PERSONNES HANDICAPEES AU BURKINA : Avec eux, nous avons parlé exclusion, discrimination, frustration, sexe…
Elles sont en proie à toutes sortes de discriminations, d’exclusion de maltraitances et même d’injustice. Même l’Etat s’est longtemps laissé prendre au piège alors qu’il était censé les protéger et veiller à leur plein épanouissement. Les personnes handicapées, puisque c’est d’elles qu’il s’agit. Nous avons rencontré d’entre eux, du 10 au 14 décembre 2018 dans la ville de Ouagadougou !
« Ce n’est pas à nous de nous adapter à la société parce que nous ne pouvons pas le faire. C’est à la société de s’adapter à notre handicap parce qu’elle peut et a les moyens. » Un point de vue qui résume la situation d’une frange de la population burkinabè. Celle des personnes handicapées ! Il était 9h20mn, Ce 10 décembre 2018, sur la route nationale N1. Le soleil commence à distiller ses rayons sur la capitale burkinabè. Encore quelques minutes dans les bouchons sur la route des 1200 logement au pont Kadiogo. Après une demi-heure de route, nous sommes enfin, devant les Centre national des personnes handicapé moteur du Burkina sis au quartier Goughin de Ouagadougou, à quelque jet de pierres du siège de l’Assemblée nationale. En ce début de journée, l’heure n’est pas encore aux travaux intense. Devant l’atelier, Issa Dayo, chef d’atelier et ses collaborateurs sont en pleine activité. Ils travaillent d’arche pied pour remplir leur part de contrat de confection de vélos tricycle qu’une Organisation non gouvernementale (ONG) qui mène ses activités au Burkina a bien voulu contracter avec eux. Pendant que le chef d’atelier se consacre à la soudure des cadres, d’autres confectionnent les roues. Certains, quant à eux, rassemblent les autres accessoires. Un véritable travail à la chaine comme dans une usine. De notre petit entretien, il ressort que le cout d’un engin est estimé à 110 000 F CFA. Mais ils sont le plus souvent offerts aux vrais utilisateurs, c’est-à-dire les personnes handicapées gratuitement par les ONG ou le ministère en charge de l’Action sociale. La raison, ils n’ont pas toujours les moyens de s’en procurer. Après une vingtaine de minutes de causerie, nous sommes autorisés à nous diriger vers le bureau du Secrétaire général du comité de gestion du Centre national des personnes handicapé moteur du Burkina Faso, Adama Rouamba. Après nous avoir écouté attentivement, la raison de notre visite matinale, il accepte de nous parler de sa situation de personnes handicapée. Un fardeau lourd à porter dans un pays comme le Burkina si on s’en tient à ses explications. En effet, ses problèmes ont commencé depuis qu’il a perdu l’usage de ses membres inferieur lorsqu’il était encore un gamin. Apres l’obtention de son diplôme de Brevet d’études du premier cycle (BEPC), il décide de tenter sa chance au niveau des coucous de la fonction publique. C’était à l’époque ou on pouvait lire souvent, dans les communiqués des textes de recrutement « Etre apte physique ». Après plusieurs échecs, il entreprit de se former en déclarant en douane communément appelé transitaire dans le secret espoir de devenir un transitaire. Mais il sera vite déchanté puisqu’après sa formation théorique, il n’aura même la chance d’avoir un stage pour mettre en pratique ce qu’il a appris. « Après ma formation, j’ai du mal avoir un stage à cause de mon handicap. Toutes les maisons m’ont refusé », se souvient –il. Pour faire face à ces difficultés, il s’est résolu, selon ses propres termes, dépasser son handicap. « Je n’en fait même plus un problème », lance-t-il. Même si aujourd’hui, il travaille comme bénévole dans ce centre, il reconnait que le monde des humains ne fait pas de cadeau aux personnes handicapée. « Les regards des autres ne sont pas facile à supporter pour nous les personnes handicapé ». Il n’est pas rare d’entendre dire : « toi là tu es une personne handicapée et tu fais ceci ou cela », comme la personne handicapée n’est pas un être humain. Mêmes les infrastructures publiques ne sont pas toujours accessibles aux personnes handicapées. Par exemple, les immeubles n’ont pas de rames d’accès pour permettre aux personnes handicapées