une chose et de son contraire : redorer l’image de la Justice tout en protégeant des agents irresponsables. Faites comme nous les fous. On ne se fait pas de cadeau, quand vient l’heure de se dire la vérité. La preuve en a été encore donnée lors du dernier congrès de notre syndicat. Tous les fous qui prennent du plaisir à voler pour manger plutôt que de demander, ont été suspendus. Car, ce sont eux qui ternissent notre image. Ne dit-on d’ailleurs pas que « c’est à cause d’un seul âne que l’on pense que tous les autres sont mauvais ? »
« Le Fou »
