PRESENTATION DE LA FEUILLE DE ROUTE DU GOUVERNEMENT DE LA TRANSITION : Place aux actes maintenant !
Le 4 avril dernier, le Premier ministre, Albert Ouédraogo, a présenté aux députés de la Transition, la feuille de route du gouvernement de la Transition. C’est un exercice normal dans le cadre d’un régime constitutionnel normal. Il permet de savoir si le chef du gouvernement bénéficie de la confiance des députés pour le déroulement de son programme. S’il n’arrive pas à convaincre les députés, l’absence de majorité qui intervient à l’issue du vote, entraîne d’office sa démission et la fin de sa mission. Dans le cas d’espèce, si la « Déclaration de politique générale » du Premier ministre a été suivie de questions, conformément à la Charte de la Transition, il n’y a pas eu de vote. De sorte qu’il peut paraître difficile d’apprécier l’adhésion des députés de la Transition. En outre, cette Déclaration intervient peu de temps après le discours à la Nation, du président du Faso le 1er avril dernier, qui a décliné les axes prioritaires de son action pour les mois à venir et au-delà. Autant d’éléments qui ôtent à la Déclaration du Premier ministre, tout intérêt particulier. Que pouvait-il dire de plus que le président ait déjà dit ? En tous les cas, place aux actes maintenant ! Les priorités actuelles du pays sont connues. Ce sont l’insécurité, le retour au bercail, des déplacés internes, la crise alimentaire et la réinsertion des éléments terroristes qui ont accepté de déposer les armes. Sur le plan sécuritaire, le président Damiba a donné rendez-vous aux Burkinabè dans cinq mois pour un premier bilan. Cependant, il n’a pas décliné les moyens à mettre en œuvre pour l’atteinte des résultats. Il en est de même pour les autres points prioritaires. Il revenait donc au Premier ministre d’être plus explicite pour rassurer les Burkinabè.
Les projets et les résolutions n’ont de sens que pour les vivants et non pour les morts
Sur le plan de la lutte contre l’insécurité, le Premier ministre a décliné quelques moyens que le gouvernement entend mettre en œuvre. Il s’agit de nouer des partenariats stratégiques et de diversifier les partenariats en profitant des atouts spécifiques de chaque partenaire. Un éventuel partenariat avec la Russie que certains Burkinabè, à l’exemple du Mali, appellent de tous leurs vœux ? Avec la Chine, la Turquie, Israël et tous les pays qui peuvent apporter leur concours ? Autant de questions légitimes qui sont pour l’instant, sans réponse. La coordination du dispositif de renseignement, le renforcement des effectifs des Forces de défense et de sécurité et le renforcement des moyens matériels pour les combattants, ont aussi été relevés. Mais de tout cela, rien de nouveau. Car ces mesures avaient déjà été prises en compte par le régime précédent. Tout dépendra alors de la volonté politique de les mettre en œuvre. Le président du Faso n’a pas exclu la voie de la négociation pour aboutir à la paix. Le Premier ministre a aussi évoqué ce point. Dans l’état actuel, qu’importent les moyens, les Burkinabè souhaitent la paix. Tous cependant ne sont pas d’accord pour des négociations avec les terroristes. Peut-on, en effet, faire confiance à des gens sans cœur, sans scrupule, sans humanité, sans foi ni loi, qui ne reculent devant aucune cruauté dans la marche pour l’atteinte de leurs objectifs indéfinissables ? S’il y a négociations, il faudrait expliquer aux Burkinabè non seulement les fondements, mais aussi les éléments pouvant faire l’objet de négociations et les contreparties éventuelles. Les Burkinabè ont besoin d’être rassurés. Les voies et moyens pour la réinsertion sociale de ceux qui accepteront de déposer les armes et de rentrer dans les rangs, n’ont pas non plus été déroulés. Sur la crise alimentaire, un plan de réponse à l’insécurité alimentaire a été annoncé, comportant, entre autres, la prise en charge nutritionnelle des enfants frappés par la malnutrition. Vivement que cela intervienne rapidement, car ceux qui ont faim n’ont pas toujours la force ni la volonté d’attendre. Ce qui est à l’ordre du jour ce n’est plus de décliner des projets, mais d’agir maintenant et vite. C’est sur ce plan que le Premier ministre et son gouvernement sont attendus. Des victimes de l’insécurité continuent de s’empiler. Or, les projets et les résolutions n’ont de sens que pour les vivants et non pour les morts.
Apolem