d’aller aux étages supérieurs. « Ce n’est pas à nous de nous adapter à la société parce que nous ne pouvons pas le faire. C’est à la société de s’adapter à notre handicap parce qu’elle peut et a les moyens» se lâche Adama Rouamba. Comme lui, la plupart des personnes handicapée vit au quotidien la affres de son infirmité, du fait des agissements, soit consciemment ou inconsciemment de leurs semblables. Ousseni Minoungou est agent comptable à la direction régional du trésor du Centre. Pour obtenir son emploi actuel, il fut obligé, selon ses propres dires, « Faux » pour échapper à la discrimination des recruteurs. « J’ai d’abord combattu le handicap avant d’avoir mon emploi. J’ai été plusieurs fois recalés à des tests de recrutement à cause de mon handicap » fulmine-t-il avant de nous relater sa mésaventure : « Un jour, j’ai pris part à un test de recrutement. Le recrutement devait se faire en plusieurs étapes. Les preuves sont administrées sur place et seuls ceux qui ont les meilleures notes sont autorisés à poursuivre l’aventure. Avant la dernière étape, l’un des examinateurs est venir me dire ceci : Il reste la dictée. Mais vous pouvez aller à la maison parce que nous avons besoin d’une personne qui peut se tenir debout pour des prélèvements. Vous pouvez aussi poursuivre pour tester vote niveau si vous voulez. Je suis resté pour tester mon niveau, comme il avait dit. Lorsqu’ils étaient prêts pour afficher les résultats, ils disent que j’étais le premier sur la liste d’attente avant même de procéder à l’appel nominatif des admis. » C’est après cet incident que M. Minoungou a eu l’ingénieuse idée d’aller refaire sa carte nationale d’identité (CNIB) en prenant le soin de supplier les fonctionnaires de police de remplacer la mention « Handicapé » par « Cicatrice sur la joue droite. Ce qui fut fait. Muni de cette nouvelle carte d’’identité, il postule encore à un test de recrutement. Cette fois, les recruteurs ont été pris au piège par le « Handicapé », preuve que ces personnes aussi sont très intelligentes. Mais il lui a fallu environ deux semaine avant de prendre service à cause de l’accueil hostile qui lui a été réservé. Recruté comme agent de recouvrement Ousseni Minoungou dit n’avoir jamais été sur le terrain Il n’a jamais bénéficié des avantages liés à son métier. Mais pour progresser, il a dû se reconvertir en agent comptable en payant à ses propres frais.
Micheline Koné, handicapée a 42 ans et a pour époux un handicapé. Ils se sont rencontré au cours d’une formation à Bobo-Dioulasso. Depuis lors, ils ne sont plus quittés. Aujourd’hui, ils ont une fille qui elle-même est mère d’un million garçon. Dame Micheline a perdu l’usage de ses jambes à l’âge de 8 ans alors qu’elle était inscrite en 2e année des Cours préparatoire (CP2). Les 42 ans de vie sur terre n’ont pas effacé les mauvais souvenirs qu’elle garde du traitement qui avait été réservé lorsqu’elle a perdu l’usage de ses jambes. Chaque fois que la famille avait de la visite elle était purement et simplement prié de regagner sa chambre et d’y rester jusqu’à ce que l’étranger quitte la cour familiale. Elle a même été contrainte d’oublier l’école qu’elle avait pourtant bien commencer. Soulignons que Micheline est l’épouse du chef d’atelier du Centre national des personnes handicapé moteur du Burkina, Issa Dayo. Elle gère un restaurant qui juste le centre. Pour la petite anecdote, après notre entretien avec dame Micheline, nous avons arraché quelques mots à sa fille que nous avons rencontrée sur place. Sur conseil de l’oncle de cette dernière, elle s’est inscrite en transit. Au cours de notre entretien, elle a confié qu’elle était fière de ses parents parce que malgré leur infirmité, ils lui ont donné toute l’affection dont elle avait besoin depuis son enfance jusqu’à ce jour. Mieux, lorsque ses amies rendent visite à sa mère celle-ci les gratifie de bonne nourriture et de boissons gazeuse. Mais lorsque nous avons voulu, avoir une photo d’elle avec sa mère, grade fut notre surprise d’entre un niet catégorique. Malgré notre instance insistance et celle de la mère, la jeune fille, est restée sur position. Pas de photo avec sa mère !
