DEMANDE D’EVACUATION SANITAIRE DU GENERAL MOKOKO
La santé de l’opposant congolais, le général Jean-Marie Michel Mokoko, semble préoccuper très peu le président Denis Sassou Nguesso. En effet, en dépit des supplications de sa famille, l’opposant de 73 ans reste hospitalisé à Brazzaville. Et ce n’est pas tout. Des voix et pas des moindres, notamment celles de l’ONU et de bien des pays africains, s’élèvent de plus en plus pour réclamer l’évacuation sanitaire de ce septuagénaire qui, contrairement à la première thèse, ne souffre pas du Covid-19 mais plutôt de crise de paludisme aiguë aggravée par l’hypertension qu’il traîne depuis plusieurs années. Mais tout cela ne semble pas émouvoir outre mesure le pouvoir de Brazzaville qui, jusque-là, évite le sujet. C’est à se demander si les dictateurs n’ont pas une pierre à la place du cœur. Sinon, comment peut-on rester indifférent face à l’état de santé d’un vieillard que l’on dit à l’article de la mort? Denis Sassou Nguesso veut-il obtenir ce qu’il n’a pas pu réaliser par la Justice, c’est-à-dire la mort de son ancien bras droit devenu opposant ? En tout cas, son attitude achève de convaincre qu’il veut cet opposant plutôt mort que vivant. Or, le seul crime de ce dernier, en réalité, c’est d’avoir lorgné le fauteuil du dictateur en se portant candidat à la présidentielle de 2016. C’est depuis cette date que la descente aux enfers a commencé pour lui puisqu’après s’être fait réélire pour un 3e mandat, dans les conditions que l’on sait, Sassou, en bon dictateur, a jeté son rival en prison pour tentative de coup d’Etat. Et c’est peu dire que c’est la marque de fabrique des dictateurs. Ils ne supportent pas la contestation et tous ceux qui daignent lever le petit doigt pour critiquer leur régime, sont jetés en prison s’ils ne sont pas purement et simplement trucidés. En tout cas, Sassou voudrait laisser mourir à petit feu son plus farouche adversaire qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Des disparus du Beach aux oubliés du Pool en passant par les martyrs de Mpila, c’est une longue et macabre liste de cadavres que Sassou aura servie au peuple congolais
C’est d’autant plus vrai qu’il n’a jamais eu le moindre égard vis-à-vis de ce prisonnier. Tant et si bien que toutes ses demandes de mise en liberté provisoire, sont restées sans suite. On se rappelle qu’en 2018, le groupe d’experts de l’ONU sur les détentions arbitraires, avait ordonné sa « libération immédiate et sans conditions ». Une demande que le prince régnant de Brazza avait royalement ignorée. Autant dire que Sassou ne fait plus mystère de sa volonté de faire disparaître cet opposant au sens propre comme au figuré. On est d’autant plus fondé à le penser que tant que l’on ne mettra pas suffisamment la pression sur le dictateur, aucun ordre d’évacuation sanitaire à l’étranger ne sera donné pour sauver le soldat Mokoko. C’est pourquoi il faut exhorter les Congolais et la communauté internationale, à élever davantage la voix contre ce crime en perspective. Les placards de Sassou ne sont-ils pas suffisamment remplis de cadavres? Peut-on continuer d’assister impuissamment aux dérives du satrape ? Il est temps d’y mettre le holà. Car, c’est la démocratie qu’il cherche à assassiner. Et cela ne saurait être acceptable. Laisser mourir le général Mokoko, c’est cautionner d’une certaine manière l’impunité qui a toujours caractérisé le long règne sans partage de Sassou. Vite donc une solution pour sauver le général Mokoko qui se retrouve dans les serres d’un autocrate sanguinaire. Et c’est peu dire! En effet, des disparus du Beach aux oubliés du Pool en passant par les martyrs de Mpila, c’est une longue et macabre liste de cadavres que Sassou aura servie au peuple congolais en près d’un demi-siècle de règne. Laisser mourir Mokoko dans ces conditions, serait le crime de trop.
Dabadi ZOUMBARA