FETE DU TRAVAIL ET RAMADAN 2022 AU BURKINA : La vie chère comme dénominateur commun
Le 1er mai de chaque année, est célébrée la fête du travail dans le monde entier. Une journée chômée et payée au Burkina Faso où cette célébration est l’occasion par excellence pour le monde syndical, de transmettre au gouvernement, son cahier de doléances. Cette année, le 1er mai tombe sur un dimanche et comme le veut la législation en vigueur au pays des Hommes intègres, quand une fête légale tombe sur un dimanche, le lendemain lundi est férié. Hasard de calendrier ou d’alignement des astres, c’est dans la même période que les fidèles musulmans du Burkina, boucleront leurs trente jours de jeûne du Ramadan 2022 attendu pour être célébré entre le 2 ou le 3 mai 2022. C’est dire si les Burkinabè sont bien partis pour l’un de ces longs week-ends qu’ils affectionnent tant, surtout en cette fin de mois où « l’âne des fonctionnaires a pété » pour leur permettre de faire allègrement et sans crainte un tour en banque. Toute chose qui leur ouvre du même coup de bonnes perspectives pour des festivités bien arrosées.
Sur toute la ligne, c’est déjà la galère avec ce renchérissement du coût de la vie
Le hic est que tout cela intervient dans un contexte d’inflation exponentielle des prix des produits de première nécessité en lien non seulement avec la situation sécuritaire du pays, mais aussi en raison de la conjoncture mondiale liée à la guerre en Ukraine et aux conséquences du Covid-19 qui n’a pas encore dit son dernier mot. Autant dire que le dénominateur commun de ces fêtes au Burkina, est la vie chère. Et il ne serait pas étonnant que celle-ci s’invite au cahier de doléances des syndicats à l’occasion du 1er mai, même si cette fête du travail 2022 intervient dans un contexte où le front social connaît une certaine accalmie. Ce, au moment où bien des fidèles musulmans redoutent que le prix du mouton du Ramadan vienne compliquer davantage l’équation des dépenses qui doivent déjà tenir compte de l’augmentation des prix de denrées essentielles comme le riz, le sucre, l’huile, la volaille, les légumes et on en oublie. Sur toute la ligne donc, c’est déjà la galère avec ce renchérissement du coût de la vie, au moment où les salaires, déjà insuffisants des travailleurs, peinent à emprunter une courbe ascendante. De quoi renforcer les partenaires sociaux dans leurs revendications d’autant que, une fois n’est pas coutume, la fortune a bien voulu leur offrir comme principal interlocuteur au gouvernement de transition, un ancien bien connu de leur « maison commune», le ministre Bassolma Bazié qui est bien introduit des dossiers d’un combat qu’il aura longtemps porté en « général » de troupe. Cela dit, si la commémoration du 1er mai s’impose comme un symbole incontournable, il y a des raisons de croire que le faste de la fête, sera plutôt réservé au Ramadan qui a toujours été célébré au Burkina, dans la ferveur religieuse sur fond de partage intercommunautaire. Et cette année encore, malgré la canicule qui a caractérisé cette période de jeûne et le contexte difficile, il faut croire que les Burkinabè feront avec les moyens du bord pour se donner de la joie.
Il faudra aussi garder l’arme au pied et surtout redoubler de vigilance
Sur le plan de la foi et de la cohésion sociale, ce sera encore l’occasion de poser des actes allant dans le sens du renforcement du dialogue interreligieux qui a cours depuis quelques années au Burkina Faso. Dans cette optique, l’on peut s’attendre à voir, le jour de la prière, des représentants d’autres confessions religieuses venir traduire leur solidarité à la communauté musulmane. Par ces temps d’épreuves où les terroristes n’hésitent pas à passer par des chemins tortueux pour semer la division entre les Burkinabè, ce sont des actes qui peuvent valoir leur pesant… de paix et de cohésion pour faire face à l’ennemi commun. C’est le lieu de saluer l’initiative de la Ligue islamique pour la paix au Faso (LIPF) qui, pour la deuxième année consécutive, en collaboration avec l’archevêché de Ouagadougou, a organisé une cérémonie œcuménique de rupture du jeûne chez le Cardinal Philippe Ouédraogo dans la capitale burkinabè. C’était le 13 avril dernier. Une action à la forte symbolique, qui n’est rien d’autre que la confirmation de la réalité et de la solidité des fondements de la vision partagée du dialogue interreligieux au Burkina. Et qui s’inscrit dans la même ligne que la réciprocité des visites de communion des autorités religieuses, et la participation des uns et des autres aux évènements organisés par l’une ou l’autre des confessions. Gageons qu’en ces moments difficiles, les déplacés internes ne seront pas oubliés. C’est dire si le décor est planté pour une célébration dans la communion et le partage, comme savent si bien le faire les Burkinabè à l’occasion des fêtes religieuses. Reste maintenant à espérer que les forces du mal, souvent en quête de mauvaise publicité, ne viendront pas gâcher la fête par l’une de ces actions d’éclat lâches et barbares dont eux seuls ont le secret. C’est dire s’il faudra aussi garder l’arme au pied et surtout redoubler de vigilance.
« Le Pays »