En plus d’être victimes des injustice et d’exclusion de toute sorte, les personnes handicapées font l’objet d’une sorte de harcèlement sexuel de deux ordres à cause de leur handicap. Le premier est l’œuvre de ceux ou celles qui veulent faire du « tourisme sexuel ». Ali Traoré Alias Ali Ponré dit en avoir été victime plus d’une fois. « Un jour, une dame, dans un maquis de la place est venue vers pour lui ceci : J’aime ta musique et je souhaite tisser un lien d’amitié avec toi ». Après cette technique d’approche vinrent les appels téléphoniques. Puis des dons en espèces sonnantes et trébuchantes. Ali Ponré a mordu à l’hameçon. Il accepte une invitation un soir au domicile de la dame qui ne vivait pas avec un homme. « Ecoute, j’ai appris que les handicapés sont très bons au lit. Je veux savoir ce qu’ils ont de plus que les hommes valides. Je veux avoir une partie de jambe en l’air avec toi ce soir ». C’est là qu’il a compris que la gentillesse manifestée à son égard avait une contrepartie. Cette conception qui consiste à croire que les handicapées ont des « compétences extraordinaires sexuelles » est connus de certains adolescent enfants. Ils veulent eux aussi essayer. Et ce n’est pas Adama Rouamba qui dira le contraire, lui qui a fait l’amer exercice à l’école primaire. «Lorsque nous étions à l’école primaire, précisément au CM2, une élève de la classe est venue me dire un jour ceci : j’ai appris que ça fait du bien de faire l’amour avec une personne handicapée. Elle s’est proposée alors proposé d’essayer. Ce que j’ai accepté. Nous avons voulu essayer mais ça n’a pas marché. On nous a surpris dans les toilettes avant même que nous passions à l’acte. » A ces touristes sexuels s’ajoutent ceux qui veulent aller avec les personnes handicapées pour raisons mystiques. « Lorsque nous étions plus jeunes, un ami du quartier avait commencé à me faire la cour. Je trouvais ces attitudes un peu suspect. J’ai donc décidé d’user de stratagèmes de le démasquer. Pour se faire, je lui ai dit ceci : écoute, je veux que sois sincère avec moi afin que je puisse, à mon tour, te donner ce que tu veux même si cela dépendra de ma vie. Je suis prête à prendre le risque avec toi. Il est tombé dans le piège en passant aux aveux. Il m’a claire dit qu’il était allé consulter un charlatan lui dit a dit d’avoir des relations sexuelles deux ou trois fois avec une femme handicapée pour atteindre ses objectifs. C’est pourquoi je me suis éloignée de lui tout en prenant le soin de me confier à mon père. Celui-ci l’a appelé pour le mettre en garde contre toute si quelque chose m’arrivait », relate l’une de nos interlocutrices. Notons que la quasi-totalité des personnes handicapé que nous avons rencontrée dans le cadre de cet article ont dit avoir perdu l’usage de leurs membres inferieurs suite la poliomyélite. Et chacun d’eux garde un mouvais souvenir. « Ma mère m’a confié que c’est l’âge de 3 moi que J’ai eu la polio. De retour de son l’école de dactylographie s’était rendu compte j’avais la fièvre. Je n’arrivais pas non plus à tenir sur mes pieds pleurais de douleur. Elle m’a donc conduit au dispensaire pour des soins. C’est qu’après examen, l’agent de santé s’est rendu compte que c’était la poliomyélite », c’est que Ali Traoré Alias Ali Ponré 1er. Tout comme lui, Adama Roumba a été victime de cette maladie. A l’époque, se souvient-il, ses parents avaient même « trouvé une coupable » dans le quartier parce qu’ils estimé que c’était l’œuvre des sorciers ou « mangeurs d’âmes ».
