LUTTE CONTRE LE TERRORISME AU BENIN : La donne changera-t-elle après le passage de Macron ?
Après son tête-à-tête avec son homologue camerounais, Paul Biya, le président français, Emmanuel Macron, était, le mercredi 27 juillet 2022, au Bénin où il a rencontré le locataire du Palais de la Marina. Si la culture a figuré au menu de ce déplacement, à travers une visite de l’exposition consacrée aux vingt-six œuvres des trésors royaux d’Abomey, restituées par Paris en avril dernier, les questions de sécurité étaient au centre des discussions entre les deux personnalités. Le président Patrice Talon pouvait-il en demander mieux, le septentrion de son pays étant en proie, depuis quelques mois, à des incursions sporadiques de groupes terroristes, qui troublent sans aucun doute son sommeil ? Pour les chiffres, il faut rappeler que depuis 2021, le Bénin a recensé une vingtaine d’attaques des groupes terroristes. Cotonou aurait déjà formulé des demandes d’appui à Paris dans sa croisade contre le terrorisme. Réaction favorable de l’Elysée qui s’est dit disposée à apporter un appui aérien, le renseignement, les équipements ainsi que davantage de formations. La concrétisation d’une telle promesse, suffira-t-elle à changer la donne sécuritaire au Bénin ? L’avenir nous le dira. Mais en attendant, la requête de Cotonou devrait réjouir et requinquer le partenaire français qui, comme on le sait, se trouve depuis un certain temps, de plus en plus en difficulté dans ses anciennes colonies, et particulièrement dans les pays du Sahel, sur fond de ressentiments anti-français prégnants.
La France n’a pas vocation à se substituer au Bénin dans sa nouvelle quête de sécurité nationale
Avec le pays du colonel Assimi Goïta où les troupes de l’opération Barkhane ont été contraintes de plier bagage, le divorce est désormais consommé. Au Bénin, la France ne devrait pas, a priori, se retrouver en milieu hostile ; Cotonou lui ayant ouvertement fait part de sa demande de soutien. Mais il faut toujours rester prudent. Quant aux Béninois qui se félicitent de la bonne disposition de l’Elysée, à accompagner leur pays, ils doivent se rendre à l’évidence que la France n’a pas vocation à se substituer au Bénin dans sa nouvelle quête de sécurité nationale. Cela relève de la souveraineté. Cela dit, la visite du président Macron en terre béninoise, intervient dans un contexte de tensions politiques qui continuent de creuser la fracture entre Béninois. Quid, en effet, des reproches de l’opposition politique à l’encontre du président Talon, accusé d’avoir fait voler en éclats, la belle vitrine de démocratie qu’affichait le pays de Gustave Gbénou Vikey? Certes, lors du séjour de quelques heures, du président français, le sort des principaux opposants incarcérés, les questions de démocratie et de droits de l’Homme n’ont pas été abordés. Mais Patrice Talon gagnerait à prendre plus sérieusement en considération les critiques de son opposition. La santé sécuritaire de son pays ne devrait pas l’autoriser à vouloir régner sur un pays divisé. Un Bénin uni, réconcilié avec lui-même, c’est la meilleure posture pour faire front commun contre le mal nouveau qui ne cesse d’endeuiller le pays. C’est dire si cette « sale » guerre ne peut être gagnée seulement par lui et ses partisans et sympathisants. Toutes les intelligences, y compris celles de son Opposition, peuvent et doivent concourir à lutter contre le mal.
« Le Pays »