LA NOUVELLE DU VENDREDI : Une vie de femme sans Lui
« Pouvons-nous vraiment savoir qui nous sommes ? Difficile ! Chaque jour, nous nous découvrons et chaque fois nous nous étonnons. Alors, nous devons tenter de nous ressaisir, de comprendre, d’interpréter ce qui nous freine ou nous donne de l’élan dans la vie », ainsi écrivait le poète.
Heureux en ce samedi matin de juin, l’ambiance était bon anfant chez mon oncle Bassian dans un quartier de la capitale. J’y assistais au baptême d’une nièce. Installés devant l’entrée sous une bâche avec d’autres membres de la famille, des amis et des voisins, agréablement, nous discutions devant les plats et les verres de circonstance. De l’intérieur, les rires, chants et musique nous parvenaient. Il était 10 heures. Pimpante, souriante et rayonnante, ma cousine Abi arriva dans sa belle voiture blanche. Un cadeau sous le bras. Cela faisait un moment que je n’avais pas vu ma parente. Nous nous saluâmes chaleureusement par des accolades et échangeâmes des plaisanteries.Il faut dire qu’à 46 ans, ma cousine Aby s’en sort merveilleusement bien dans la vie sur le plan professionnel. Et comme dans l’existence, on ne peut tout avoir, c’est côté cœur que les choses ne sont pas au rendez-vous. Après des fiançailles désastreuses suivies d’autres liens sans tête ni queue, ma parente à présent vivait dans le confort de son boulot et de son avenir sans Lui. Une nouvelle manière de vivre sous nos cieux. Une manière de vivre accepté par certains et refusé par d’autres. Dix minutes après son arrivée, Aby est vite ressortie de la cour en fête et s’est installée à côté de moi sous la bâche. Par son visage qui avait perdu de son éclat, elle tentait vainement de sourire mais je savais que quelque chose contrariait ma cousine. Je laissai passer l’orage un moment et je tentai de comprendre pourquoi elle ressortait si vite de la maison en fête où se réunissait la famille.« Je crois que je serai mieux avec toi ici que dedans avec Tante Sita et compagnie. C’est vrai que le mariage en Afrique est une affaire de famille et obligatoire. Je comprends et je respecte cela. Tante Sita et certains en famille me tiennent pour unique responsable de mon échec. Et pour eux, une vie de femme sans homme n’est que débauche et perdition. A chaque cérémonie et moment de retrouvaille, ils profitent de l’occasion pour me provoquer en parlant de leur vie de famille. Je sais où ils veulent en venir. Alors, pour ne pas tomber dans la provocation, je préfère parfois être discrète. Même avec cela, les coups pleuvent. On m’a toujours imaginée avec époux et enfants. Ce n’est pas le cas. Alors, je suis responsable et condamnable », s’est-ele confiée à moi. Je tentai de calmer ma cousine en lui faisant comprendre que dans la vie, des choses parfois nous arrivent malgré nous. Comme chantait l’autre, « on ne peut pas plaire à tout le monde ».Un instant après nous parlions d’autres choses en évoquant des souvenirs et Aby souriait lorsque tante Sita sortit de la maison avec les deux enfants d’une cousine. Elle se dirigeait vers nous pour une nouvelle provocation. S’arrêtant pour saluer une connaissance, Aby en profita et fila dans sa belle voiture blanche. Sage précaution.
Ousseni Nikiema, 70-13-25-96