MARCEL TANKOANO A PROPOS DU SOULEVEMENT POPULAIRE : « L’objectif premier n’était pas de chasser Blaise du pouvoir »
Programmée, repoussée, annulée, reprogrammée, la venue à Ouahigouya du mouvement M21 a finalement eu lieu le samedi 24 janvier 2015. Conduite par Marcel Tankoano, coordonnateur du mouvement, la mission a pendant des heures, discuté de tous les sujets avec la jeunesse de la région du Nord. Le mouvement a également installé Boureima Ouédraogo comme répondant régional du M21. La salle était archicomble et l’assistance bigarrée pour la circonstance. D’entrée de jeu, Marcel Tankoano a fait la genèse de l’insurrection populaire des 30 et 31 décembre 2014, soulignant que l’objectif premier n’était pas de chasser Blaise Compaoré du pouvoir. Selon lui, le M21 a été au centre de la chute du régime Compaoré. Rappelant au public qu’il a perdu son boulot à la RTB à cause de la création de son mouvement, Marcel Tankoano n’a pas été tendre avec les anciens dirigeants de ce média public. Aussi a-t-il souligné que son départ de la RTB a été fait d’une façon cavalière. Dans son long exposé, le patron du M21 a retracé la journée mouvementée du 31 octobre révélant qu’il a par humanisme, aidé certains responsables de la télévision nationale à fuir pour éviter la mort. Par contre, il s’inscrit en faux contre les allégations selon lesquelles il aurait porté la main sur l’ex-directeur de la TNB, Alfred Nikiéma. A l’entendre, le M21 a devancé toute la foule dans la cour de la Télé et c’est lui Marcel Tankoano qui a personnellement alerté les responsables des lieux à les déserter au risque de se faire lyncher par les manifestants. Le leader charismatique du M21, tout en déplorant la mort de certains de ses camarades de lutte, dit avoir lui-même frôlé la mort. Des menaces, en passant par son coma profond, le responsable du M21 a avoué que son moral en a pris un coup. En tout cas, la cérémonie qui était axée sur l’installation du répondant provincial s’est transformée en une rencontre de révélations pas de conférence de presse, ni conférence publique encore moins une cérémonie d’installation. La parole est donnée à la presse, puis au public pour des questions.
Massés en grand nombre dans la salle, les participants n’ont pas caressé le M21 et son patron dans le sens du poil. C’est ainsi qu’un intervenant, le fixant tout droit dans les yeux, a trouvé Marcel Tankoano populiste et à la limite non humble. L’écrasante majorité des intervenants a jugé que le M21 veut faire de cette révolution la sienne, oubliant que d’autres mouvements ont payé le sacrifice suprême avant lui. Le public a voulu également connaître les sources de financement de cette organisation.
Comme réponse, le dirigeant du M21 a dit que son mouvement, en toute honnêteté, ne bénéficie pas d’un soutien politique. Quant au manque d’humilité du mouvement, M. Tankoano a signifié qu’il reconnaît que d’autres mouvements ont aussi mené le combat. Seulement, il tenait à exprimer de vive voix ce qu’il a vécu, ce qu’il a ressenti au cours de ce soulèvement populaire. Les intervenants n’ont pas manqué de souligner que le M21 semble faire des éloges à la transition, position plus ou moins modérée qui, à leurs yeux, discrédite le mouvement. Pas du tout, ont répondu Marcel Tankoano et ses lieutenants, qui ont soutenu qu’il faut accompagner la transition dont la mission est claire : se pencher sur les dossiers pendants et organiser des élections. Dernier acte : l’installation de Boureima Ouédraogo comme répondant provincial du M21 au Yatenga. C’est un bureau de 4 membres chargé de mener à bien les activités du mouvement à Ouahigouya qui a été installé.
Hamed NABALMA