RDC
Les tensions récurrentes entre le Cash du président Félix Tshisékédi et le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, ont fini par affecter le fonctionnement des institutions en République démocratique du Congo (RDC). En effet, après les chamboulements opérés au sein de l’armée, qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive, l’on assiste désormais à une bataille rangée entre les deux alliés au pouvoir par magistrats interposés. Et c’est peu dire ! Car, deux juges que sont Noël Kilomba et Jean Ubulu issus de la Cour constitutionnelle, et qui avaient été nommés à la Cour de cassation par ordonnance présidentielle, refusent de quitter leurs postes respectifs. Tant et si bien qu’ils ont boycotté la cérémonie de prestation de serment qui a eu lieu en présence du chef de l’Etat Félix Tshisékédi himself. Même si les deux juges s’en défendent, estimant qu’ils ne peuvent être remplacés avant la fin de leur mandat en 2021, on peut dire que leur attitude cache mal une défiance par procuration. Surtout quand on sait qu’en guise de protestation à ces ordonnances présidentielles, plusieurs responsables de plusieurs corps constitués issus de la coalition pro-Kabila, dont les présidents des deux chambres du Parlement et le Premier ministre, ont boycotté la cérémonie de prestation de plusieurs hauts magistrats, présidée par Félix Tshisékédi.
Le président Tshisékédi joue gros
En fait, tout se passe comme si le chef de l’Etat congolais fait feu de tout bois pour se débarrasser des juges acquis à la cause du clan Kabila pour, in fine, placer ses hommes-liges dans la perspective de 2023. En tout cas, cette querelle de positionnement entre les deux alliés au pouvoir, est loin de servir la cause du peuple congolais. Loin s’en faut ! Il s’agit d’un conflit ouvert sur fond de calculs politiques à la petite semaine. Cela dit, pour autant que les deux juges constitutionnels ne soient pas dans une logique de défiance comme ils le clament, ils auraient dû tirer toutes les conséquences qui s’imposent en démissionnant des postes qu’ils occupent comme l’a déjà fait un autre juge constitutionnel sous le magistère de Kabila. Ainsi, ils seraient entrés dans l’histoire par la grande porte plutôt que de se laisser manipuler par des hommes politiques dont les pantalonnades n’ont d’égales que leurs irresponsabilités. En tout cas, le président Tshisékédi joue gros. Car, s’il perd la face devant ces deux hauts magistrats, il se résoudra tout simplement à inaugurer les chrysanthèmes puisque son autorité, ou au moins ce qu’il en reste, s’en trouvera totalement bafouée.
B.O