TSHISEKEDI AUX ETATS-UNIS. : Une visite qui risque de virer au fiasco diplomatique
Après son périple régional qui l’a conduit, tour à tour, à Brazzaville au Congo, Luanda en Angola, Addis- Abeba en Ethiopie, Windhoek en Namibie, Kigali au Rwanda, Entebbe en Ouganda et Dakar au Sénégal, le président congolais, Félix Tshisekedi, s’est envolé pour les Etats-Unis. C’est sa première visite hors du continent africain. L’objectif principal de cette randonnée en terre américaine, est de resserrer les liens diplomatiques, économiques, commerciaux et sécuritaires avec un partenaire stratégique qui était en froid avec le régime sorti de Joseph Kabila. Autrement dit, Félix Tshisekedi veut réchauffer l’axe Kinshasa/Washington ; lui qui, depuis son accession au pouvoir, parcourt les capitales d’un pas pressé. Sans doute est-il toujours à la recherche d’une reconnaissance internationale quand on sait que bien des chancelleries avaient émis des réserves sur sa victoire à la présidentielle passée, avant de se raviser. C’est le cas même des Etats-Unis qui avaient longtemps hésité avant de faire contre mauvaise fortune bon cœur en s’accommodant du successeur de Kabila. C’est la loi de la realpolitik. Car, comme on le sait, la République démocratique du Congo (RDC) n’est pas n’importe quel pays. Il regorge d’énormes potentialités minières qui attisent les convoitises des grandes puissances. Si fait qu’aucune d’elles ne veut prendre le risque de se mettre à dos ce pays. Cela dit, si Tshisekedi, au cours de son séjour, parvenait à rencontrer son homologue Donald Trump, ce serait une véritable victoire diplomatique. Ce serait la preuve que les Etats-Unis ont définitivement tourné la page et qu’ils ont désormais le regard tourné vers l’avenir. Mais on n’en est pas encore là.
Tshisekedi risque de mordre la poussière à Washington
Car, jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, le Département d’Etat et la diplomatie congolaise entretenaient le flou sur une éventuelle rencontre entre Donald Trump et Félix Tshisekedi. Ce qui fait dire à certains que la visite du numéro un des Congolais, risque de virer au fiasco diplomatique si le locataire de la Maison Blanche venait à invoquer un agenda chargé pour snober Tshisekedi ; pour le laisser entre les mains du Secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, ainsi que d’autres hauts responsables américains. Un tel scénario n’est pas à exclure quand on sait que les Etats-Unis ne digèrent toujours pas le fait que Tshisekedi n’arrive pas à s’affranchir de la tutelle de l’ex-président Joseph Kabila qui, on le sait, reste toujours le maître du jeu à Kinshasa. Et le professeur de Sciences politiques à l’Université de Liège, en Belgique, ne dit pas autre chose quand il affirme : « Pour les Etats-Unis, la réussite de Félix Tshisekedi est en grande partie conditionnée à la mise à l’écart des partisans de Kabila ». En tout cas, si Tshisekedi n’y prend garde, il risque de mordre la poussière à Washington en se faisant éconduire par Donald Trump qui, naguère, n’avait pas hésité à envoyer paître des dictateurs comme Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Paul Biya du Cameroun, pour ne citer que ces deux exemples. Pour le moins, on sait que Martin Fayulu et ses camarades qui revendiquent toujours la victoire à la dernière présidentielle, n’attendent que cet échec diplomatique pour en faire leurs choux gras. Tshisekedi est donc prévenu.
Boundi OUOBA