LITIGE AUTOUR DE LA GARE DU THEATRE POPULAIRE
Expulsé de la gare où il assurait ses activités de transport pour desservir des villes comme Koudougou, le Président directeur général (PDG) de la Société de transport Aorèma et frère (STAF), Boureima Adama Ouédraogo, sort de son silence, 4 mois après cette journée qui l’a marqué. Dans notre entretien du 27 juillet 2020, le patron de STAF pense qu’un réseau de personnes veut coûte que coûte lui prendre sa propriété. Et d’interpeller les autorités compétentes à réagir dans les jours à venir afin d’éviter des affrontements.
Il est remonté car, pour lui, il est simplement victime d’un complot. De la part de qui ? Le PDG de STAF affirme que « le premier président de la Cour d’appel de Ouagadougou m’a fait la force » en brandissant le procès-verbal d’expulsion et de paiement datant du mercredi 18 mars 2018 dont nous avons eu copie. Dans cette ordonnance rendue, l’on peut lire que c’est le premier président de la Cour d’appel de Ouagadougou qui a ordonné cette expulsion suite à la requête de la compagnie de transport Rakiéta. « C’est le premier président de la Cour d’appel qui m’a expulsé sur la base de la plainte de Rakieta sans que ce dernier n’y mette le pied et sans m’avoir écouté avant de prendre une telle ordonnance ». Et de marteler : « C’est sur la base d’un faux document de vente entre le patron d’OTAM et Kossouka transport que cette ordonnance a été prise. Ce document de vente m’a été présenté après mon expulsion, surtout que j’ai cherché à en comprendre la raison ». A-t-il les preuves de ses accusations ? Adama Ouédraogo nous présente une réponse réceptionnée suite à une requête au receveur des domaines de la publicité foncière de Ouaga I. Dans cette lettre que nous avons pu lire et qui date du 28 mai 2020, soit deux mois après l’expulsion de STAF, on peut lire : « J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que les recherches effectuées dans nos archives et registres disponibles, sauf erreur ou omission, n’ont pas révélé l’existence de titre de propriété ou de jouissance au nom de OTAM Sarl ou de la Compagnie Rakiéta Sarl ». Sur la base de cette réponse, le PDG de STAF est catégorique, le contrat de bail de 280 millions de F CFA qui lie OTAM à Kossouka transport est un faux. « La vente devrait être faite par un notaire. Mais mon avocat est aussi complice, car c’est lui qui devrait savoir que ce document de vente est un usage de faux. Mais il ne m’a jamais informé que Rakiéta a engagé une procédure contre moi », a-t-il affirmé.
« Je n’ai toujours pas eu mon permis d’exploitation puisque mon dossier est bloqué à cause de l’opposition de OTAM »
Avant d’arriver à cette ordonnance d’expulsion, Adama Ouédraogo dit avoir été informé quelques jours plus tôt, pendant qu’il était hospitalisé à l’étranger, par l’un de ses chefs de gare, qu’une procédure d’expulsion était en cours contre lui. Et la requête serait celle de Rakiéta. Connaissant le patron de Rakiéta car ils sont tous membres de la FENAT, il l’appela pour en savoir davantage. Le patron de Rakieta lui fait parvenir une première lettre dans laquelle il dit n’avoir pas engagé de procédure d’expulsion contre STAF par l’entremise de Me Sogodogo. Cette lettre a même été antidatée et cela a été reconnu par le propriétaire de Rakiéta dans une seconde lettre datant du 16 mai 2018, soit une semaine après la première lettre. Dans cette deuxième correspondance, ce dernier reconnaît avoir engagé cette procédure par l’entremise de Me Sogodogo. Dans cette lettre, l’on pouvait lire ceci : « Suite logique de votre propre procédure d’expulsion initiée contre ma compagnie en 2013 ». Qu’est- ce qui pourrait expliquer un tel passage ? Boureima Adama Ouédraogo nous en dit plus : « Le 30 décembre 2012, dans mon bureau au quartier Larlé, j’ai reçu l’ex-directeur de la société de transport Sans Frontière, qui est venu me voir avec un avis de la banque SGBB qui leur intime l’ordre de payer 300 millions de F CFA en 24 heures et que de les sauver. J’ai donc fait un chèque de ce montant demandé. L’ex-directeur de Sans Frontière m’a donc promis de me vendre la gare à ce prix. Je leur ai donc demandé de régler avec Me Seydou Balima, mon notaire, les questions administratives et celles liées aux ayants droit pour la signature de la vente (voir encadré) ». C’est suite donc à cette vente actée selon le PDG de STAF, que deux semaines après, le patron d’OTAM l’aurait appelé (en 2013) pour le rencontrer : « Il me dit que lui aussi a acheté la même gare mais avec Kossouka transport. Je lui ai donc dit que je poursuis la société Sans Frontière pour avoir mes documents et qu’il en fasse autant avec celui qui lui a vendu le terrain. C’est sur ces mots que nous nous sommes quittés ». Il poursuit en affirmant avoir payé tous les droits afférents à cette gare. Alors, ses adversaires sont allés voir la Justice pour mettre une opposition à sa demande de documents en lien avec la gare. « Quand on dépose les documents, ça ne passe pas. Alors que j’ai tout payé ». C’est en attente de ces documents que le PDG de STAF dit avoir pris possession de la gare pour y mener ses activités en janvier 2013 et ce, jusqu’à ce qu’il soit hospitalisé à l’étranger en 2017. « Je n’avais pas de problèmes. Mais aujourd’hui, je n’ai toujours pas eu mon permis d’exploitation puisque mon dossier est bloqué à cause de l’opposition de OTAM. C’est pourquoi, j’avais écrit aux impôts pour savoir si les documents étaient authentiques », a expliqué le PDG de STAF. « Et je suis sûr que le patron de Rakiéta sera dans la merde. Je suis sûr qu’il n’a pas un contrat de bail et ces gens vont le mettre dans des problèmes et voilà », a-t-il indiqué.
