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INSECURITE AU BURKINA FASO  


Aspiré par la spirale de l’hallucinant trou noir de l’Immensité temporelle, l’an 2021 reposera sous peu dans l’antre du Néant. Comme dans une course de relais, l’année qui s’achève, termine son parcours en passant le témoin à l’an 2022. Plaise au Ciel que le sprint qu’il livrera à son tour, en l’espace des 365 jours impartis, soit des moins pénibles possibles pour la communauté adamique, dans l’espoir que ce parcours sera émaillé de moins d’aspérités et de péripéties. Bref, on croise les doigts pour que l’année qui éclot, soit, sous toutes ses coutures, meilleure que la précédente qui s’éteint. Même s’il est vrai que pour les populations du Sahel particulièrement, leur échine est constamment traversée par des frissons face à la gravité de l’heure et aux angoisses de lendemains fort inquiétants. Comment, en effet, porter l’estocade à l’ogre terroriste qui continue de se repaître du sang de milliers d’innocents et d’allonger la liste des innombrables sans-abris, véritables âmes en peine qui ne trouvent même plus de saint auquel se vouer ?  Au pays dit « des Hommes intègres », voici bientôt sept ans que la bête immonde sévit. Et le plus navrant est que l’espoir de la voir anéantie, prend, hélas, les contours dramatiques d’une ligne d’horizon. Soumis, depuis ces dernières années, au rythme infernal et meurtrier de la bestialité humaine qui porte la marque des haruspices illuminés de l’apocalypse, le Burkina Faso va mal. Si mal qu’à l’instar des années qui l’ont précédée, 2021 s’achève, comme elle a commencé, sur la cadence glaçante de l’horreur et de la tragédie. L’on se souviendra pour longtemps encore, du drame de Solhan dans la province du Yagha (région du Sahel), survenu dans la nuit du 04 au 05 juin 2021, qui aura coûté la vie à 132 personnes et qui s’illustre comme le pire massacre de civils depuis le surgissement du terrorisme dans notre pays.

 

A quand la fin de la spirale meurtrière ?

 

L’on aura aussi longtemps en mémoire, l’expédition meurtrière terroriste du 14 novembre dernier, contre le détachement de gendarmerie d’Inata dans le Soum, qui aura arraché la vie à 57 personnes dont 53 gendarmes et 4 civils, laquelle aura servi de détonateur à des manifestations à travers le pays, le 27 novembre dernier. Plus récemment encore, le 23 décembre passé, une quarantaine de personnes périssaient dans une embuscade, sur l’axe Titao-Ouahigouya dans le Nord du pays, parmi lesquelles l’intrépide Volontaire pour la défense de la patrie (VDP) du Loroum, Soumaïla Ganamé dit Ladji Yoro, mort en héros pour la Patrie, et qui a mérité, à juste titre, les hommages à titre posthume, de la Nation. A quand la fin de la spirale meurtrière qui, comme les dix Plaies d’Egypte, continue à se déployer dangereusement sur l’ensemble du territoire dont plus de la moitié échappe désormais au contrôle de l’Etat ?  Peut-on croire à un avant et à un après-Inata ? En tout cas, visiblement groggy par ce terrible drame qui aura mis à nu des dysfonctionnements « inacceptables » au sein de la hiérarchie militaire, liés notamment à des problèmes de ravitaillement en vivres et de logistique, le président Roch Marc Christian Kaboré (RMCK), dans une déclaration faite à l’issue du Conseil des ministres du 17 novembre dernier, a promis de faire la lumière sur ces manquements graves et de prendre des sanctions exemplaires à l’encontre des fautifs. Depuis, quelques lignes ont bougé. Quant au Premier ministre, Lassina Zerbo, sur les épaules duquel pèsent désormais tous les espoirs, il sait qu’il n’a pas droit à l’erreur. Et c’est pourquoi l’ancien responsable onusien chargé de l’interdiction des essais nucléaires, devrait faire sien l’aphorisme de Wilson Churchill, selon lequel : « Il ne sert à rien de dire : nous avons fait de notre mieux, il faut réussir à faire ce qui est nécessaire ». Le quasi sexagénaire technocrate saura-t-il opérer le changement de paradigme annoncé par le chef de l’Etat, le 25 novembre dernier ? Aura-t-il suffisamment les coudées franches pour mener à son terme le travail qui s’annonce cyclopéen ? Au pied du mur, on jugera le maçon.  En attendant, il faudra faire face à la triste et implacable réalité selon laquelle plus d’un million et demi de Burkinabè continuent d’être en situation d’errance sans que l’horizon ne soit près de s’éclaircir pour ces pauvres-hères dont il faut travailler au retour chez eux. La priorité pour l’Exécutif est sans conteste de réduire considérablement la voilure des terroristes, à défaut de pouvoir les anéantir.

 

L’Exécutif devrait également résoudre l’épineuse équation du chômage des jeunes

 

Et quid de la gangrène de la mal gouvernance qui continue à ronger l’Etat jusqu’aux os ? En attendant de savoir quel contenu sera donné à « l’opération mains propres » annoncée par le chef de l’Etat, tout le mal qu’on puisse souhaiter au pouvoir de RMCK est qu’il se montre à la hauteur de toutes ces préoccupations pressantes. Ce qui pourrait faciliter le retour de la paix au Burkina Faso et donner de nouvelles raisons d’espérer aux Burkinabè.   En effet, l’enquête administrative instruite par le Président du Faso, a débouché sur des sanctions administratives. Mais quid des sanctions judiciaires promises ? Des actes forts en direction de la population qui continue à s’interroger, le Burkina en a grandement besoin. Sont de ceux-là, l’impérieuse nécessité pour le sommet du pouvoir, de donner le bon exemple. Pour usage irrégulier, des véhicules de l’Etat ont été récemment mis en fourrière. Une preuve parmi tant d’autres, que la mal gouvernance a décidément la peau dure au Faso !  A ce rythme, on peut craindre que l’appel du chef de l’Etat aux populations, à contribuer à l’effort de guerre, ne trouve pas d’écho très favorable. Car, pour parvenir au résultat escompté, encore faut-il que les mêmes populations soient rassurées sur la bonne moralité de ceux qui les gouvernent. Des gouvernants qui devraient trouver, en urgence, des réponses aux profondes attentes des populations déjà soucieuses des effets désastreux d’une saison agricole calamiteuse. L’Exécutif devrait également résoudre l’épineuse équation du chômage des jeunes à travers des politiques innovantes et hardies, d’autant que, rendus très vulnérables, beaucoup de ces jeunes désœuvrés cèdent facilement aux sirènes maléfiques des groupes armés terroristes. Il y a aussi la question foncière, véritable bombe à retardement s’il en est, qu’il faudra désamorcer pendant qu’il est encore temps.  Mais en attendant, bonne et heureuse année 2022 à toutes et à tous.

 

Cheick Beldh’or  SIGUE, Directeur général, Directeur de publication des «Editions Le Pays»

Chevalier de l’Ordre National


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