REPRISE DES COMBATS EN LIBYE. : Quand l’ONU veut se donner bonne conscience
Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU était réuni au grand complet à New York, les armes crépitaient en Libye où les forces du maréchal Khalifa Haftar affirment avoir pris aux troupes loyalistes, le contrôle d’une caserne située à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli. C’est dire si le maréchal Haftar est déterminé à marcher sur la capitale libyenne si bien qu’il reste sourd et insensible à la clameur qui monte. On se rappelle, en effet, qu’à l’issue d’une première réunion tenue le 5 avril dernier, le Conseil de sécurité de l’ONU avait appelé à « l’arrêt immédiat » des hostilités en Libye ; mais rien n’y fît. Les combats y font rage et la situation humanitaire s’y est fortement dégradée puisque de nombreux civils se retrouvent piégés quand certains n’ont tout simplement pas été trucidés. Les statistiques font état d’une quarantaine de personnes tuées. Du coup, la conférence nationale libyenne qui, pourtant, suscitait beaucoup d’espoirs pour une sortie de crise, a été reportée sine die, du fait de la violence qui a repris ses droits au pays de Mouammar Kadhafi. Pouvait-il en être autrement quand on sait que les grandes puissances, du fait de leurs intérêts divergents, ne parlent pas le même langage dans le dossier libyen. En effet, pendant que certains pays comme la Russie, le Qatar, la France (même si cette derrière s’en défend) misent sur Haftar pour venir à bout des islamistes qui écument la Libye, d’autres, en l’occurrence les Etats-Unis, l’Italie et la Grande Bretagne, roulent pour le gouvernement de Fayez-al-Sarraj qui, en vérité, ne contrôle qu’une portion congrue du pays.
La détérioration du climat sociopolitique en Libye, n’est ni plus ni moins que la rançon de la grande hypocrisie des Occidentaux
Ceci pouvant expliquer cela, on comprend pourquoi, au-delà des condamnations de principe, l’ONU donne l’impression de faire dans l’impéritie parce que profondément divisée. C’est fort de ces divergences manifestes que le maréchal Haftar avance, conscient qu’une intervention armée des Occidentaux plongerait davantage la Libye dans un chaos généralisé avec un risque accru de guerre civile. En fait, on ne le sait que trop bien. L’ONU cherche seulement à se donner bonne conscience quand on sait que la détérioration du climat sociopolitique en Libye, n’est ni plus ni moins que la rançon de la grande hypocrisie des Occidentaux qui, non seulement n’avaient pas songé à assurer le service après-vente après la chute de Kadhafi, mais aussi profitent de la situation de ni paix ni guerre qui n’en finit pas pour piller les ressources du pays. Et comme pour ne rien arranger, ces mêmes donneurs de leçons appellent à l’organisation d’élections libres et transparentes dans un pays non pacifié, qui est presque sous coupe réglée des groupes armés. Peut-être sait-on jamais. Les choses finiront par se décanter d’elles-mêmes si, à l’issue des intenses combats sur le terrain, le rapport de forces balance en faveur d’un camp qui mettra alors tout le monde au pas.
B.O