Boureima KINDO
La raison pour laquelle Rakiéta aurait demandé l’expulsion de STAF
« Au moment où ils sont venus me voir, la société Rakiéta était déjà dans la gare en location avec le papa de Salif Kossouka. Mais il n’existait pas un contrat de bail entre eux, puisque le permis d’exploitation était en banque. Après avoir réglé l’ardoise à la SGBB (ancienne appellation de SGBF), elle leur a donc remis le permis d’exploitation du terrain qui fait objet de litige à la Compagnie Sans frontière qui, maintenant, devrait expulser Rakiéta afin que je prenne possession de la gare. Alors que le tribunal a mentionné que c’est moi qui ai expulsé Rakiéta », a expliqué le PDG de STAF.
Rakiéta aurait été utilisé
« Après avoir reçu la première lettre antidatée de la part de Rakiéta, mon avocat l’a présentée au premier président de la Cour d’appel. Et ce dernier a appelé ceux qui sont en litige avec moi pour leur présenter ladite lettre. Puisqu’ ils avaient fait tous les jugements sans en informer la société Rakiéta. Ils ont donc voulu faire leur affaire sans que cette société ne soit au courant. C’est au dernier moment donc, qu’ils ont approché Rakiéta pour lui expliquer leur tentative, car un supposé contrat qui lie OTAM à Rakiéta est utilisé dans cette affaire. C’est après cela que la société Rakiéta m’a envoyé une deuxième lettre, reconnaissant avoir engagé une procédure d’expulsion contre ma société », a révélé le patron de STAF.
Quelle est l’implication de Kossouka Transport dans cette affaire ?
« La Compagnie Sans frontière avait vendu à Kossouka Transport la gare où j’ai été expulsé. Mais c’était une promesse de vente. Et comme Kossouka Transport a pris la gare et qu’il n’a pas pu payer, la banque a demandé à Sans frontière d’annuler la promesse de vente avec Kossouka Transport. Par voie de conséquence, la Compagnie Sans frontière a exécuté la demande de la banque. C’est suite à cela qu’au 30 décembre 2012, la SGBB a envoyé un avis à Sans frontière, qu’il a 24 heures pour payer afin de prendre son permis d’exploitation », a fait savoir Boureima Ouédraogo, PDG de STAF.
L’appel du PDG de STAF
« J’ai encore mes 15 000 litres de carburant dans la gare et le patron d’OTAM m’interdit de les utiliser. J’ai informé le premier président de la Cour d’appel de Ouagadougou, il me dit de voir l’huissier. J’appelle l’huissier, celui-ci dit qu’on peut aller prendre le carburant mais ceux d’OTAM refusent toujours. Je ne veux pas d’histoires, j’attends. Vous voyez, je parle mais je ne dis pas tout. Mais comme ça a atteint ce niveau, je ne peux me laisser faire. Je suis capable d’aller voir le président du Faso. J’ai déjà rencontré le ministre de la Justice à qui j’ai tout expliqué un mois après mon expulsion. Il a appelé le premier président de la Cour d’appel. Ensuite, ce dernier m’appelle pour me dire qu’il me demande pardon. Ça fait trois mois que j’attends qu’on me rétablisse dans mes droits. Si nous partons faire la bagarre à la gare pour prendre notre carburant, c’est quelque chose que je déteste. Mais je donne un délai aux autorités afin qu’elles prennent des mesures parce que mes travailleurs sont révoltés. On ne peut pas nous faire la force comme ça. Cela ne doit pas se faire dans un pays de droit (silence). Regardez comment la gare était animée. Je faisais une recette journalière de plus de 7 millions de F CFA. J’ai perdu des clients avec leurs faux documents-là. Ils n’ont aucun document administratif. Je demande aux autorités d’intervenir pour éviter le pire. Je demande aussi au REN-LAC de se saisir de ce dossier afin qu’on sache la vérité. Si dans un pays, deux personnes peuvent s’asseoir et faire un contrat de vente et dire que ce bâtiment nous appartient, il y a donc péril en la demeure », a prévenu le PDG de STAF.
Propos recueillis par BK