HomeA la uneIMPASSE POLITIQUE AU SOUDAN

IMPASSE POLITIQUE AU SOUDAN


Plus d’un mois après la chute du président Omar el Béchir, au Soudan, les choses ne semblent pas évoluer dans le bon sens. Les accords entre l’armée et le peuple se succèdent mais ne durent que le temps d’un feu de paille. Si fait que l’on se retrouve dans une impasse politique. Pire, le clash semble consommé avec la grève générale qui se profile  à l’horizon. En effet, après le récent échec des pourparlers qui avaient donné à espérer, l’Alliance pour la liberté et le changement qui regroupe les principales organisations contestataires, a annoncé son intention d’organiser, mardi prochain, soit demain 28 mai 2019, une grève générale. Le coupable de cette situation n’est personne d’autre que l’armée qui, comme un larron, veut dérober au peuple le fruit de sa révolution.  Cela dit, la question que l’on peut se poser est la suivante : que cache la boulimie du pouvoir de la soldatesque au Soudan ?   Au-delà des comptes de la gestion chaotique de Omar El Béchir que l’armée tente de maquiller, l’on peut bien se douter que certains officiers n’aient pas quelque chose à se reprocher dans le massacre qu’a connu le Darfour. Tout se passe comme si les militaires cherchent ainsi à protéger leurs arrières, conscients que l’épée de Damoclès de la Cour pénale internationale (CPI) qui plane sur la tête de l’ex-président, ne saurait les épargner. Toutefois, il faut rappeler que la Grande muette soudanaise est quelque peu galvanisée par le manque de fermeté de l’Union africaine (UA) qui, après ses menaces verbales, s’est renfermée dans une attitude beaucoup plus conciliante. Et comme pour ne rien arranger, le président en exercice de l’organisation continentale, le Général Al Sissi,  a reçu le 25 mai dernier, le chef de la junte à qui il a réaffirmé son soutien.

Seule la rue peut contraindre l’armée à larguer les amarres

 

L’autre soutien de taille de l’armée, ce sont les pays du Golfe qui déversent des pétrodollars dans l’escarcelle du régime. Tout se passe comme si des forces coalisées travaillaient au profit des militaires pour les aider à sécuriser leur butin et tout ceci, dans le mutisme total de la communauté internationale qui s’est désintéressée de la crise politique en cours au Soudan. Conscient donc qu’il est orphelin dans sa lutte et qu’il ne peut compter que sur ses propres forces, le peuple soudanais a pris ses responsabilités et appelle désormais à la désobéissance civile. L’objectif est de faire monter la pression sur les généraux  dont l’attitude ne laisse entrevoir aucune ligne clairement définie. En effet, contrairement à l’Algérie où la hiérarchie militaire a eu le souci de sauver les apparences en définissant une feuille de route et en  conduisant une transition basée sur  le respect de la Constitution, au Soudan, il en va autrement.  Seule la rue qui a eu raison d’Omar el Béchir peut contraindre l’armée à larguer les amarres. Soit elle assume le coup d’Etat avec le risque bien connu de  se mettre à dos la communauté internationale, soit elle retourne dans les casernes, laissant la charge aux civils de conduire la transition vers l’organisation d’élections libres et démocratiques.

SAHO

 

 

 


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