Selon Boukari Kiema, président de l’Association des élevés et étudiants, le nombre des personnes handicapées tourne autour de 3 millions au Burkina Faso. Celui des handicapé moteur est estimé à 55 mille selon Boukary Savadogo, Secrétaire permanant du Conseil national multi sectoriel pour la protection et la promotion des droits des personnes handicapées au ministère de la Femme de la solidarité nationale et de la famille. Certains ont su se mettre au-dessus de leur situation de handicapés. Mieux, d’autres en ont fait un charme. C’est le cas de Ali Traoré qui se fait appeler Ali Ponré 1er, qui signifie en langue moré, Ali l’infirme. D’autres par contre n’ont pas pu faire ce travail qui les aurait permis de mieux s’épanouir. A la question de savoir ce qui est fait par les pouvoir public pour réduire les difficultés rencontrées par les personnes handicapées au Burkina, ceux que nous avons rencontré reconnaissant que des efforts sont faits, mais ils sont insuffisants au regards du nombre de cette couche sociale. Ce fait qu’on a l’impression que les autorités se contentent de faire des déclarations d’intentions sans donner des moyens pour leur mise en œuvre. Et chacun a ses suggestions qui permettront de faciliter leur vie. Pour Adama Roumba, le Burkina dispose de bons textes juridiques qu’il faut seulement mettre en pratique. Son avis est partagé par Ousseni Minoungou qui estime qu’il faut, aussi vulgariser ses textes. « Il faut aller à la reformulation et à la gestion des personnes handicapées. S’Il y a beaucoup de structures de personnes d’handicapées, c’est parce que l’Etat ne joue pas pleinement son rôle. C’est pourquoi, les handicapés sont obligés de s’associer pour essayer de trouver des solutions à leurs problèmes », a-t- il relevé. Il en veut pour preuve la carte d’invalidé sensé accorder des d’avantages aux personnes handicapées, qui se trouve être méconnue par bon nombre d’agents de l’administration publique. Pire, cette carte n’a pas de texte application. Pour Boukary Savadogo, Secrétaire permanant du conseil national multi sectoriel pour la protection et la promotion des droits des personnes handicapées au ministère de la Femme de la solidarité nationale et de la famille, le Burkina est sur la très bonne voie sur le plan juridique. A l’en croire, notre pays, en ratifiant la convention des Nations unie relatives aux personnes handicapées en 2009 s’est engagé à développer des politiques inclusives et à améliorer le climat national. « Vous ne verrez pas, dans les textes juridiques au Burkina, une disposition qui exclut quelqu’un d’office du fait de son handicap. Même s’il a existé, au niveau de la Fonction publique les textes d’orientation d’emplois Spécifique des ministères. Depuis la ratification de la convention il y a une évaluation majeure parce que ces textes discriminatoires sont en train d’être relus. En terme de politiques, expliqué, le Burkina a élaboré une stratégie nationale de protection et de promotion des personnes handicapées. Cette stratégie est le référentiel en matière d’activité en faveur des personnes handicapées dans notre pays. Cette politique nationale se réfère au référentiel national de développement qui est le PNDES » a expliqué le SP Boukary Savadogo. Selon ses dires, le conseil national multisectoriel pour la protection et la promotion des droits des personnes handicapées au Burkina qui est l’instance nationale regroupe tous les segments de la société Burkinabè. C’est un conseil de 76 membres qui prend en compte tous les acteurs. Du coup, chaque secteur, chaque organisation de la société burkinabè a l’obligation de tenir en compte la situation des personnes handicapée dans sa politique de développement. En termes d’actions concrètes, près de 2300 micros projets ont été financé en 2018 au profit des personnes handicapées. Mais qu’à cela ne tienne, l’inclusion des personnes handicapées incombe à l’ensemble de toutes la société, c’est-à-dire depuis la cellule familiale jusqu’au niveau de l’Etat.
Issa SIGUIRE
Bon à savoir
« On entend souvent dire, Personne vivant avec handicap, personne en situation de handicap, personnes victime de handicap, personne souffrant de handicap. La notion de handicap est évolutive. Très souvent, on fait la confusion entre l’infirmité et la déficience avec le handicap. Au terme de l’article 1er de la convention des Nations unies relatif au droit des personnes handicapées, de l’article 2 de la loi 012 portant protection des droits de personnes handicapées, la personnes handicapée s’entend par toute personne présentant des incapacités physiques, mentales, intellectuelles, sensorielle durable dont l’interaction avec diverses barrières de la société peut faire obstacle à la pleine et effective participation à la vie et !! la société sur la base de l’égalité avec les autres. Le terme consacré, c’est la personne handicapée. Selon le recensement général de 2006, il y a environ 55 mille personnes handicapées au Burkina »
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Ce que dit le PNDES
la loi
Loi n° 012- 2010/an portant protection et promotion des droits des personnes handicapées. Jo n°25 du 24 juin 2010
L’assemblée nationale
Vu la Constitution ;
Vu la résolution n° 001-2007/AN du 04 juin 2007, portant validation du mandat des députés ;
a délibéré en sa séance du 1er avril 2010
et adopté la loi dont la teneur suit :
Chapitre I : des dispositions générales
Article 1 :
La présente loi a pour objet de protéger, promouvoir et assurer la pleine et égale jouissance de tous les droits de l’Homme et de toutes les libertés fondamentales aux personnes handicapées et de garantir le respect de leur dignité intrinsèque.
