ACCUSATIONS CONTRE L’ARMEE MALIENNE : Le Mali dans une logique d’obsession des chiffres ?
L’armée malienne est une fois de plus sur la sellette. En effet, en plus de lourdes pertes qu’elle vient de subir, elle est accusée d’avoir froidement exécuté quinze civils à Ansongo, entre Gao et Ménaka, qui ont été enterrés dans une fosse commune. Dans le même temps, d’autres sources rapportent que trois ou quatre autres personnes arrêtées dans les mêmes circonstances, auraient subi le même sort. Même si, pour l’instant, les autorités maliennes n’ont ni confirmé ni infirmé ces accusations, force est de reconnaître qu’elles portent gravement atteinte à l’image des Forces armées maliennes (FAMa). Car, peu avant, soit deux semaines plus tôt, elles étaient déjà accusées d’avoir abattu des civils mauritaniens ; toute chose qui avait fait monter la tension entre Bamako et Nouakchott. Finalement, le compromis entre les deux capitales a été la mise en place d’une commission d’enquête conjointe afin de faire la lumière sur ces événements malheureux. Et c’est dans ce contexte que surgit le drame, pour ainsi dire, d’Ansongo, impliquant de nouveau des soldats maliens. Certes, il est vrai qu’il n’y a pas de guerre propre surtout que dans le cas d’espèce, l’on a affaire à un ennemi invisible qui use de méthodes perfides. Mais à l’allure où vont les choses, les FAMa risquent de s’aliéner la sympathie de populations qui en ont finalement gros sur le cœur. C’est pourquoi il y a lieu d’ouvrir une enquête indépendante afin de situer les responsabilités sur ces drames répétitifs.
Il faut redouter qu’à l’allure où vont les choses, certaines communautés ne se sentent visées
S’il y a des fautifs, qu’ils soient sanctionnés conformément aux textes en vigueur pour que cela serve d’exemple aux autres. Mais là, on peut en douter. Car, visiblement pris à son propre piège, le président malien de la transition, Assimi Goïta, donne l’impression de marcher sur des œufs. Il travaille à éviter la moindre lézarde au sein des forces armées, qui pourrait lui être fatale. Sanctionner donc des éléments fautifs pourrait mettre à mal la cohésion au sein des troupes dont on dit d’ailleurs qu’elle n’est pas au beau fixe. Surtout dans ce contexte où la force française de Barkhane est en train de faire son paquetage, laissant derrière elle un grand vide à combler. Ceci pouvant expliquer cela, on se demande finalement si les autorités maliennes que l’on sait en froid avec l’ancienne puissance coloniale qu’est la France pour des raisons bien connues de tous, ne sont pas dans une logique d’obsession des chiffres dans le but de laisser croire qu’il y a des résultats sur le front de la lutte anti-terroriste. Si fait que l’armée, ouvrant le feu sur tout ce qui bouge, vole de bavure en bavure pour ne pas dire de victoire en victoire ; c’est selon. Cela dit, il faut redouter qu’à l’allure où vont les choses, certaines communautés qui se disaient déjà victimes de stigmatisation, ne se sentent visées avec tous les risques de radicalisation qui vont avec. Or, le Mali a tellement souffert qu’il n’a plus besoin de ça. Il a plutôt aujourd’hui besoin de l’union de tous ses fils et filles pour reprendre la place qui est la sienne dans le concert des nations.
Boundi OUOBA