ETAT DE SANTE DE L’EX-PREMIER MINISTRE MALIEN, BOUBEYE MAIGA
Il avait été placé sous mandat de dépôt en fin août dernier, après avoir été soupçonné de corruption et de favoritisme, notamment dans le cadre de deux affaires remontant à 2014 : l’achat de l’avion présidentiel et les contrats d’équipements militaires. Mais en mi-décembre dernier, la dégradation de son état de santé a conduit à son hospitalisation à Bamako, dans une clinique où plusieurs expertises médicales ont recommandé son évacuation sanitaire, en urgence. Soumeylou Boubèye Maïga, puisque que c’est de lui qu’il s’agit, ancien Premier ministre poussé à la démission sous Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), va mal ; très mal si l’on s’en tient aux cris de détresse de sa tendre moitié, Maïga Binta Yatassaye, selon qui son époux aurait « perdu plus de vingt-trois kilos et est extrêmement affaibli et malade ». A priori, on n’aurait pas de raison de douter de Mme Maïga d’autant qu’elle affirme que l’équipe pluridisciplinaire médicale qui a pris en charge son mari, « a conclu à la nécessité d’une évacuation ».
Et d’enfoncer le clou en ajoutant que le Conseil supérieur de la Santé est sur la même ligne. Pour autant que ce que dame Maïga dit, reflète l’exacte réalité, on peut s’interroger sur l’attitude des autorités maliennes qui semblent avoir décidé de se presser lentement, alors qu’elles ont pourtant reçu confirmation de l’urgence d’une évacuation du natif de Gao, suite à une contre-expertise médicale qu’elles ont elles-mêmes demandée.
Il serait préférable pour le pouvoir malien, de dégager sa responsabilité en parant au plus pressé
Qu’attend le pouvoir de Bamako pour réagir face à cette situation tristement humanitaire ?
Attend-il de voir à l’article de la mort, cet ancien poids lourd de la scène politique malienne, avant d’autoriser son évacuation ? Nourrit-il le secret et sombre désir de voir M. Maïga rejoindre son ancien mentor, IBK, dans l’autre monde ? Boubèye Maïga doit-il finir comme l’opposant congolais Guy-Brice Parfait Kolelas, seulement autorisé à quitter son pays lorsque sa vie ne tenait plus qu’à un fil et qui, hélas, rendra l’âme par la suite, juste après l’arrivée à Paris, de l’avion médicalisé venu le chercher à Brazza ? A Dieu ne plaise, si cet ancien Premier ministre venait à trépasser, l’onde de choc que provoquerait une telle disparation n’honorerait pas la junte malienne ni ne servirait son image. Pour les tenants actuels du pouvoir, ce serait une très mauvaise publicité.
En tout état de cause, seule une Justice indépendante saura faire la part des choses, dans ce qui est reproché à l’ancien étudiant du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) de l’Université de Dakar. Mais encore faut-il qu’il soit en capacités physique et morale de se défendre. L’ancien ministre de la Défense et des anciens combattants serait, du reste, prêt à dire sa part de vérité à en croire son épouse qui affirme : « Il [son mari] est lui-même extrêmement déterminé à pouvoir répondre à la Justice » et « exige le respect de ses droits ». Mais en attendant, il faudra bien trouver, dans les plus brefs délais, une solution au cas Boubèye, avant qu’il ne soit trop tard. Mais à la décharge des autorités maliennes, des personnalités politiques africaines qui avaient maille à partir avec la Justice, ont réussi à se soustraire de celle-ci, une fois hors de leur pays, après avoir donné des gages qu’elles rentreraient au bercail pour répondre des faits à elles reprochés. Quoi qu’il en soit, pour s’éviter tout cas de conscience dans l’éventualité que l’irréparable se produise, il serait préférable pour le pouvoir malien, de dégager sa responsabilité en parant au plus pressé.
Par CBS