Article 2 :
On entend par personne handicapée, toute personne qui présente une ou des incapacités physiques, mentales, intellectuelles ou sensorielles durables dont l’interaction avec diverses barrières peut faire obstacle à sa pleine et effective participation à la vie de la société sur la base de l’égalité avec les autres.
Article 3 :
Il est institué une carte d’invalidité en faveur des personnes handicapées, délivrée par le ministère chargé de l’action sociale.
Un décret pris en Conseil des ministres fixe les conditions de délivrance de ladite carte.
Chapitre II : du champ d’application
Article 4 :
Sur présentation de la carte d’invalidité, les titulaires bénéficient des avantages dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la formation professionnelle, de l’emploi, de la communication, de l’intégration sociale, des transports, de l’habitat et du cadre de vie, des sports et des loisirs, de la culture et des arts, de la promotion et de la protection de l’action sociale.
Section I : Du domaine de la santé
Article 5 :
La politique nationale sanitaire doit intégrer la prévention, le dépistage et la prise en charge des handicaps chez les enfants quel que soit leur âge par des actions de vaccination, de nutrition, de consultation et de traitement.
Article 6 :
Toute personne chez qui un handicap est décelé ou signalé, notamment au cours des examens médicaux, doit être pris en charge dans des structures sanitaires qui en ont la compétence pour prévenir ou réduire l’aggravation du handicap.
Article 7 :
Toute personne handicapée titulaire d’une carte d’invalidité et reconnue indigente bénéficie gratuitement des consultations, des soins, des examens complémentaires, des médicaments, de l’hospitalisation dans les structures publiques de santé.
En outre, elle bénéficie gratuitement des appareillages orthopédiques, fauteuils roulants, tricycles, prothèses, canne blanche et de tout autre appareillage nécessaire aux soins prescrits.
Article 8 :
Toute personne handicapée titulaire de la carte d’invalidité et non déclarée indigente bénéficie de la réduction des frais de santé dans les centres publics de santé proportionnellement au degré d’invalidité.
En outre, elle bénéficie d’une réduction des frais d’appareillages orthopédiques, fauteuils roulants, tricycles, prothèses, canne blanche et de tout autre appareillage nécessaire aux soins prescrits.
Section II : Du domaine de l’éducation
Article 9 :
L’éducation inclusive est garantie dans les établissements préscolaires, primaires, post primaires, secondaires et universitaires du Burkina Faso.
Article 10 :
Toute personne handicapée bénéficie d’une priorité d’inscription en milieu ordinaire, dans l’établissement préscolaire, primaire, secondaire, supérieur ou professionnel le plus proche de son domicile.
La personne handicapée doit bénéficier, chaque fois que de besoin, des aides spécialisées, des enseignements adaptés à la scolarisation des élèves en situation de handicap.
Article 11 :
Des unités d’enseignements doivent être créées pour accueillir les enfants ou adolescents handicapés qui ne peuvent effectuer leur scolarité à temps plein dans une école ou un établissement scolaire.
Article 12 :
Tout établissement de formation initiale et continue des enseignants / alphabétiseurs au Burkina
Faso est tenu de prendre en compte l’éducation inclusive dans ses programmes de formation.
Article 13 :
Tout établissement préscolaire, primaire, post-primaire, secondaire et universitaire doit être physiquement accessible et équipé en matériel adéquat pour accueillir toutes les catégories d’élèves et d’étudiants handicapés.
Article 14 :
Les élèves et étudiants handicapés bénéficient d’un recul de la limite d’âge réglementaire pour l’inscription à l’école, la participation aux examens et concours, l’octroi de bourses ou autres aides aux études.
Article 15 :
Les personnes handicapées candidates aux différents examens et concours scolaires et universitaires bénéficient d’un temps supplémentaire et/ou un dispositif particulier en fonction de la nature de leur handicap et de l’épreuve concernée.
Section III : Du domaine du transport
Article 16 :
Toute société de transport public de personnes, routier, ferroviaire ou aérien, doit prendre les mesures appropriées pour rendre les moyens et les services de transport accessibles aux personnes handicapées.
L’accessibilité des moyens et services de transport aux personnes handicapées s’entend des dispositions et/ou des aménagements assurant et facilitant l’accès des personnes handicapées aux moyens de transport, aux installations et à l’information sur l’utilisation des services disponibles
par tous moyens appropriés de communication.
Article 17 :
Toute société de transport publique ou privée est tenue de réserver en priorité des places assises aux personnes handicapées.
