COVID-19 EN AFRIQUE
Le Covid-19 a réussi le tour de force de faire le tour du continent noir. Les quelques rares pays qui n’avaient pas encore reçu la visite du virus, sont en train d’enregistrer leurs premiers cas. Résultat, tous les pays affectés, riches comme pauvres, ploient aujourd’hui sous le poids de cette terrible maladie dont beaucoup d’Africains s’accordent à dire qu’elle risque, au rythme où vont les contaminations, de faire rayer certains pays qui tiraient déjà le diable par la queue, de la carte. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, le Covid-19 a aussi fait des heureux en Afrique et à tous les niveaux politique, économique, social, etc. Nous parlerons d’abord d’eux avant d’évoquer le cas de ces millions d’hommes et de femmes, rendus pratiquement clochards par le nouveau coronavirus. Parlant de ceux qui applaudissent des deux mains le Covid-19, l’on peut premièrement s’arrêter sur ces commerçants véreux qui sont en train de faire fortune sur le dos des populations en augmentant de manière sauvage, les prix des produits de première nécessité. Et ces individus sans foi ni loi sévissent le plus dans les quartiers périphériques des villes africaines. Ces genres de pratiques nauséeuses trouvent leur terrain de prédilection beaucoup plus dans les zones non-loties que dans les quartiers huppés des capitales africaines. Et la raison est simple, l’Etat a déserté les quartiers marginaux et périphériques des grandes agglomérations et autres métropoles africaines au point de faire d’eux pratiquement des zones de non-droit. Dans ces zones, les prix sont fixés selon l’humeur du jour du commerçant et à la tête du client. La deuxième catégorie de personnes qui sont aux anges du fait du Covid-19 sont ces agents publics indélicats chargés de gérer les fonds et autres dons en nature, dédiés à la lutte contre le Covid-19. Cette race d’individus pullule malheureusement sous nos tropiques. Et rien ne les arrête dans leur course effrénée et quasi pathologique vers l’accumulation de biens mal acquis. Pour eux, le Covid-19 est une grande opportunité pour réaliser des affaires juteuses.
Sauf la Providence, on ne voit pas comment nos Etats peuvent arrêter cette onéreuse et jusque-là indomptable pandémie
Au Sénégal, par exemple, le ministère des Finances et du budget soupçonne déjà des personnes mal intentionnées de profiter de la campagne de collecte de fonds dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, pour détourner de l’argent. Au Burkina, comme à Madagascar, à tort ou à raison, des individus ou encore des institutions sont soupçonnés aussi de puiser illicitement dans la cagnotte dédiée à la lutte contre la pandémie. Le Sida a eu ses milliardaires de F CFA sous nos tropiques, Ebola également. Et l’on peut parier que le Covid-19 en enfantera si ce n’est déjà fait. Et pendant que les uns se servent du Covid-19 comme marche-pied vers la fortune, d’autres Africains sont en train de pleurer. Et quand on connaît la structure de l’économie des pays africains, l’on ne peut pas ne pas avoir une pensée émue pour les millions d’hommes et de femmes qui, en raison de la fermeture des yaars et marchés, ne savent plus quoi faire pour s’offrir, ne serait-ce qu’un repas par jour. L’on ne peut pas non plus oublier ces millions d’élèves et d’étudiants qui vivent aujourd’hui dans la hantise d’une année blanche. A ces personnes qui sont en train de payer un lourd tribut au Covid-19, l’on peut ajouter les milliers d’entreprises africaines qui étaient déjà inscrites à l’article de la mort bien avant le Covid-19, à cause de la morosité économique. Franchement, le Covid-19 fait peur en Afrique. Plus on y réfléchit, plus on risque de péter les plombs parce que, sauf la Providence, on ne voit pas comment nos Etats aux économies déjà fragiles et aux systèmes de santé combien défaillants, peuvent arrêter cette onéreuse et jusque-là indomptable pandémie.
Pousdem PICKOU