ENGOUEMENT POUR LA PRESIDENTIELLE
En 2015, ils étaient 22 les Burkinabè qui avaient déposé leur candidature à la CENI (Commission électorale nationale indépendante) à l’effet de briguer la magistrature suprême. L’on avait enregistré, à l’époque, deux candidatures féminines, celle de Saran Sérémé et celle de la regrettée Pascaline Toé. Après décantation, ils se sont retrouvés 14 à être sur la ligne de départ. L’incapacité de certains candidats à payer la caution, plus la loi Chérif, avaient été à l’origine de l’exclusion de candidats de la liste définitive. Cette fois-ci, ils sont 23 Burkinabè qui ont déposé leurs dossiers à la CENI pour participer à la course à Kosyam. Et parmi eux, trois femmes : Korotimi Rachya/M Goretti, Yéli Monique Kam et Justine Coulidiati. Par rapport à 2015 donc, il y a plus de candidatures féminines mais, de manière générale, l’on peut noter une sous-représentation de l’autre moitié du ciel à ces deux consultations majeures. Les pesanteurs socioculturelles sont certainement passées par là. Et ce n’est pas demain la veille que les tendances vont s’inverser tant ces pesanteurs sont fortement ancrées dans la société burkinabè. Cela dit, on constate un engouement pour la fonction présidentielle et cela, depuis 2015. Sans doute l’insurrection est-elle pour quelque chose dans cet état de fait. Cet événement sociopolitique historique a contribué à nourrir des vocations pour l’emploi. Et l’on peut en être fier. Car, c’est un signe de vitalité démocratique. En tout cas, pendant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré, la portion congrue des candidats qui ont osé le défier dans les urnes, était sûre de s’en sortir avec un score ridicule. Et certains d’entre eux avaient été suscités par l’Enfant terrible de Ziniaré. C’était donc à juste titre qu’on les avait qualifiés de candidats « motards ». Cette page semble avoir été tournée avec l’insurrection tant et si bien que personne ne peut pronostiquer pour la présidentielle de 2020 sans courir le risque de se tromper.
Certains ont voulu beaucoup plus faire le buzz
En tout cas, ils seront nombreux les éléphants qui vont se livrer bataille pour s’octroyer Kosyam. Et pour autant qu’ils le fassent dans les règles de l’art, c’est la démocratie qui en sortira davantage grandie. Pour le moment, on est dans l’attente de la validation des dossiers de ces 23 candidats à la fonction suprême. Et une commission, composée de la CENI et des candidats ou leur représentant, va siéger les 6 et 7 octobre à cet effet. La liste provisoire des candidats à l’élection du président du Faso, est attendue pour le 10 octobre. Le dernier mot revient au Conseil constitutionnel. Et l’on pourrait s’attendre à ce que la liste soit réduite de façon drastique. Et pour cause. La caution de 25 millions de F CFA pourrait difficilement être mobilisée par certains candidats. Et c’est le lieu de rappeler qu’en Afrique, cette caution n’est pas exagérée quand on la compare aux cautions de bien des pays. Au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire, par exemple, elles sont respectivement de 25 millions, 20 millions et 50 millions de F CFA. Comparaison n’est certes pas raison, mais si la caution était ramenée au franc symbolique, il y aurait, pour sûr, une inflation de candidats au point qu’il faudrait l’assistance du monde entier pour aider la CENI à organiser le scrutin. Et parmi cette foultitude de candidats, l’on enregistrerait des milliers et des milliers de plaisantins. Et cela n’est pas de nature à bonifier la démocratie. L’autre raison qui va certainement réduire de façon drastique la liste définitive des candidats à la présidentielle, est liée au fait que certains d’entre eux ont voulu beaucoup plus faire le buzz que de postuler sérieusement à la présidentielle. Certes, en démocratie, cela n’est pas un crime mais si l’on n’y prend garde, on risque de donner le sentiment que la course à la présidentielle est un grand moment pour amuser la galerie. C’est pourquoi l’on peut suggérer à la CENI, à l’avenir, de s’abstenir de réceptionner les dossiers qui frisent la provocation. Et les dossiers où les critères les plus élémentaires ne sont pas respectés, appartiennent à cette catégorie. En tout cas, la fiabilité d’une présidentielle ne se mesure pas à la quantité des candidatures mais à leur qualité. C’est dire s’il faut que les Burkinabè travaillent à intégrer cette vérité dans leur logiciel politique. Aux Etats-Unis, ils sont deux titans à se livrer bataille pour la présidentielle : Donald Trump et Joe Biden. Pour autant, il ne viendra à l’esprit de personne de remettre en cause la qualité de la démocratie au pays de l’Oncle Sam.
Sidzabda