23E ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DE NORBERT ZONGO
Il y a 23 ans, jour pour jour, que le journaliste d’investigation et directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », Norbert Zongo et ses compagnons, périssaient à Sapouy sous les balles assassines d’un mystérieux commando. Mais voilà aussi 23 ans que le peuple burkinabè, debout comme un seul homme, demande vérité et justice sur ce crime odieux qui était celui de trop après la série meurtrière enclenchée depuis octobre 1987. Voilà 23 ans donc que du fait de cette pression populaire, le fantôme du défunt hante le sommeil des commanditaires et des exécutants de son assassinat. Mais quel bilan peut-on faire de la longue quête de justice pour ce journaliste dont la rigueur de l’analyse, en a fait un visionnaire? Pendant les 16 ans qu’a duré le pouvoir Compaoré après la disparition tragique du journaliste, hormis les gains substantiels en matière de libertés démocratiques et plus particulièrement en matière de liberté de presse, les lignes n’ont pratiquement pas bougé. La mafia politico-judiciaire qui s’était dressée autour de cette brûlante affaire, avait réussi à noyer le dossier dans les abîmes. Mais depuis la fin de l’ancien establishment, l’on note avec satisfaction de petits pas fermes dans le dossier. En effet, sous la Transition, le dossier qui avait été classé sans suite, a été rouvert. Des inculpations ont été prononcées à l’encontre de présumés coupables et un mandat d’arrêt international a été émis à l’endroit de François Compaoré, frère cadet de l’ancien président Blaise Compaoré, désigné par la Commission d’enquête mise sur pied aux lendemains du crime sous la pression populaire, comme l’homme qui a planifié et fait exécuter le crime. Après une longue saga judiciaire en France, l’homme attend d’être situé sur son sort quant à son extradition vers le Burkina, pour répondre de ses actes.
Le jugement en cours de l’assassinat de Thomas Sankara donne de véritables lueurs d’espoir pour le dossier Norbert Zongo
L’on peut donc dire que les choses vont dans le bon sens même si le rythme de la Justice n’est pas celui souhaité par les Burkinabè et particulièrement, la Coalition contre l’impunité. En attendant, l’on peut déplorer deux choses. La première est que la mère de Norbert Zongo s’en est allée sans jamais obtenir justice pour son fils. La seconde est la couardise du présumé commanditaire qui fait des pieds et des mains pour échapper au rets de la Justice nationale. Comme le disait Norbert Zongo lui-même, quand on a le courage de dire « tuez-le », on devrait avoir le courage de dire « c’est moi qui ai dit de le tuer ». La situation est d’autant plus déplorable que le fait, pour François Compaoré, de freiner des quatre fers, a un impact sur le dossier dans la mesure où de nombreux acteurs ou témoins de cet odieux assassinat, disparaissent, emportant avec eux dans le silence de leur tombe, de lourds secrets. Cela dit, le jugement en cours de l’assassinat de Thomas Sankara donne de véritables lueurs d’espoir pour le dossier Norbert Zongo qui constitue la seconde affaire emblématique du pouvoir Compaoré. Même si l’on est d’avis que le temps de la Justice n’est pas celui de la rue, l’on espère que ceux qui mènent l’enquête feront diligence dans le traitement de cette épineuse affaire. Et pour cause. L’épilogue de ce dossier comme celui de Thomas Sankara, agira comme une catharsis pour la Nation burkinabè qui a besoin de se réconcilier avec son passé pour mieux se projeter vers l’avenir. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui que le pays semble jouer sa survie du fait du péril sécuritaire qui plane quotidiennement sur le territoire national et qui exige des Burkinabè, qu’ils présentent un front uni contre l’adversité. Mais c’est déjà une victoire pour Norbert Zongo de contraindre à la clandestinité, ses assassins qui souffrent le martyre de vivre exilés, loin de cette terre burkinabè où ils ont jadis fait la pluie et le beau temps.
Sidzabda