REDEPLOIEMENT ANNONCE DES ENSEIGNANTS
Le problème est réel et il mérite d’être traité avec beaucoup de sérieux. Il s’agit du surpeuplement d’enseignants à Ouagadougou. En effet, au primaire par exemple, on peut, dans une même salle de classe, voir deux voire trois enseignants si fait que l’on ne sait pas qui fait quoi et pourquoi. Au secondaire, on voit des enseignants qui n’ont pas leur nombre d’heures dues et qui passent le temps à faire la vacation. A côté d’eux, il y en a qui ont demandé des détachements et qui, au final, ne font plus rien comme travail si ce n’est aller toucher son salaire à la fin du mois. Pendant ce temps, il y a de nombreuses écoles en campagne, qui manquent cruellement d’enseignants aussi bien au primaire qu’au secondaire. Or, si les ressources étaient bien gérées, il ne devrait pas se poser de problème d’enseignants. C’est pourquoi j’ai applaudi à tout rompre à l’ouverture du Conseil de cabinet élargi aux structures centrales, déconcentrées, rattachées et de missions du ministère de l’Education nationale, de l’alphabétisation et de la promotion des langues nationales (MENAPLN), dont l’objectif est de dégager une feuille de route pour une gestion rationnelle des ressources dudit ministère. C’est une initiative qui mérite d’être saluée à sa juste valeur. D’ailleurs, elle n’avait que trop tardé. Il faut seulement souhaiter que les choses aillent jusqu’au bout. Car, au Burkina, on aime prendre des initiatives qui ne vont pas loin et après, tout le monde fait semblant d’avoir oublié. C’est le cas, par exemple, de la remise à plat annoncée des salaires que tout le monde avait saluée et qui, aujourd’hui, semble rangée dans les oubliettes. Cela dit, pour revenir au surpeuplement des enseignants à Ouagadougou, je souhaite que l’Etat prenne ses responsabilités. Et il a d’autant plus les coudées franches pour le faire qu’il vient d’accéder favorablement aux revendications des enseignants.
Il faudra aussi faire en sorte que les enseignants voient leurs dossiers traités dans les brefs délais à la solde
Autant ces derniers se sont montrés intraitables, autant l’Etat doit aussi se montrer exigeant vis-à-vis d’eux. Seulement voilà, il y a une réalité dont il faut absolument tenir compte. Il s’agit du contexte sécuritaire qui se dégrade de jour en jour. Et c’est peu dire que la corporation enseignante y a payé un lourd tribut. En effet, ils sont nombreux les enseignants qui ont été lâchement assassinés, parfois même devant leurs élèves, par des hommes armés non identifiés. Comment, dans ces conditions, vouloir que d’autres enseignants acceptent d’aller en zone dangereuse alors même que l’Etat n’est pas en mesure d’assurer leur sécurité ? C’est dire qu’avant d’envisager le redéploiement des enseignants à travers le pays, l’Etat doit scrupuleusement accomplir l’une de ses missions régaliennes qui est d’assurer la sécurité de tous les citoyens. Et ce n’est pas tout. Il faudra aussi faire en sorte que les enseignants, en l’occurrence les nouveaux qui sont affectés en province, voient leurs dossiers traités dans les brefs délais à la solde. Je le dis parce que, de par le passé, je connais des enseignants qui ont passé plus de deux ans sans le moindre sous. Comment voulez-vous, dans ces conditions, qu’ils puissent dispenser le savoir aux enfants ? Soyons sérieux !
« Le Feu »