Article 18 :
Les gares routières, ferroviaires, fluviales et les aéroports doivent être aménagés pour faciliter l’accès aux personnes handicapées.
Article 19 :
Les véhicules motorisés ou non, destinés à l’usage exclusif de personnes handicapées sont totalement exonérés de taxes à l’importation.
Article 20 :
Tout voyageur handicapé bénéficie de la gratuité du transport de son moyen de déplacement et d’une assistance particulière, de la part de la société de transport, tout le long du voyage.
Section IV : Du domaine des infrastructures
Article 21 :
Toute construction d’infrastructure publique ou privée devant recevoir du public doit prévoir l’accessibilité des personnes handicapées.
Pour les édifices, une rampe d’accès munie de main courante et dont la pente n’excède pas 5% est imposée.
Article 22 :
L’emplacement des services et prestations de services courants tels que les perceptions, les guichets, les caisses doit être situé dans les bâtiments à des niveaux accessibles aux personnes handicapées.
Article 23 :
Les programmes de logements sociaux doivent prendre en compte les personnes handicapées.
Tout programme de lotissement doit accorder une priorité aux personnes handicapées remplissant les conditions requises.
Article 24 :
Les personnes handicapées bénéficient d’un accès prioritaire aux guichets des administrations et services publics et privés, lieux de loisirs et de distraction.
Article 25 :
Les dispositions architecturales, les aménagements des locaux d’habitation et les installations à usage collectif ou ouvertes au public doivent être accessibles aux personnes handicapées.
Section V : Du domaine de la formation professionnelle
Article 26 :
Toute personne handicapée a droit à la formation professionnelle.
Les formateurs des structures de formation professionnelle bénéficient, en cas de besoin, de la formation nécessaire pour l’encadrement des personnes handicapées.
Article 27 :
Une réduction des frais de formation dispensée par les structures publiques est accordée aux personnes handicapées détentrices de la carte d’invalidité.
Les personnes handicapées titulaires d’une carte d’invalidité et reconnues indigentes bénéficient gratuitement de la formation dispensée par les structures publiques.
Article 28 :
Les personnes handicapées bénéficient du recul de la limite d’âge réglementaire pour la formation professionnelle.
Article 29 :
L’Etat doit consentir une aide financière et/ou matérielle adaptée aux centres de formation professionnelle privés qui accueillent des personnes handicapées.
En cas de besoin, il peut être mis au moins une personne qualifiée à la disposition des centres de formation professionnelle accueillant des personnes handicapées.
Section VI : Du domaine de l’emploi
Article 30 :
Toute personne handicapée a droit à un emploi dans le secteur public et privé, si elle possède les compétences nécessaires pour l’exercer. Dans ce cas, le handicap ne saurait constituer un motif de discrimination ou de rejet de candidature.
Article 31 :
Les personnes handicapées candidates aux différents examens ou concours directs ou professionnels, bénéficient d’un temps supplémentaire et/ou un dispositif particulier en fonction de la nature de leur handicap et de l’épreuve concernée.
Article 32 :
Les personnes handicapées ne pouvant être occupées dans les conditions normales de travail, bénéficient d’emplois adaptés ou en cas de besoin d’ateliers protégés.
Article 33 :
Un quota d’emplois dans la fonction publique et dans les établissements publics de l’Etat est réservé aux personnes handicapées selon leur qualification conformément aux textes régissant les différents emplois.
Article 34 :
Les entreprises publiques et privées réservent un quota d’emplois aux travailleurs handicapés conformément aux textes en vigueur.
Article 35 :
Toute entreprise créée par une personne handicapée au profit d’autres personnes handicapées bénéficie d’encadrement technique, d’aide, d’exonérations fiscales conformément aux textes en vigueur.
Article 36 :
Aucune personne handicapée ne peut être licenciée d’un emploi public ou privé du fait de son handicap.
Section VII : Des domaines des sports, des loisirs, des arts
de la culture et de la communication.
Article 37 :
Les personnes handicapées doivent être prises en compte dans la politique de promotion des sports, des loisirs, des arts et de la culture.
Article 38 :
Les aires de sport, de loisirs et de culture doivent être accessibles et/ou adaptées aux personnes handicapées.
Les personnes handicapées titulaires de la carte d’invalidité bénéficient d’une réduction pour les entrées payantes.
Article 39 :
Toute personne handicapée a droit aux prestations de service de communication publique, en ligne, à la presse écrite et audiovisuelle.
