MANIFS CONTRE ADAMA BARROW EN GAMBIE
« Une promesse est une dette », dit un adage bien connu. Mais cela est-il valable en politique ? On peut répondre par la négative ; tant ils sont nombreux, les hommes politiques qui, une fois parvenus au pouvoir, ne respectent pas leurs engagements ou devrions-nous dire, ne tiennent pas leurs promesses. C’est le cas, par exemple, du président gambien, Adama Barrow qui, pendant la campagne électorale, avait promis à ses compatriotes d’écourter son mandat au bout de trois ans, s’il était élu à la tête de son pays. Arrivé au pouvoir en 2016, avec le soutien d’une coalition de l’opposition qui a réussi à défier le dictateur Yahya Jammeh, Adama Barrow donne l’impression d’y avoir pris goût si fait qu’il ne compte pas larguer de sitôt les amarres et ce, alors même qu’il aura, dans quelques semaines seulement, totalisé trois bonnes années à la Slate House. « Personne ne pourra me forcer à quitter le pouvoir avant 2021. Nous irons aux élections et je transmettrai dignement le pouvoir à quiconque l’emportera », avait-il déclaré en fin mars dernier dans les colonnes du journal The Standard. De quoi irriter certains de ses soutiens qui ont défilé massivement le 16 décembre dernier à Banjul. Ils lui demandent de débarrasser le plancher au plus tard le 19 janvier prochain ; faute de quoi ils vont remettre le couvert en manifestant, ce jour-là, en direction du palais présidentiel.
Les lambris dorés du pouvoir ont leur raison dorés que le commun des mortels ignore
C’est dire si l’on s’achemine vers un bras de fer entre le peuple gambien et le président Barrow dont l’avenir politique est en train de prendre ainsi un sérieux coup. Pouvait-il en être autrement quand on sait que les hommes politiques sont ainsi faits qu’ils excellent dans la roublardise et les pantalonnades ? En effet, peu avant Adama Barrow de la Gambie, c’est le président Patrice Talon du Bénin qui avait promis de faire un seul mandat mais qui, parvenu au pouvoir, s’est rétracté. A preuve, tout porte à croire que l’homme sera dans les starting-blocks pour la prochaine présidentielle. Et ce n’est pas tout. Pour conquérir le cœur des Sénégalais, Macky Sall, alors en campagne en 2012, avait promis de ramener le mandat présidentiel de sept à cinq ans. Mais aujourd’hui, le débat n’est plus à l’ordre du jour puisque le successeur de Wade a manœuvré, même s’il est vrai qu’il y a mis la forme, pour que le mandat présidentiel demeure tel quel. Comme quoi, les lambris dorés du pouvoir ont leur raison que le commun des mortels ignore si fait que peu de dirigeants se soucient du respect de la parole donnée. Qu’il est donc vrai que le pouvoir, comme qui dirait, ne transforme pas l’homme mais le révèle!
B.O