NOMINATION D’UN NOUVEAU PREMIER MINISTRE AU MALI : Boubou Cissé réussira-il là où Boubèye Maïga a échoué ?
Quatre-vingt-seize heures après la démission de Soumeylou Boubèye Maïga de son poste du Premier ministre, le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, qui avait entamé des consultations tous azimuts, vient de sortir de son bonnet, le nom de son successeur, Boubou Cissé. C’est lui qui aura désormais la lourde charge de former un gouvernement dans les tout prochains jours. L’homme était ministre de l’Economie et des finances du précédent gouvernement. IBK a-t-il enfin trouvé l’oiseau rare? Autrement dit, Boubou Cissé réussira-t-il là où son prédécesseur a échoué ? On attend de voir. En tous les cas, il est contraint à réussir car, les députés de la majorité comme de l’opposition qui ont poussé son prédécesseur à la démission, n’hésiteront pas à lui réserver le même sort que Boubèye Maïga s’il ne parvient pas à leur donner satisfaction. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il porte désormais sur ses épaules une lourde charge eu égard à la montagne de défis à laquelle il fait face. On ne le sait que trop bien, le pays de Soundjata Kéita n’est plus maître absolu de son territoire au regard des terroristes de tout poil qui l’écument, notamment sa partie septentrionale et du centre. En dépit de la multitude de forces déployées sur le terrain, force est de constater que la nébuleuse a repris du poil de la bête après l’opération Serval qui avait permis en 2012, de stopper la progression des groupes terroristes vers Bamako. En plus du défi sécuritaire donc, le nouveau Premier ministre devra également travailler à rassembler les Maliens qui, il faut bien l’admettre, sont plus que jamais divisés aujourd’hui, non seulement à cause des conflits intercommunautaires à répétition, mais aussi et surtout à cause des questions religieuses. A preuve, le nouveau bureau du Haut conseil islamique qui vient de pousser ses premiers vagissements, est déjà contesté par ceux-là mêmes qui étaient censés guider ses pas. Et ce n’est pas tout, la classe politique, notamment l’opposition, est depuis quelque temps vent debout contre le pouvoir d’IBK. N’est-ce pas d’ailleurs cette fronde qui a eu raison de Soumeylou Bouyèga Maïga ?
IKB qui aura battu le record dans la sous-région en terme de nombre de Premiers ministres
Et tant que le pouvoir n’apportera pas de réponses conséquentes à ses désidératas, le mercure ne baissera point. Autant dire que Boubou devra retrousser ses manches et aller au charbon tout de suite et maintenant. Du reste, le premier grand test qui l’attend, c’est la formation du nouveau gouvernement. Malgré les qualités qu’on lui prête, jeune, technocrate, il faut reconnaître que ce test s’avère redoutable pour ce peulh du Centre. Comment former une équipe qui satisfera la majorité présidentielle et l’opposition? Quelle règle de trois appliquer pour un partage équitable du gâteau, surtout s’il s’agit d’un gouvernement de large ouverture comme annoncé? Toujours est-il que la tâche ne sera pas aisée pour cet économiste de 47 ans et ancien fonctionnaire de la Banque africaine de développement, déjà que sa nomination fait des grincements de dents aussi bien du côté de l’opposition dont certains membres estiment qu’il n’y a pas eu de changement parce qu’il est un homme du sérail et un ami personnel de la famille du président, que de la majorité parlementaire. L’on se demande si Boubou ne servira pas lui aussi de fusible pour IKB qui aura battu le record dans la sous-région en terme de nombre de Premiers ministres (6) en six ans de règne. N’est-il pas temps qu’il interroge sa gouvernance politique, sociale et économique? En tout cas, on est en droit de penser que le problème est plus lié à la gouvernance d’IBK qu’à la qualité des hommes qu’il nomme à la primature. Cela dit, Boubou sera-t-il le dernier Premier ministre d’IBK ? En tout état de cause, tout le mal que l’on peut souhaiter à Boubou Cissé, c’est de réussir à marcher sans maculer son boubou afin de donner un autre visage au Mali.
Dabadi ZOUMBARA