Section VIII : Du domaine de la participation à la vie politique et à la vie publique.
Article 40 :
Toute personne handicapée jouit des mêmes droits civils et politiques et les exercent sur la base de l’égalité avec les autres et dans le respect des textes en vigueur relatifs à la capacité juridique.
Article 41 :
Les procédures, les équipements et le matériel électoraux doivent être appropriés et accessibles aux personnes handicapées.
Article 42 :
Toute personne handicapée, dans l’impossibilité d’exprimer en toute autonomie sa voix pendant les élections, est autorisée à se faire assister d’une personne de son choix ou par un membre du bureau de vote.
Article 43 :
Les personnes handicapées exercent toute fonction publique et bénéficient, en cas de besoin, d’un aménagement de leur poste et de leur cadre de travail.
Section IX : Du domaine de l’action sociale
Article 44 :
Toute personne handicapée détentrice de la carte d’invalidité bénéficie prioritairement du soutien et de l’accompagnement des services de l’action sociale.
Article 45 :
Des aides collectives peuvent être accordées aux groupes et associations de personnes handicapées légalement reconnus ou à leurs familles.
Article 46 :
La protection et la sécurité des personnes handicapées dans les situations de risques, de conflits, de crises humanitaires et de catastrophes naturelles sont assurées en priorité au même titre que les enfants et les femmes.
Article 47 :
Des structures spécialisées sont créées, le cas échéant, pour répondre aux besoins particuliers des personnes polyhandicapées.
Article 48 :
Toute personne handicapée a droit au respect de sa vie et de son image. Aucune immixtion ne doit être portée à son égard quel que soit son lieu de résidence.
Article 49 :
En cas de besoin, l’Etat peut accorder à toute personne handicapée, père ou mère, une aide appropriée dans l’exercice de son autorité parentale.
Article 50 :
Des structures spécialisées sont créées, le cas échéant, pour accueillir et prendre en charge les personnes handicapées.
Article 51 :
Toute importation ou production de matériel spécifique destinée aux personnes handicapées bénéficie d’une exonération fiscale et/ ou douanière dans le domaine de la santé, de l’éducation, des transports, de la communication, de la culture, des sports, des loisirs et de l’artisanat.
Chapitre III : des dispositions pénales
Article 52 :
Tout manquement aux dispositions des articles 6, 7, 8, 10, 13, 14, 15, 16, 17, 19, 20, 21, 26, 27, 33 et 37 de la présente loi, par toute personne physique ou morale autre que l’Etat et ses structures, est puni d’une amende de cinquante mille (50 000) francs CFA à cent mille (100 000) francs CFA et en cas de récidive, d’une amende de cent mille (100 000) francs CFA à deux cent mille (200 000) francs CFA sans préjudice des dommages et intérêts.
Article 53 :
Le licenciement ou le rejet de candidature pour motif injustifié de handicap, par toute personne physique ou morale autre que l’Etat et ses structures, est puni d’une amende de cinquante mille (50 000) francs CFA à trois cent mille (300 000) francs CFA et en cas de récidive d’une amende de trois cent mille (300 000) francs CFA à un million (1 000 000) de francs CFA sans préjudice des dommages et intérêts.
Article 54 :
Le licenciement ou le rejet de candidature pour motif injustifié de handicap, par tout responsable d’un service public, est puni d’une amende de cinquante mille (50 000) francs CFA à trois cent mille (300 000) francs CFA et en cas de récidive d’une amende de trois cent mille (300 000) francs CFA à un million (1 000 000) de francs CFA sans préjudice des dommages et intérêts.
Article 55 :
Toute personne coupable d’immixtion arbitraire ou illégale dans la vie privée d’une personne handicapée est punie d’une amende de cinquante mille (50 000) francs CFA à trois cent mille
(300 000) francs CFA et en cas de récidive d’une amende de trois cent mille (300 000) francs CFA à six cent mille (600 000) francs CFA et d’un emprisonnement de deux à six mois ou de l’une de ces deux peines seulement sans préjudice des dommages et intérêts.
Chapitre IV : des dispositions finales
Article 56 :
Un organe multisectoriel de coordination, de suivi et d’évaluation est mis en place pour l’application effective des dispositions de la présente loi.
L’organisation, le fonctionnement et la composition de l’organe sont définis par décret pris en Conseil des ministres.
Article 57 :
Des décrets pris en Conseil des ministres précisent les modalités d’application de la présente loi.
Article 58 :
La présente loi qui abroge toutes dispositions antérieures contraires sera exécutée comme loi de l’Etat.
Ainsi fait et délibéré en séance publique à Ouagadougou, le 1er avril 2010.
Pour le Président de l’Assemblée nationale,
le Premier Vice-président
Kanidoua Naboho
Le Secrétaire de séance
T. Gandi SANOU
Boukari Kiéma, secrétaire permanant de l’Association des élèves et étudiants handicapés du Burkina
Quelles sont les luttes qui ont été menées par votre association ces dernières années ?
Nous avons tenu des meetings, des sit-in, des plaidoyers et des interpellations auprès de nos autorités pour la prise en compte du volet handicap, surtout les élevés et étudiants handicapés. Nous avons interpelé le gouvernement a plusieurs reprises afin qu’il concrétise le quota de 10% des postes du concours de la fonction publique. A ce titre, nous avons rencontré plusieurs fois le ministre en charge Fonction publique et on peut dire que les choses avancent bien. Mais là où nous avons été déçus parce que nous sommes passés de 100, à 40 puis à 21 emplois à pourvoir au profit des personnes handicapées. On se demande combien de poste on proposera au prochaine session de concours. Nous avons également participé au forum national des personnes handicapées ou des engagements ont été pris par le chef de l’Etat pour le respect de la loi 012 portant promotion et protection des personnes handicapées au Burkina. Nous sommes en train de nous organiser pour suivre tous les engagements pris lors de de ce forum.
Quelle est la situation actuelle de l’étudiants handicapé burkinabè ?
Nous pouvons dire que des choses sont faites au niveau de l’accès au logement. Nous avions une villa d’une capacité de 12 place. Cette année académique 2018, nous avons obtenu une villa non loin de l’université pour loger nos amis qui sont dans le besoin. Mais ça ne suffit parce qu’il y a environ 97 étudiants handicapé à l’Université de Ouaga 1 Pr Joseph Ki Zerbo. La question de l’accessibilité aux cours se pose avec acuité au sein de l’université. Beaucoup de professeurs n’ont pas l’esprit de solidarité envers les personnes handicapées. Les étudiants handicapés visuels rencontrent beaucoup de problèmes avec leurs enseignants qui refusent d’adapter leurs devoirs à ces derniers lorsqu’il y a des schémas. Pour les étudiants handicapés auditifs n’arrivent pas à entendre lorsque les professeurs font les cours parce que les professeurs ne sont pas formés dans le langage des signes ou refuse de donner les versions numériques des cours. Les handicapés moteur ont du mal à avoir accès aux salles de cours, parce qu’elles sont au 1er ou 2e étages. Ce qui est à saluer, lorsque l’étudiant présente sa carte d’invalidité il bénéficie d’une réduction de 50% des frais d’inscription.
Qu’est ce qui doit être fait, selon vous, pour faciliter les choses pour les personnes handicapées ?
L’Etat a fait l’effort de ratifier la convention internationale sur les droits, la protection et la promotion des personnes handicapées. Il a également voté une loi nationale prendre en compte cette convention. La loi existe mais sa mise en œuvre sur le terrain pose toujours problème. La carte qui offre des avantages aux personnes n’est pas reconnue par l’ensemble des acteurs sur le terrain. C’était à l’Etat d’initier des campagnes d’information et de sensibilisation afin qu’elle soit connue de tous. Malheureusement, il n’y a que les personnes handicapées qui font ce travail sur le terrain.
Avez-vous un appel à lancer ?
Je lance un appel au toute le monde. Nous n’avons pas acheté les handicaps qui portont aujourd’hui. Nous sommes tous des personnes éligibles au handicap. Du jour au lendemain, chacun peut tomber dans cette situation. Ce qu’il y a à faire c’est de rendre beaucoup de chose accessible aux personnes handicapées. Rendre nos politiques et programmes accessibles en prenant en compte les personnes handicapées.
Avez-vous une anecdote ?
En 2006, une entreprise de la place cherchait des agents commerciaux. Ceux qui étaient charger de dresser la liste ont refusé mon dossier sous prétexte que je suis une personne handicapée. Malgré ce refus, je me suis caché pour prendre autant de cartons de savons que mes amis valides. A la fin de la journée, j’avais réussi à écouler mes cartons. Lorsque le recruteur a vu que j’avais réussi à écouler mes produits, il s’est ravisé pour éliminer le dernier en terme de vente pour me retenir. Depuis lors, nous avons gardé de très bonnes relations.
Propos recueillis par IS